ROME (Reuters) - Le gouvernement italien a cherché à convaincre les syndicats d'Alitalia qu'un rachat par Air France-KLM était le seul espoir de survie de la compagnie aérienne, en faisant valoir qu'il restait une dernière chance de parvenir à un accord.

Alors que les représentants des syndicats et du gouvernement étaient réunis dans les bureaux de la présidence du Conseil, quelque 500 salariés d'Alitalia manifestaient juste à côté, devant le Parlement.

Air France a quitté la table des négociations la semaine dernière, face à l'opposition des syndicats qui refusaient les suppressions d'emplois induites par un rapprochement entre les deux compagnies aériennes, indiquant qu'un sauvetage d'Alitalia était désormais du ressort des représentants du personnel et du gouvernement.

L'Etat italien détient 49,9% du capital d'Alitalia.

A quelques jours des élections législatives anticipées, le gouvernement de Romano Prodi tente de ressusciter l'accord enterré la semaine dernière.

"Le travail réalisé ces derniers jours vise à créer une deuxième chance", a déclaré Enrico Letta, secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil.

"Nous sommes toutefois convaincus qu'il n'y aura pas de troisième chance", a-t-il poursuivi.

Selon une source présente lors des discussions, le gouvernement italien présentera la semaine prochaine un plan à Air France-KLM afin de persuader la compagnie de revenir à la table des négociations.

Letta a ensuite fait savoir par un communiqué que le mot "persuader" n'avait pas été employé, sans démentir l'éventualité d'une initiative gouvernementale.

Il a précisé que tout accord serait réalisé sur la base des conditions posées par la compagnie franco-néerlandaise avant qu'elle ne suspende les pourparlers.

PAS DE CREDIT RELAIS

Alessandro Bianchi, ministre italien des Transports, a annoncé jeudi après-midi que les syndicats avaient accepté de trouver un moyen de conclure un accord avec Air France, mais il n'a pas donné plus de détails.

Il avait auparavant prévenu les syndicats d'Alitalia que la compagnie aérienne n'obtiendrait pas le crédit relais dont elle a besoin pour survivre dans les mois qui viennent en l'absence d'accord de reprise avec Air France-KLM.

Les liquidités d'Alitalia ne lui permettent plus d'espérer survivre au delà du très court terme.

Le principal syndicat d'Alitalia a tempéré les propos optimistes des membres du gouvernement.

"Laisser entendre qu'un accord est en vue, alors que tel n'est pas le cas, n'est pas très sage", a commenté Fabrizio Solari, secrétaire général de la Filt-Cgil.

Les salariés qui manifestaient devant le parlement ne semblaient pas non plus enclins à signer un accord. "Faites-vous partie du gouvernement italien ou du gouvernement français ?", pouvait-on lire sur leurs banderoles à l'adresse du ministre des Finances, Tommaso Padoa-Schioppa.

Un ingénieur informaticien romain, s'exprimant sous condition d'anonymat, a expliqué qu'il craignait pour l'emploi et qu'il appréhendait des transferts d'activité vers la France représentant un total de 5.000 postes.

Mais l'unité syndicale se lézarde peu à peu, et des salariés ont formé des groupes en faveur du rapprochement avec Air France. Certains ont déjà rendu leur carte, selon la presse italienne.

Une hôtesse de l'air, vêtue de l'uniforme vert et bleu de la compagnie italienne, explique qu'elle est en faveur de l'offre d'Air France-KLM en l'absence d'autre solution.

"Bien sûr, j'ai peur pour mon emploi, mais il n'y a pas d'alternative, alors il faut signer l'accord", estime cette jeune femme de 34 ans, qui n'a pas voulu révéler son identité.

Alberto Sisto, version française Benoit Van Overstraeten et Nicolas Delame

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