(BFM Bourse) - Le groupe de transport aérien franco-néerlandais a indiqué viser une marge d'exploitation de plus de 8% pour la période 2026-2028. Son cours de Bourse évolue en nette hausse à la Bourse de Paris.

Tenir une journée dédiée aux investisseurs est toujours un exercice délicat. Les entreprises cotées en profitent presque toujours pour dévoiler leurs objectifs à moyen terme (ou les confirmer). Des cibles trop basses déçoivent le marché tandis que des perspectives trop ambitieuses peuvent être jugées peu crédibles. Air France-KLM en sait quelque chose: à l'automne 2019, lors de la première journée investisseurs tenue sous la direction de Ben Smith, l'action de la société franco-néerlandaise avait perdu 5,7%, malgré des cibles satisfaisantes sur le papier.

Mais cette fois, le groupe issu de la fusion entre Air France et KLM semble tenir le bon bout. L'action Air France-KLM s'adjuge 8% vers 12h10, signant l'une des plus fortes hausses du SBF 120.

Certes, l'ensemble du marché est tiré par les annonces jugées accommodantes de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le SBF 120 progresse ainsi de 1,6%. Toutefois, Air France-KLM monte bien plus que les autres groupes de son secteur puisque l'allemand Lufthansa gagne 3% et IAG, la maison-mère de British Airways et Iberia, avance de 3,8%.

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Les analystes pris de court

Ce qui montre que le groupe a livré des perspectives appréciées par les investisseurs, en amont de sa réunion avec le marché (qui débutera à 14h).

Le groupe aérien a confirmé ses cibles pour la période 2024-2026, tablant sur une marge opérationnelle située entre 7% et 8% de ses revenus, contre 7,8% sur les neuf premiers mois de 2023 et 4,5% sur l'ensemble de 2019. Le groupe reste pour l'heure à distance par ses rivaux Lufthansa et IAG , qui affichent des rentabilité de 8,5% et 13,5% respectivement sur les neuf premiers mois de 2023 (et on ne parle même pas de Ryanair dont la marge opérationnelle dépasse les 20% sur le dernier exercice publié).

Mais surtout, Air France-KLM a dévoilé ses ambitions pour la suite, la période allant de 2026 à 2028.

Au niveau du résultat opérationnel, le groupe compte ajouter plus de 2 milliards d'euros de bénéfice d'ici à 2028, sachant que ce résultat a atteint 1,79 milliard d'euros sur les neuf premiers mois de 2023. La marge correspondante, elle, sera supérieure à 8% sur l'ensemble de la période.

"La marge supérieure à 8% attendue sur la période 2026-2028 est globalement en ligne avec les attentes du consensus. Cependant, c'est la valeur absolue qui surprend positivement : le groupe compte améliorer de 2 milliards d'euros son résultat d'exploitation au cours des cinq prochaines années, c'est plus qu'attendu. Cela veut dire que les revenus bien margés vont progresser davantage qu'anticipé par les analystes", explique Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.

Les agences notent désormais Air France-KLM

La société compte par ailleurs dégager un flux de trésorerie opérationnel "significativement" positif, réduire son coût unitaire, mais aussi bénéficier d'une note de crédit en "investment grade", c'est-à-dire en catégorie non spéculative, auprès des agences de notation. Or justement, le groupe de transport aérien, qui n'était jusqu'à aujourd'hui noté par aucune agence, a annoncé ce jeudi que S&P et Fitch lui attribuaient désormais une note.

S&P Global ratings attribue le grade "BB+" avec une perspective stable, soit le tout dernier cran avant "l'investment grade". Mieux, Fitch est à "BBB-" avec une perspective stable, la première note dans cette catégorie "investment grade".

"Grâce aux objectifs encourageants pour 2026-28, mais aussi" aux notations reçues par Fitch et de S&P, "nous nous attendons à une réaction positive de l'action, mais pas de changements majeurs dans nos estimations, largement en ligne", a expliqué l'analyste du bureau d'études indépendant AlphaValue, Yi Zhong, dans une note publiée ce matin.

Pour parvenir à ces objectifs, Air France-KLM actionnera des leviers assez nombreux. Le groupe va par exemple continuer de rationaliser ses flottes d'avion, passant de onze familles chez Air France à cinq ou six en 2030 et de 6 à 5 chez KLM. Le groupe compte sur le modèle économique de sa low-cost Transavia pour capter au maximum la demande d'Orly, où l'essentiel des vols se concentre sur le point à point (par opposition vol de transit). Le groupe restera à l'affut d'acquisition pour dégager des synergies et optimiser ses coûts. Si la société n'a pas explicitement cité de cible, Benjamin Smith a déjà évoqué l'intérêt de son groupe pour le portugais TAP, dont le réseau en Amérique latine se marierait bien avec celui d'Air France-KLM.

Le groupe de transport entend également renforcer ses alliances, maximiser la satisfaction et la fidélisation de ses clients, positionner sa division cargo comme "leader du fret aérien durable" et "consolider la position de l'activité ingénierie et maintenance".

La société compte par ailleurs accroître la contribution de son programme de fidélité Flying Blue via les revenus des partenaires versés dans le cadre de ce programme. En 2022, ces recettes se sont élevées à 371 millions d'euros et la société entend les faire passer à environ 600 millions d'euros en 2028.