(BFM Bourse) - Le groupe aérien franco-néerlandais a déclaré vendredi 4 juillet entamer un processus visant à être l'actionnaire majoritaire dans la compagnie scandinave SAS, dans laquelle il a déjà pris une participation minoritaire l'an passé. Air France-KLM compte aussi peser dans la course à la consolidation du secteur en Europe.

Air France-KLM met encore plus le cap au Nord de l'Europe. La compagnie aérienne franco-néerlandaise qui détient à ce jour un peu moins de 20% du capital du scandinave SAS, entend peser beaucoup plus dans le tour de table de son partenaire commercial.

Air France-KLM a indiqué ce vendredi 4 juillet entamer un processus visant à porter sa participation à 60,5% du capital de SAS et donc à en devenir l'actionnaire majoritaire. Pour ce faire, il va se porter acquéreur de l'intégralité des parts détenues par Castlelake et Lind Invest.

"L’acquisition de cette participation majoritaire permettrait à Air France-KLM de prendre le contrôle de SAS, qui deviendrait alors une filiale du groupe", explique la compagnie aérienne franco-néerlandaise. Elle ajoute que l’État danois conserverait sa participation de 26,4 % ainsi que ses sièges au sein du Conseil d’administration de SAS, quand Air France-KLM détiendrait la majorité de ces mêmes sièges.

Il ambitionne de boucler cette opération au second semestre 2026, celle-ci étant conditionnée à l’obtention des autorisations réglementaires requises. "Cette nouvelle étape permettrait à Air France-KLM et SAS d’exploiter pleinement leur potentiel de synergies grâce à une intégration dans l’ensemble des domaines d’activité, y compris les programmes de fidélité, et au-delà des seules fonctions commerciales", a aussi détaillé la société.

Si le souhait d'Air France-KLM de se renforcer dans SAS est bien claire, le prix qu'il devra débourser pour mener cette opération reste encore à déterminer. La valeur de l’investissement envisagé par Air France-KLM dépendra des dernières performances financières de SAS. La compagnie aérienne franco-néerlandaise se basera sur l'EBITDA (résultat brut d'exploitation) et la dette nette de SAS au moment de la finalisation de l’opération.

Cités par Reuters, les analystes de JPMorgan ont affiché leur optimisme sur cet accord. "SAS offre un accès plus profond à une région riche en PIB en Scandinavie, il y aura maintenant une opportunité de dégager des synergies de coûts puisque SAS devient une filiale du groupe", expliquent-ils dans une note.

Une initiative logique

Cette initiative est somme toute logique dans la mesure où le contrat signé entre les deux compagnies l'an passé incluait la possibilité pour Air-France KLM d'augmenter sa participation de manière à devenir un actionnaire de contrôle après un minimum de deux ans et sous certaines conditions.

Il faut dire que SAS présente un visage radicalement différent d'il y a quelques années. D'une entreprise qui s'était placée en juillet 2022 sous la protection de la loi américaine sur les faillites, SAS affiche désormais d'excellentes performances au prix d'un un spectaculaire redressement.

"SAS affiche d’excellentes performances à la suite de sa restructuration réussie, et nous sommes convaincus que son potentiel continuera de croître grâce à une intégration plus poussée au sein du groupe", a déclaré Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM. Tout comme Air France-KLM dont l'action était jugée "non investissable" par plusieurs analystes.

Une consolidation du marché en Europe

Cette décision confirme aussi ce que Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM, a déclaré à Reuters en mars dernier. Il a indiqué à l'agence de presse financière que la compagnie envisageait d'augmenter sa participation dans SAS, si le transporteur franchissait les étapes nécessaires, notamment l'intégration dans l'alliance aérienne SkyTeam, dont Air France-KLM est également membre.

Le pilote d'Air France-KLM a aussi affirmé et répété à plusieurs reprises que son entreprise jouera un rôle actif dans la consolidation du marché en Europe, et tenir la dragée haute à ses rivaux IAG, la maison-mère de British Airways, et l'Allemand Lufthansa. Pour grossir encore plus, le groupe aérien franco-britannique lorgne toujours sur la compagnie portugaise TAP, dont la privatisation a été lancée en septembre 2023 par Lisbonne. Benjamin Smith a souligné par le passé la complémentarité du réseau de la compagnie portugaise en Amérique du Sud avec celui d'Air France-KLM.

"La consolidation de l'industrie devrait également être considérée comme positive pour l'ensemble du secteur, même si elle ne change pas la donne en termes de taille", ajoute JPMorgan.

Sur le front opérationnel, le groupe de transport aérien a confirmé ses objectifs pour l'année en cours après avoir dégagé des résultats globalement supérieurs au consensus au premier trimestre.

Air France-KLM compte, en 2025, augmenter de 4% à 5% ses capacités (c'est-à-dire son nombre de vols) en siège kilomètres offerts et limiter la hausse de ses coûts unitaires à "un chiffre bas" par rapport à l'an passé. La société entend par ailleurs conserver un ratio de dette nette rapportée à l'Ebitda compris entre 1,5 et 2.

A la Bourse de Paris, les dernières annonces d'Air France-KLM laissent en tout cas le marché de marbre. Le titre de la compagnie aérienne pointe en légère baisse de 0,20% à 9,87 euros, ce vendredi 4 juillet vers 10h30.