(BFM Bourse) - La banque a abaissé son conseil sur le groupe de transport aérien franco-néerlandais à "vendre", ce jeudi 27 mars.

Entre les multiples menaces de droits de douane de Donald Trump, la persistance des conflits géopolitiques et les risques de récession, le secteur aérien voit poindre de nombreux vents contraires.

C'est en somme le message qu'a fait passer Deutsche Bank dans une note publiée ce jeudi 27 mars et dédiée au secteur du transport européen (aéroports, compagnies aériennes).

"Nous sommes confrontés à des niveaux d'incertitude plus élevés que d'habitude sur les marchés, au niveau géopolitique et macroéconomique, et nous pensons que cela pourrait rester le cas dans un avenir prévisible", prévient Deutsche Bank.

"Bien que les signaux restent mitigés, nous estimons que les risques à court terme pour le PIB des États-Unis et de l'Europe sont orientés à la baisse", poursuit la banque. Or "les bénéfices des sociétés européennes de transport sont influencés par le PIB et il n'est donc pas surprenant que nous ayons dû revoir à la baisse les prévisions d'un certain nombre de nos sociétés", poursuit-elle.

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L'action qui baisse

Dans ce contexte, la banque allemande a procédé à plusieurs changements de recommandations, notamment sur Air France-KLM.

L'établissement est ainsi passé à "vendre" contre "conserver" précédemment tout en maintenant son objectif de cours à 8,5 euros. Soit 12% de moins que le cours de clôture affiché par l'action de la société mercredi soir.

À la Bourse de Paris, l'action Air France-KLM abandonne 4,6% vers 16h10, plombée par ce changement de conseil. Elle accuse même l'une des plus fortes baisses de l'indice SBF 120, la deuxième hors automobile.

Deutsche Bank rappelle que le groupe de transport aérien franco-néerlandais avait surpris le marché en publiant, au début du mois, des résultats trimestriels supérieurs aux attentes mais aussi en dévoilant des perspectives bien meilleures qu'anticipé par les analystes.

Air France-KLM avait annoncé notamment viser au moins 300 millions d'euros d'amélioration de son résultat d'exploitation pour 2025. Ce qui portait cet indicateur à au moins 1,9 milliard d'euros. Or selon Morgan Stanley, les attentes étaient logées à 1,69 milliard d'euros pour 2025. L'action avait gagné 33%, la plus forte progression sur une seule séance de son histoire.

"2025 était censée être une année de progrès", rappelle Deutsche Bank. Mais la banque allemande redoute qu'Air France-KLM soit rattrapé par la dégradation de la conjoncture. Citant des données de Bloomberg, Deutsche Bank remarque que la probabilité d'une récession en France est passée de 25% à 57,5%.

UBS dégrade également

"Si l'on considère à côté de ceci que 63% des capacités (pour simplifier le nombre de vols offerts, NDLR) d'Air France-KLM en 2024 concernait la France, que la demande transatlantique risque d'être plus faible du côté américain compte tenu du récent ralentissement du marché intérieur, et en prenant en compte la croissance relativement élevée de la capacité prévue de 3% à 4% entre les États-Unis et la France/les Pays-Bas cet été, nous craignons que les pressions économiques ne freinent les progrès d'Air France-KLM", développe l'établissement allemand.

Si les risques macroéconomiques pénaliseront l'ensemble des groupes aériens, la sensibilité d'Air France-KLM a à la conjoncture est plus forte que celle de ses concurrents (Lufthansa, IAG) car ses marges sont plus faibles et surtout son endettement est plus élevé, explique Deutsche Bank.

"Toutes choses étant égales par ailleurs, une réduction de 3% de notre hypothèse de revenus par siège-kilomètre offert pour 2026 se traduirait par une réduction d'environ 75% du bénéfice par action (d'Air France-KLM), contre environ 20% pour Ryanair et IAG, et environ 35-50% pour les autres compagnies comparables", illustre Deutsche Bank.

À noter que, mardi, UBS avait de son côté abaissé son conseil à "neutre" contre "acheter" précédemment, jugeant que le titre ne présentait plus de potentiel.