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ADP

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Adp : Le risque régulatoire, épée de Damoclès pour ADP, revient hanter la Bourse après un refus de hausse des tarifs, l'action de l'exploitant plonge de 10%

Aujourd'hui à 11:59
ADP chute en Bourse

(BFM Bourse) - L'exploitant aéroportuaire a vu sa proposition de hausse des tarifs être refusée par le régulateur français pour la période 2026-2027. Au-delà de ces augmentations, le marché redoute un dialogue tendu pour l'approbation du contrat de régulation économique proposé par l'entreprise, un document vital pour la société.

Aéroports de Paris (ADP) repasse en zone de turbulences à la Bourse de Paris. Ce jeudi 18 décembre, l'exploitant des aéroports parisiens (Charles de Gaulle, Orly, Le Bourget) chute de 9,5% vers 12h15, accusant la plus forte baisse du SBF 120, le deuxième grand indice de la place de Paris.

Ce plongeon est provoqué par l'annonce du groupe livrée mercredi soir après la clôture du marché. L'exploitant aéroportuaire a annoncé que l'Autorité de régulation des transports (ART) avait refusé d'homologuer sa proposition de hausse des redevances tarifaires pour la période 2026-2027 (du 1er avril prochain an 31 mars 2027). ADP demandait une augmentation de 1,5% de ces redevances.

En 2024, les redevances ont représenté environ 1,5 milliard d'euros (dont 1,24 milliard de redevances aéronautiques), soit un quart des revenus totaux d'ADP et 36% du chiffre d'affaires réalisé en France.

"Groupe ADP élabore actuellement une nouvelle proposition de redevances aéroportuaires et la soumettra au régulateur dans un délai d'un mois, comme prévu par la législation applicable, c'est-à-dire au plus tard le 16 janvier 2026", a indiqué le groupe dans un communiqué. Une fois cette nouvelle proposition tarifaire soumise, l'ART disposera d'un mois pour rendre une nouvelle décision.

"En l'absence d'approbation, les tarifs en vigueur depuis le 1er avril 2025 resteront applicables", précise ADP.

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Ce "CRE" sur quoi tout repose

Le plongeon de l'action du groupe aéroportuaire s'explique par les craintes qu'ont les investisseurs non pas sur les hausses de redevances pour 2026-2027 mais sur le moyen terme. Et, surtout, sur l'approbation du nouveau contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2027-2034, soit huit années.

Ce grand cahier des charges définit sur le périmètre régulé des aéroports (pour simplifier, les activités hors immobilier, services et boutiques) les investissements que doit réaliser la société et l'évolution des redevances aéroportuaires, sur la base des prévisions de trafic.

Un taux de rentabilité, appelé coût moyen pondéré du capital (CMPC), est déterminé pour garantir que les investissements de la société soient rémunérés équitablement, via donc les hausses des redevances que les compagnies aériennes acquittent à ADP. Ce CMPC a énormément d'importance auprès des investisseurs.

La semaine dernière, ADP a présenté ses propositions pour le CRE 2027-2034, le premier depuis bien longtemps. En raison de la pandémie de coronavirus, le CRE 2021-2025 n'avait pu être établi.

Le groupe a proposé un certain nombre d'engagements et de paramètres dans le cadre ce CRE. L'entreprise compte investir jusqu'à 8,4 milliards d'euros sur huit ans, afin d'accueillir jusqu'à 18 millions de passagers supplémentaires.

ADP entend surtout augmenter ses redevances en retenant une évolution moyenne sur la période égale à l'inflation annuelle (l'indice des prix à la consommation harmonisés) augmentée de 2,6 points de pourcentage. Et, in fine, le coût moyen pondéré du capital s'établissait à 5,9% en moyenne sur la période, un chiffre supérieur au consensus (la prévision moyenne des analystes), situé entre 5,5% et 5,6%.

En raison notamment du CMPC annoncé par ADP, les propositions du groupe avaient été bien accueillies par la Bourse. L'action avait gagné près de 4% dans la foulée de ces annonces.

Bras de fer en vue

Problème: les propositions de CRE d'ADP vont désormais être discutées avec les parties prenantes. Ce qui inclut l'État, les compagnies aériennes et surtout le régulateur, c'est-à-dire l'ART. Ce dialogue aboutit généralement à une validation du contrat de régulation un après sa présentation (soit donc fin 2026 dans le cas présent).

Au vu du refus de l'ART d'approuver les hausses tarifaires pour 2026-2027, le marché redoute en conséquence une âpre bataille autour de CRE 2027-2034.

"C'est précisément ainsi qu'il faut interpréter la réaction du marché aujourd'hui. Le problème central est que toute la stratégie d'investissement de 8,4 milliards d'euros sur 8 ans d'ADP dépend de l'approbation par les autorités réglementaires d'augmentations annuelles de redevances nettement plus élevées", explique Egon Sonin, analyste chez le bureau indépendant Alphavalue.

"En rejetant une légère hausse aujourd'hui, l'autorité réglementaire a signalé qu'elle serait un négociateur coriace, jetant immédiatement le doute sur la capacité d'ADP à obtenir les conditions financières dont elle a besoin pour rentabiliser son grand projet. Le marché fait le lien entre ces éléments en temps réel", avance-t-il.

Pour donner un ordre d'idée, le CMPC soumis par la société pour la période 2026-2027 s'élève à 4,95%, là où l'ART retient un taux de 4,3%, selon l'avis rendu par l'Autorité.

"Il est important de noter que la direction d'ADP a déclaré lors de la présentation du CRE le 11 décembre qu'elle ne poursuivrait pas cet investissement transformateur si elle n'obtenait pas un accord réglementaire 'équitable'", rappelle l'analyste.

"Par conséquent, l'actualité d'aujourd'hui a contraint les investisseurs à anticiper deux scénarios défavorables: soit une longue bataille controversée aboutit à une version édulcorée et moins rentable du projet, soit l'entreprise met sa menace à exécution et annule complètement son projet de croissance. La forte correction reflète l'incertitude croissante que les investisseurs n'apprécient guère", conclut Egon Sonin.

Oddo BHF dégrade la valeur

Illustration de l'impact du rejet de l'ART, Oddo BHF a abaissé son conseil sur l'action ADP à "sous-performance", équivalent de "vendre"

"Notre compréhension actuelle est que la nouvelle proposition de CRE dévoilée la semaine dernière par ADP pour la période 2027-2034 est basée sur des hypothèses similaires à celles utilisées pour la demande de tarif 2026 (c'est-à-dire le calcul de la méthodologie du CMPC et le système d'allocation des coûts)", explique Oddo BHF.

"À la lumière des arguments exposés par le régulateur dans cette décision (qui, à notre avis, est assez sévère malgré une tentative de reconnaître les progrès réalisés par ADP), nous pensons qu'il est très peu probable que la proposition actuelle (sur le CRE, NDLR) soit approuvée en l'état", ajoute le bureau d'études.

Le CMPC de 5,9% demandé par ADP a de bonnes chances d'être "questionné" et il semble "peu probable" qu'il soit validé, ajoute Oddo BHF.

"Plus généralement, nous pensons que cette position réglementaire stricte souligne une fois de plus la raison fondamentale qui sous-tend notre opinion prudente sur l'action, à savoir l'incertitude réglementaire et politique élevée qui entoure ADP", conclut le bureau d'études.

Même constat du côté d'UBS. "Bien que les implications sur les estimations pour 2026 soient marginales, nous considérons cette décision comme clairement négative, car elle laisse planer une incertitude sur l'évolution à moyen terme des tarifs et des bénéfices à Paris", résume la banque suisse.

Pour rappel, au début de 2020, ADP s'était brouillé avec le régulateur sur le CMPC. Lors de l'élaboration du CRE 2021-2025, qui n'était donc pas allée au bout, l'entreprise avait fait l'hypothèse d'un taux de 5,6% quand l'autorité avait retenu dans son avis un taux compris entre 2 et 4,1%.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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