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Marché : Pourquoi il faut être (très) prudent après qu'une action a chuté de plus de 10% sur une séance

samedi 5 avril 2025 à 07h00
Les baisses violentes se sont multipliées ces dernières années

(BFM Bourse) - Les fortes chutes en Bourse incitent parfois à se positionner sur un titre, les investisseurs jugeant qu'il existe un point d'entrée. Mais ces baisses très prononcées peuvent être annonciatrices de difficultés structurelles pour la société en question.

Faut-il racheter une action, lorsque celle-ci a connu un important plongeon sur une seul séance? L'adage boursier – qui ne constitue pas pour autant une règle d'airain – veut qu' "on ne rattrape pas un couteau qui tombe".

Pourtant, une forte baisse peut évidemment constituer un point d'entrée, incitant les investisseurs à se positionner sur l'action. Notamment les petits porteurs.

En novembre, l'Autorité des marchés financiers (AMF) avait publié une étude très instructive sur les violents décrochages boursiers survenus sur le CAC 40, examinant les chutes de plus de 10% sur une séance.

Elle constatait que les boursicoteurs avait tendance à acheter un titre lorsqu'il dévissait. "On observe qu’au moment des décrochages boursiers de 2023, les sociétés de gestion ont adopté une position nettement vendeuse, tandis que les investisseurs particuliers étaient globalement acheteurs pendant la chute des titres", écrivait l'autorité. "En moyenne, par rapport aux montants quotidiens traités pendant les 15 jours précédant le décrochage, les montants totaux échangés par les retails (les particuliers, NDLR) doublent le jour du choc", notait-elle également.

Des récents exemples peu engageants

L'autorité nuançait toutefois ce constat en remarquant que ces investisseurs particuliers avaient ensuite des réactions partagées lors des quinze jours suivant le dérochage, conservant leurs positions dans certains cas tandis qu'ils basculaient à la vente dans d'autres cas.

Plusieurs exemples récents sur le CAC 40 incitent, en tout cas, à la prudence sur l'attitude à adopter après des chutes de plus de 10%. En mars 2024, Kering a vu son action dévisser de 11,9% sur une séance après un avertissement sur les ventes de Gucci. Le titre était tombé à 375,20 euros. Il évolue actuellement autour de 230 euros et a donc perdu encore près de 40%.

Stellantis avait perdu 10,1% sur la séance du 30 avril 2024. La directrice financière (qui a ensuite quitté l'entreprise) Natalie Knight avait alors prévenu les analystes que le groupe connaîtrait une forte baisse de sa marge opérationnelle courante au premier semestre et avait indiqué que le marché européen était difficile.

L'action avait clôturé à 20,88 euros. Elle vaut désormais 12,45 euros (-40,4%). Le constructeur automobile a ensuite enchaîné les revers, avec notamment un lourd avertissement sur résultats à l'automne, qui a fini par aboutir au départ du directeur général, Carlos Tavares.

Enfin Edenred avait plongé de 13,5%, fin juillet, après la publication de ses résultats semestriels tombant à 36,29 euros. Le marché s'inquiétait alors d'un ralentissement de sa croissance pourtant élevée. Le titre a continué de souffrir par la suite.

L'action a dévissé de 14,7% sur la seule séance du 24 octobre, après la publication de son activité du troisième trimestre. L'entreprise avait alors déçu sur sa croissance et prévenu d'un risque réglementaire en Italie. L'action vaut actuellement 31 euros environ.

Un révélateur

Évidemment, il faut garder à l'esprit que les performances passées ne préjugent pas de celles futures. Et que les contre-exemples peuvent exister, surtout si la performance est appréciée à moyen terme.

Siemens Energy, ex-filiale de Siemens spécialisée dans l'énergie, avait plongé de 37,3% sur une seule séance le 23 juin 2023 en raison de défaillances sur des composants d'éoliennes qui l'avaient contraint à abandonner son objectif de rentabilité annuel. Or, l'an passé, le groupe allemand a signé la meilleure performance du Stoxx Europe 600, avec un bond gigantesque de 320%. Depuis la chute de juin 2023, son cours a été multiplié par trois.

Plus proche de nous, Sanofi avait décroché de près de 19% sur une séance en octobre 2023, tombant à 81,4 euros. Le titre a depuis refait une bonne partie de ses pertes, évoluant actuellement à 96 euros.

Quant à Kering, Stellantis et Edenred leurs contre-performances boursières de 2024 n'empêchent pas certains analystes d'être à l'achat sur le dossier, ce qui est le cas, par exemple, de Deutsche Bank pour le premier, et de Bank of America pour le second. Il convient dans tous les cas de bien analyser chaque dossier et de faire preuve de vigilance.

Marc Giraud, gérant et co-fondateur chez HMG Finance appelle à la méfiance, dans un contexte où les décrochages boursiers se multiplient.

"Depuis 10 ans il y a une forte augmentation du phénomène de baisses de plus de 10% sur une seule journée" sur le CAC 40, a rappelé l'expert de marché sur BFM Bourse, le 8 janvier dernier. L'expert a noté que 9 groupes du CAC 40 ont accusé une chute d'une telle ampleur en 2023, contre 3 valeurs par an en moyenne entre 2013 et 2018.

"Je crois qu'une baisse de plus de 10% agit souvent comme un révélateur de problèmes plus graves qui vont se manifester, se distiller de manière plus grave au fil du temps", a conclu le gérant.

Dans son étude, l'AMF notait, de son côté, que les violentes chutes n'étaient pas suivies de rebonds sur le court terme (dix jours après la chute). "Les variations importantes à la baisse en France postérieures à 2018 sont marquées par une absence de réversion des prix dans les jours qui suivent le décrochage", écrivait l'autorité. Pire, "dans le cas des années 2018, 2019, 2022 et 2023, les prix post-décrochage semblent être installés pour durer", soulignait-elle en novembre.

Sur l'année 2023, l'AMF observait qu'une seule valeur (STMicroelectronics) sur huit avait vu son cours revenir à un prix égal ou supérieur à celui précédent le décrochage de plus de 10% sur une période de 40 jours après la chute. L'autorité suggérait que les vendeurs à découvert pouvaient intervenir après une chute, et favoriser ainsi la persistance de la baisse des titres concernés sur le moyen terme.

L'AMF soulignait au passage que la multiplication des violentes corrections observées sur le CAC 40 n'étaient pas propres à la place parisienne. Ce phénomène s'observe aussi en Europe (notamment sur le Dax) ainsi qu'aux États-Unis.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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