(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a, chose rare, livré une croissance assez nettement inférieure aux attentes. La société a par ailleurs donné des informations sur le risque réglementaire en Italie.
En un rien de temps, Edenred est passée du statut de valeur adorée du marché à celui de mal-aimée.
Les investisseurs ont récemment pris en grippe l'ex-filiale d'Accor, inquiets du risque politico-réglementaire en France (un rapport de la Cour des comptes a récemment pointé les avantages fiscaux sur les titres restaurants et chèques cadeaux) et en Italie, où le groupe fait l'objet d'une enquête sur des appels d'offres public lancé en 2019. L'action perd ainsi plus de 40% depuis le début de l'année.
Le marché est devenu très dur avec le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail. Après ses résultats du premier semestre, Edenred avait déjà chuté en Bourse, le marché sanctionnant un ralentissement séquentiel (d'un trimestre à l'autre) de la croissance pourtant vigoureuse.
Edenred se retrouve ainsi dans une situation inconfortable où le droit à la déception ne lui est pas autorisé.
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La politique pèse en France
C'est, malheureusement pour ses actionnaires, ce qui s'est produit au troisième trimestre. De juillet à fin septembre, Edenred a dégagé des revenus de 682 millions d'euros, en progression de 11,5% en données comparables. Or, selon Oddo BHF, le consensus attendait des revenus de 695 millions d'euros.
La croissance a été particulièrement portée par les "autres revenus", c'est-à-dire l'argent que génère la société à court terme en plaçant l'argent des titres de services prépayés émis par les employeurs mais pas encore consommés par les salariés. Ces revenus ont augmenté de 18% en données comparables, malgré des baisses de taux au Brésil et en zone euro.
Le chiffre d'affaires opérationnel a lui continué de décélérer, avec une croissance de 10,8% en données comparables au troisième trimestre. C'est nettement moins que le consensus qui tablait sur une progression de 12,2% en données organiques, toujours selon Oddo BHF.
L'activité a été particulièrement pénalisée par l'Europe où ces revenus opérationnels ont augmenté de 6,7% en données comparables après 8,8% en deuxième. La France a notamment connu un important coup de frein, la croissance tombant à 4,4% après 7,4% le trimestre précédent. La société a évoqué un "contexte politique incertain entraînant un ralentissement dans la prise de décision de certains prospects, notamment dans le segment des PME".
A l'issue de ce trimestre, la société a resserré sa prévision de résultat brut d'exploitation (Ebitda) pour 2024, attendu entre 1,245 milliard d'euros et 1,285 milliard d'euros contre une précédente fourchette allant de 1,23 à 1,3 milliard d'euros. La société a par ailleurs confirmé que la conversion d'Ebitda en flux de trésorerie disponible dépasserait 70%.
Le risque italien à l'horizon
Surtout, la société a profité de l'occasion pour faire un point sur le risque réglementaire en Italie. Dans ce pays, un amendement visant à introduire un plafond de 5% sur les commissions des titres-restaurant payées par les commerçants dans le secteur privé a été déposé dans le cadre d’un projet de loi sur la concurrence en Italie.
"Edenred considère que la mise en place d'un tel plafond entrerait en contradiction avec les principes de liberté de fixation des prix inscrits dans le droit commercial italien et européen. De ce fait, Edenred prévoit de contester cet amendement devant le tribunal administratif italien et la Commission Européenne. L’Association italienne des émetteurs de titres-restaurant (ANSEB) et Edenred prévoient en outre de contester cet amendement devant l’Autorité de la concurrence italienne", a déclaré la société.
Edenred a estimé que si cet amendement était adopté, l'impact sur son Ebitda se chiffrerait à 60 millions d'euros en 2025 (en supposant que la mesure entre en vigueur le 1er juillet) et à 120 millions en année pleine.
Dans ce cas de figure, Edenred estime être en mesure d'accroître son Ebitda de 10% en 2025. Si cet amendement est rejeté, la société maintient son objectif de croissance du même indicateur de 12% l'an prochain.
A la Bourse de Paris, l'action Edenred dévisse de 15,2% vers 12h15 entraînant dans son sillage son comparable Pluxee. "La publication du troisième trimestre est décevante et le risque réglementaire pèsera sur le titre aujourd'hui", a jugé Oddo BHF dans une note écrite avant l'ouverture du marché.
Stifel note de son côté que la croissance d'Edenred ralentit plus fortement qu'attendu mais note que le consensus attend une croissance de 9% de l'Ebitda en 2025. Soit moins que les 10% prévus par la société dans le cas où le plafond sur les commissions de titres-restaurant serait adopté en Italie.
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