(BFM Bourse) - Entre mars et avril, le montant des fonds levés dans le monde a quasiment doublé par rapport aux deux premiers mois de l'année 2023, relève Bloomberg. La récente reprise des indices boursiers ont motivé quelques entreprises à se lancer sur les marchés financiers, notamment en Asie.
Encore convalescent, le marché mondial des introductions en Bourse montre de légers signes de reprise, relève Bloomberg. Le récent rebond des marchés financiers a eu pour effet d'inciter les entreprises "à tester l'appétit des investisseurs pour de nouvelles introductions", en particulier en Asie, explique l'agence.
Selon les données compilées par Bloomberg, le montant total des introductions en Bourse a atteint environ 25 milliards de dollars en mars et avril, en cumulé. Il représente quasiment le double des fonds levés au cours des deux premiers mois de l'année, lorsque les opérations avaient pratiquement été mises en sommeil. Selon les analystes cités par Bloomberg, certains émetteurs ont vu dans la baisse de la volatilité du marché "une fenêtre d'opportunité" pour se lancer en Bourse.
Une lueur d'espoir en Europe?
L'activité a été particulièrement soutenue dans l'ensemble de l'Asie, contrairement à 2022, année durant laquelle la majorité des opérations de grande envergure était principalement concentrée en Chine continentale. La semaine passée, Rakuten Bank a fait des débuts remarqués à la Bourse de Tokyo, avec une action qui a progressé de 40% pour son premier jour de cotation. La demande a été au rendez-vous pour la plus importante introduction en Bourse au pays du Soleil Levant depuis Softbank en décembre 2018.
Mi-avril, dix nouvelles sociétés chinoises ont intégré les places de Shanghai et Shenzhen, grâce à une réglementation assouplie en matières d'introduction en Bourse. Et ce test grandeur nature a été plus que probant. Les premières cotations de ces sociétés ont démarré sur les chapeaux de roue avec des actions qui ont flambé de 200%.
"Le marché des introductions en Bourse revient progressivement et lentement. Il n'est pas encore revenu à 100 %, mais il y a des signes de vie et de vigueur renouvelée", a déclaré à Bloomberg James Wang, co-responsable des marchés des capitaux propres chez Goldman Sachs Group pour l'Asie hors Japon.
En Europe, le marché des introductions en Bourse reste encore peu actif. Au premier trimestre, les montants levés dans la région EMEIA (Europe, Moyen Orient, Inde, Afrique) ont plongé de 36% sur un an, selon l'étude trimestrielle du cabinet EY publiée le mois dernier.
Les piètres débuts boursiers des sociétés récemment arrivées sur la cote ont refroidi à la fois les entreprises postulantes mais aussi les investisseurs de participer à ces levées de fonds. Par ailleurs, les remous sur les banques en mars ont pesé. La faillite de la Silicon Valley Bank et la chute soudaine de Credit Suisse a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Cet épisode a ainsi renforcé les inquiétudes des investisseurs concernant les taux d'intérêt et l'inflation, et a compliqué davantage les projets d'introduction en Bourse déjà bien précaires.
Une légère lueur d'espoir pourrait venir des dernières opérations réalisées sur le sol européen, souligne Bloomberg. L'agence de presse revient notamment sur les récentes entrées en Bourse du groupe allemand d'hébergement de sites web Ionos ou du fabricant italien de composants de moteurs électriques EuroGroup Laminations. Ces deux sociétés ont réussi à lever plus de 400 millions de dollars.
Un début d'année timide à Paris
De l'autre côté de l'Atlantique en revanche, le climat reste morose et les perspectives demeurent "compliquées". Les fonds levés depuis le début de l'année restent inférieurs de 51% à ceux observé l'an dernier à la même période précise Bloomberg. Les entrées en Bourse du leader du marché des trackers solaires intelligents Nextracker, du logisticien pour l'industrie pétrolière et gazière Atlas Energy Solutions et le spécialiste des énergies renouvelables Enlight Renewable Energy représentent à elles trois, un tiers des 4,1 milliards de dollars levés depuis le début de l'année.
Pour évoquer le marché français, seules deux sociétés se sont introduites sur la Bourse de Paris cette année, à savoir Lepermislibre, spécialiste de l'apprentissage de la conduite en ligne, et le fabricant de terreaux Florentaise, avec des résultats peu engageants. Les titres des deux sociétés ont chuté de plus de 12% depuis leurs introductions en Bourse. Le spécialiste du courtage en énergie pour les entreprises, Mon courtier énergie, a récemment annoncé sa volonté de rejoindre la cote parisienne.
De plus grands groupes pourraient également faire leurs premiers pas en Bourse d'ici à la fin de l'année. Renault a toujours pour projet de mettre sur le marché une partie du capital d'Ampère, sa future filiale dédiée à l'électrique, fin 2023. Atos, lui, compte introduire la majorité du capital d'Evidian, société qui regrouperait les activités en croissance de l’entreprise de services numériques, comme le big data, le calcul de haute performance, la transformation numérique et la cybersécurité.
Sodexo entend par ailleurs introduire en Bourse son activité de titres restaurant et titres cadeaux, en 2024. De son côté, Pathé ambitionne de rejoindre la Bourse de Paris à horizon 2024. Le doyen des cinémas français fondé par les frères Pathé en 1896 souhaite ainsi attirer de nouveaux actionnaires en vue de financer d'importants investissements à la fois dans les salles et les contenus.