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Marché : Comment une nouvelle réglementation boursière en Chine a fait flamber des actions de 200%

samedi 15 avril 2023 à 07h00
Une nouvelle réglementation sur les IPO fait flamber la cote

(BFM Bourse) - Une nouvelle réglementation boursière assouplie en Chine a redonné un nouveau souffle aux introductions en Bourse dans le pays. Dix nouvelles sociétés chinoises ont fait leur entrée en Bourse en début de semaine sur les places de Shanghai et Shenzhen. Et les premières cotations ont plus qu’été remarquées.

Baptême du feu boursier réussi pour plusieurs sociétés chinoises. En début de semaine, un groupe de dix sociétés a fait une entrée remarquée sur les places financières de Shanghai et Shenzhen avec des cours qui ont bondi en moyenne de près de 100%, rapporte le Financial Times.

Deux entreprises se sont particulièrement distinguées au cours de leur première journée de cotation: Shenzhen CECport Technologies, un distributeur de composants électronique, dont les actions ont gagné jusqu’à 239% en séance ou Dencare Chongqing Oral Care Co un fabricant de produits bucco-dentaires, qui a lui aussi flambé de plus de 200% en cours de séance lundi. Les huit autres sociétés, dont Shaanxi Energy Investment Co et Both Engineering Technology Co ont connu des progressions allant de 50% à 120%.

Pourquoi un tel emballement? La Chine a opéré une refonte de ses places boursières avec des règles beaucoup plus assouplies, notamment en matière d’introductions en Bourse. Depuis ce lundi, c’est un système par enregistrement adopté dans la majorité des pays qui est entré en vigueur pour l'ensemble des Bourses de Shanghai et Shenzhen. Une révolution pour ces deux places boursières de l'empire du Milieu. Et l'entrée de ce groupe de dix sociétés sous ce nouveau régime avait valeur de test grandeur nature.

Moins de régulation, plus de simplification

En Chine, le processus d’introduction en Bourse qui prévalait pour ces deux places était un système par approbation. C’est le régulateur, la China Securities Regulatory Commission (CSRC), qui alors donnait son aval à l’entrée en Bourse d’une société qui toquait à la porte. Ce mécanisme était régulièrement pointé du doigt en raison d'une régulation stricte et d'une longue liste d'attente. Pour certaines, le processus relevait du parcours du combattant tant le délai d'examen de chaque dossier pouvait prendre des mois voire des années. Ce même organisme était également en charge de fixer le prix des introductions en Bourse, d’ailleurs lui-même plafonné à 23 fois le bénéfice par action.

D’ailleurs cette concentration du pouvoir de décision a donné lieu à des dérives. En 2018, Yao Bang, l'ancien vice-président de la CSRC a été condamné à 18 ans de prison pour corruption et délits d’initié. Quant à Liu Shiyu, l'ex-président de ce même régulateur, se serait dénoncé pour des faits de "corruption", englobant des délits d’initié et d'introduction en Bourse facilitée pour certaines sociétés originaires de sa province natale.

Outre l'abolition du système d'introduction en Bourse par approbation, les nouvelles règles abandonnent également la limite quotidienne de variations de cours pendant les cinq premiers jours de cotation suivant une nouvelle entrée sur les marchés financiers. En vertu de la nouvelle règle de négociation, la fluctuation journalière 10% imposée aux mouvements des prix des actions au cours des cinq premiers jours de négociation a été supprimée. Cette limite entrera en vigueur qu'à partir du sixième jour.

La réforme consacre en outre une meilleure diffusion de l’information. Les entreprises postulantes à une introduction en Bourse devront divulguer un certain nombre d’informations les concernant. "Les changements apportés par la réforme des introductions en Bourse sont globaux et fondamentaux, centrés sur la divulgation d'informations", a déclaré Yi Huiman, président de la Commission chinoise de régulation des valeurs mobilières (CSRC), rapporte le média d'État CCTV lundi.

Dévoilées pour la première fois le 1er février par la China Securities Regulatory Commission (CSRC), ces règles sont conçues pour simplifier les exigences de cotation et améliorer les procédures d'enregistrement et de vérification. Le but: détourner les sociétés en forte croissance de la tentation de lever des fonds hors de la Chine. Cité par le Financial Times, Yi Huiman, président de la Commission chinoise de régulation des valeurs mobilières, a déclaré lors d'une cérémonie d'introduction en Bourse lundi matin que les réformes représentaient "un changement complet et fondamental" et que ce premier groupe de dix introductions en Bourse constituait "une nouvelle étape importante dans la réforme et le développement des marchés de capitaux chinois".

"L'impact le plus important est que l'écosystème du marché a changé et que les investisseurs accorderont plus d'attention aux fondamentaux des entreprises. Seules les entreprises de haute qualité survivront",a déclaré lundi au Global Times Yang Delong, économiste en chef chez First Seafront Fund Management Co.

Une occidentalisation du système boursier chinois?

Le système avait déjà été adopté pour la première fois en 2019 par le STAR Market, le marché des valeurs technologiques de Shanghai, l'équivalent du Nasdaq chinois. En 2020, c'est au tour du compartiment des start-up de Shenzhen, ChiNext, de privilégier ces règles plus assouplies puis à la Bourse de Pékin en 2021 afin d'améliorer leur attractivité.

Pour autant, malgré la suppression de l'obligation formelle d'obtenir l'approbation de la CSRC pour s’introduire en Bourse, les courtiers locaux ont affirmé au Financial Times que les régulateurs continuent d'exercer une forte influence sur le choix des entreprises qui se voient accorder l'accès aux marchés de capitaux chinois.

Cette nouvelle réglementation chinoise sur les introductions en Bourse intervient moins de deux ans après le lancement de la Bourse de Pékin. Cette nouvelle place financière a pour vocation de cultiver les "petits géants", soit les start-up à fort potentiel de croissance et dotées d'une technologie avancée. Le lancement de cette nouvelle Bourse constituait alors "une étape clé dans la réforme du marché des capitaux chinois", expliquait le président de la Commission chinoise de réglementation des marchés de titres (CSRC) Yi Huiman. "C'est important car cela renforcera le marché des capitaux à plusieurs niveaux, améliorera le système de financement des PME, stimulera l'innovation et modernisera l'économie chinoise, avait-il ajouté.

Avec cet assouplissement des réglés boursières, le géant asiatique entend ainsi créer un écosystème d'investissement et de financement favorisant l’émergence ainsi que le développement d'entreprises technologiques et de pointe. Surtout, l'objectif est de contenir la fuite des pépites chinoises hors des frontières de l'empire du Milieu pour se financer aux Etats-Unis ou sur le Hang Seng Tech, l'indice à dominante technologique de la Bourse de Hong-Kong. Et ainsi faire de l'ombre aux grandes puissances occidentales, Etats-Unis en tête dans la course à la domination du ô combien stratégique secteur technologique.

"L'extension du système d'introduction en Bourse basé sur l'enregistrement permettra de rationaliser le processus de cotation et d'attirer les entreprises qui se sont introduites en Bourse aux États-Unis ou à Hong Kong par le passé parce qu'elles ne pouvaient pas répondre aux exigences de la Chine continentale", ont souligné les analystes d'Industrial Securities.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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