(BFM Bourse) - Puissant et courageux : les vertus attribuées au Tigre dans le zodiaque chinois avaient déjà permis à la Chine de briller en 2010, en devenant la 2e puissance économique mondiale. En 2022, la Chine pourrait profiter de la nouvelle année du Tigre pour se distinguer à nouveau, souligne DWS.
L'approche du Nouvel An lunaire, mardi prochain, s'accompagne comme souvent d'un florilège de notes d'analystes récapitulant les atouts du marché chinois pour les investisseurs.
Le Buffle de métal tire sa révérence, le 1er février marquant l'entrée en scène du Tigre d'eau, selon le zodiaque chinois (observé aussi en Corée, à Singapour, en Malaisie, en Indonésie et aux Philippines). En Chine, le tigre est un symbole de force et de bravoure, qui apporte de nouveaux espoirs pour l'année.
Lors de la dernière année du Tigre, il y a douze ans en 2010 donc, a marqué l'avènement de la Chine comme deuxième puissance économique mondiale, devançant le Japon, rappelle Sean Taylor, directeur des investissements de DWS pour l'ensemble de la région Asie-Pacifique. Et il n'a échappé à personne que depuis cette date, la Chine a maintenu une dynamique de croissance soutenue. La nouvelle année du Tigre marquera-t-elle le début d'une autre phase d‘évolution de l'économie chinoise et une reprise des marchés boursiers et obligataires?
La Chine a plutôt bien géré la crise économique liée au Covid, ce qui a conduit à une appréciation des valeurs chinoises en 2020. Mais 2021 a été au contraire très pénalisant car la Banque populaire de Chine a resserré sa politique monétaire tandis que la réglementation a été durcie pour les secteurs de l'éducation et de l'internet, souligne le gérant. La croissance a encore ralenti au cours de l'année, car la politique visant au zéro Covid a freiné la consommation. Les sociétés immobilières surendettées, Evergrande au premier chef, ont eu du mal à rembourser leurs dettes et le pays a été confronté à une pénurie d'électricité. En outre, l'inflexion de la politique économique du gouvernement, passant de la croissance à tout prix à la prospérité commune, a semé le trouble chez les investisseurs.
DWS plus positif sur les actifs chinois à l'issue du premier trimestre
Peu après le début de la nouvelle année lunaire débuteront les Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Ces deux événements auraient dû stimuler la consommation. Toutefois, le manque de spectateurs et les inquiétudes liées à l'augmentation des cas de variant Omicron ont entraîné un retour des confinements et un ralentissement de la consommation. Les attentes en matière de bénéfices semblent encore trop élevées compte tenu des prévisions de croissance économique, ce qui devrait accélérer les révisions à la baisse des bénéfices au premier trimestre.
En outre, le calendrier de remboursement des obligations du secteur immobilier est encore chargé. "Malgré cela, nous sommes beaucoup plus positifs sur les actifs chinois", assure Sean Taylor. Passé le premier trimestre 2022, les aides gouvernementales sélectives devraient favoriser la croissance et les réglementations seront davantage dans leur phase de mise en œuvre, ce qui devrait souvenir les marchés des actions et du crédit.
Le spécialiste souligne que "La Chine suit un chemin complètement différent du reste du monde" a bien des égards. Sur le volet budgétaire, la Chine, contrairement aux États-Unis et à l'Europe n'a pas lancé de grands programmes de soutien gouvernementaux depuis le début de la crise du coronavirus. L'octroi de crédits et la consommation privée ont considérablement diminué. Mais ce qui était négatif pour le développement économique à court terme pourrait s'avérer payant à moyen terme. Alors que la dette globale (de la sphère public, des ménages et des entreprises du privé) a augmenté de façon spectaculaire dans les pays industrialisés qui ont tendance à emprunter sur l’avenir, elle a diminué de 7% pour atteindre (tout de même) 272% du produit intérieur brut en Chine l'année dernière.
En matière de politique monétaire, la Chine suit également son propre agenda. Alors que les États-Unis et de nombreux pays émergents sont sur la voie du resserrement ou de la normalisation de leur politique, la Banque populaire de Chine, elle, assouplit sa politique. La croissance du crédit devrait s'améliorer et les investissements dans les infrastructures devraient remonter à des taux autour de 5%. Lorsque les preuves de la croissance se feront sentir, que les préoccupations en matière de réglementation s'apaiseront et que la consommation commencera à reprendre, la confiance des investisseurs devrait devenir positive, anticipe donc DWS.
L'évolution vers une prospérité commune devrait conduire à une croissance moins forte mais de meilleure qualité, profitant à une plus large part de la population, et à une dépendance moins forte à l'égard des investissements dans l'immobilier et les infrastructure pour stimuler la croissance.
Une autre évolution positive qui devrait porter ses fruits à long terme est l'engagement de la Chine en faveur de la neutralité climatique. C'est d'ailleurs là une aspiration commune à la Chine et aux États-Unis. "C'est un terrain d'entente sur lequel s'appuyer dans une relation qui est difficile" entre les deux superpuissances, explique Sean Taylor.
Possibilité de hausse à moyen terme pour les actions chinoises
Après une année difficile, DWS estime donc que l'investissement sur la Chine devrait être propice aux investisseurs étrangers, s'ils savent faire preuve de patiente et de sélectivité. De nouveaux reculs ne sont pas exclus au premier trimestre, avant que la situation ne s'améliore au deuxième trimestre. En ce qui concerne les actions, Sean Taylor privilégie les titres axés sur la consommation des ménages avec les grandes marques, les nouveaux véhicules électriques, les batteries et les secteurs industriels.
Si l'on s'en réfère au dernier rapport mensuel du fonds phare de DWS sur la thématique, DWS Invest Chinese Equities, le gestionnaire misait notamment sur Tencent, Alibaba, China Consctruction Bank, NetEase, China Mengnio Diary, Meituan, China Merchant Bank, Byd Co, JD.com et China Resources Beer (principales positions à fin décembre 2021).