(BFM Bourse) - Le nombre d'offres publiques qui ont visé des sociétés cotées à la Bourse de Paris, a progressé de 35% en 2024, selon le baromètre d'Alantra France. La faible valorisation des petites et moyennes entreprises parisiennes peut expliquer ce rebond.
Si, sur le front des introductions en Bourse à Paris, l'année 2024 a été terne, du côté des offres publiques, les opérations ont été bien plus nombreuses.
L'an dernier, 42 offres publiques ont été recensées sur des sociétés cotées à la Bourse de Paris. C'est 11 de plus qu'en 2023 (31) et quasiment autant qu'en 2021 (45), qui constituait alors une année record en la matière, selon le baromètre publié par la banque d’investissement Alantra, qui recense tous les types d’offres (offre publique d’achat, offre publique d’achat simplifiée, offre publique de retrait, offre publique d’échange, etc.).
En 2023, les offres publiques avaient clairement marqué le pas à la Bourse de Paris, en raison de la remontée des taux d’intérêt et du contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques.
Un marché parisien "bon marché"
Ce nombre de 42 opérations en 2024 recense les offres déposées et/ou annoncées. Au final 39 ont été effectivement déposées auprès de l’Autorité des marchés financiers. Les OPA (offres publiques d’achat) et OPAS (offres publiques d’achat simplifiées) ont en représenté 26 en cumulé, soit les trois-quarts, contre 19 en 2023.
"L’une des explications possibles de cette hausse réside dans le niveau de valorisation des sociétés cotées qui sont plutôt 'bon marché' puisque le CAC40 a perdu 2,15% en 2024 (la chute de la consommation en Chine et la crise politique ont pénalisé la Bourse de Paris)", avance Alantra.
Par typologie, le nombre d’offres publiques d’achat simplifiées (OPAS), déposées en 2024 a légèrement augmenté par rapport à 2023, passant de 15 à 17 opérations. Ces opérations, d'une durée plus courte, sont par nature initiées par un actionnaire détenant plus de 50% du capital et des droits de vote.
"Ce chiffre est proche de celui des belles années et révèle une nouvelle fois l’importance pour un initiateur de lancer une offre dès lors qu’il a le contrôle de la société afin de renforcer ses chances de succès et d’arriver au retrait de la cotation de la société cible", explique Olivier Guignon, associé-gérant chez Alantra.
Les offres publiques de retrait (OPR), qui visent à retirer la société ciblée de la cote, ont nettement progressé à neuf opérations en 2024, contre seulement deux en 2023. Les offres de rachat d’actions (OPRA) qui visent à réduire le capital social de la société, sont aussi en hausse, avec trois opérations contre deux en 2023.
Une prime moyenne élevée
Les initiateurs des offres ont proposé des primes aux actionnaires supérieures à 30%. La prime médiane offerte aux détenteurs d’actions a été, en effet, de 32% par rapport au dernier cours de Bourse avant annonce de l’opération, légèrement inférieure à celle observée sur les offres publiques de l’année 2023 (34,1%), selon la méthodologie d'Alantra.
Cette stabilité peut s’expliquer par le nombre significatif d’offres sur des sociétés déjà contrôlées (17 OPAS) ou d’offres spécifiques du type OPRA (3) et OPR (9), pour lesquelles il n’est pas nécessaire de proposer une prime élevée pour sortir de la cotation.
En prenant cette fois la moyenne et non la médiane, le niveau moyen des primes a rebondi, pour atteindre 43,9% du cours "spot" de la cible (niveau précédant l'annonce de l'opération), contre 36,6% en 2023.
"L'augmentation significative de la moyenne révèle que certaines opérations se sont distinguées par des primes particulièrement élevées (généralement de petites sociétés, historiquement mal valorisées)", avance Alantra.
D'ailleurs, le niveau de primes offertes par le "top 5" des plus hautes primes offertes sur la base du dernier cours avant annonce a explosé d’une année sur l’autre. Il oscille entre 100% (ID Sud) et 250% (Groupe Parrot) en 2024 contre 57% à 80% en 2023.
Des industriels encore à la manœuvre
Comme en 2023, les industriels sont très majoritairement à la manœuvre, puisque 69% des offres ont été lancées par ces acteurs, quand seulement 12 des 39 offres déposées en 2024, soit 31% ont été déclenchées par des initiateurs financiers. La proportion d’offres initiées par des investisseurs financiers progresse certes par rapport à 2023 (26%), mais elle est quasiment deux fois moins importante qu'en 2022 (50%) et 2021 (49%).
Alantra avance un élément d'explication à savoir des conditions de financement qui, bien qu'en amélioration, ont été moins favorables qu'en 2021 et 2022.
"Les émetteurs optent de plus en plus pour le retrait de la Bourse afin de se concentrer sur des stratégies à long terme loin des pressions des marchés", avait pour sa part signalé le cabinet Herbert Smith Freehills Paris dans son premier bulletin semestriel dédié à ces opérations, en octobre.
À noter également la reprise de la croissance des offres publiques sur Euronext Growth, compartiment de la Bourse de Paris réservé aux petites capitalisations, moins contraignant en termes d’obligations réglementaires. Ainsi, 51% des offres déposées ont concerné des sociétés cotées sur Euronext Growth contre 22% en 2023.
Par ailleurs, 86% des offres déposées et clôturées en 2024 ont mené à un retrait effectif. En 2023, le taux de retrait était tout bien moindre à 75%. Ce niveau élevé du taux de réussite peut, d'après la banque d'affaires, notamment s’expliquer par le nombre croissant d’OPAS et d’OPR, offres sur lesquelles le retrait de la cotation est, par définition, plus assuré.