(BFM Bourse) - Après une année 2023 pauvre en opérations, le marché des fusions-acquisitions ciblant des sociétés cotées a connu un regain d'activité sur les huit premiers mois de 2024, remarque Herbert Smith Freehills Paris.
L'an dernier, les offres publiques avaient clairement marqué le pas à la Bourse de Paris, en raison de la remontée des taux d’intérêt et du contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques. Seulement 23 opérations avaient été recensées et déclarées conformes, ce qui constituait un point bas inédit depuis 2018
Après une année peu dynamique donc en opérations, le cabinet Herbert Smith Freehills Paris observe un net rebond du marché des fusions-acquisitions de sociétés cotées (public M&A), sur les huit premiers mois de 2024.
Pour son premier bulletin semestriel dédié à ces opérations, l'équipe d'Herbert Smith Freehills Paris a décidé d'inclure les mois de juillet et août, optant pour une période de référence plus étendue que le seul premier semestre civil, afin de mieux refléter l'activité de cette période.
La période estivale a été particulièrement riche en projets, avec onze offres déclarées conformes par l’Autorité des marchés financiers. Entre janvier et fin août 2024, Herbert Smith Freehills Paris a en tout comptabilisé 19 offres qui ont obtenu l'aval de l'AMF. Ce nombre est en hausse par rapport à la même période de l'exercice de l'année 2023, avec 13 offres ouvertes entre janvier et fin août.
"L'année 2023 a atteint des records en termes de faible nombre d'OPA (9 sur le semestre civil, 13 offres sur la période étendue au 31 août 2023 et 23 offres ouvertes sur la totalité de l'année civile)", signale Herbert Smith Freehills Paris à BFM Bourse.
Le cabinet remarque que ces huit premiers mois de 2024 ont été animés par une reprise des opérations de "public to private", soit des transactions impliquant le rachat d'une société cotée par un investisseur privé. Herbert Smith Freehills Paris remarque aussi que les industriels ont été très actifs depuis le début de l'année 2024.
"Les émetteurs optent de plus en plus pour le retrait de la Bourse afin de se concentrer sur des stratégies à long terme loin des pressions des marchés", signale le cabinet. Cet argument a été évoqué à de multiples reprises par les sociétés visées par une offre publique. Le spécialiste du diagnostic Eurobio Scientific avait expliqué faire le "constat que la cotation de ses actions ne lui apportait pas la flexibilité théoriquement offerte par la Bourse dans le cadre de son financement et qu’elle ne disposait pas des moyens financiers pour accompagner son développement".
S’agissant des seules opérations de prise de contrôle (quand une actionnaire de référence décide de sortir la société de la cote), Herbert Smith Freehills Paris dénombre 4 opérations de "public to private" initiées par des fonds, qu’ils soient majoritaires au capital de l’initiateur (Believe, Osmozis) ou minoritaires (Boiron, SII).
Par ailleurs, Herbert Smith Freehills Paris mentionne une offre de fermeture (Altur Investissement) et deux offres publiques de retrait (l’offre sur MND faisant suite à la recapitalisation de la société en janvier 2023 et l’offre sur Itesoft ayant précédemment fait l’objet d’une offre publique d'achat simplifiée (OPAS) en juin 2022 qui avait marqué l'entrée du fonds minoritaire).
Du point de vue sectoriel, le secteur de l'informatique reste majoritaire avec cinq opérations. Ce secteur est à parité avec celui des industries et matériaux qui a concentré cinq opérations depuis le début de l'année. Suivent les secteurs de la finance et de l'audiovisuel et télécommunications avec deux opérations chacun.
Des primes significatives
Les acquéreurs sont restés généreux avec les actionnaires de leurs cibles. La prime médiane par rapport au dernier cours coté avant annonce de l'opération a atteint 35,4% toutes offres confondues, même si le cabinet note un léger recul par rapport au premier semestre 2023.
"S’agissant des opérations s’inscrivant dans un contexte de prise de contrôle (procédures normales et offres obligatoires déposées selon la procédure simplifiée), la moyenne des primes sur les cours moyens pondérés en fonction du volume (CMPV) à trois mois demeure élevée (41,7% pour les initiateurs industriels et 43,26 % pour les financiers)", précise Herbert Smith Freehills Paris.
Malgré cette reprise des opérations, le cabinet rappelle que le marché a été affecté par l’instabilité politique en France marquée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, rappelle Laurence Vincent Associée corporate/M&A chez Herbert Smith Freehills Paris. Un contexte qui a ajouté de l’incertitude, et a conduit à repousser certaines opérations "dans l’attente de jours meilleurs", poursuit la spécialiste, qui a toutefois comptabilisé l’ouverture de six offres pour le seul mois de juin et cinq autres pour le mois de juillet.
Le second semestre annonce de meilleures prévisions pour "le public to private", explique Herbert Smith Freehills Paris. Le cabinet cite l’offre de Talan sur Micropole. D'ailleurs, l'entreprise de services numériques quittera la Bourse de Paris le 5 novembre prochain dans le cadre d'une procédure de retrait obligatoire, marquant l'épilogue de l'OPA lancée au printemps dernier par Talan.
Le cabinet cite aussi l'offre visant Neoen par la société de capital-investissement canadienne Brookfield ou celle concernant Esker, qui va être racheté par le fonds d'investissement Bridgepoint.
Une cote parisienne qui se dégarnit
Ces deux opérations vont, comme Micropole, alimenter le cortège d'offres publiques, qui sont suivies par la mise en œuvre d’un retrait obligatoire. Plus de la moitié (56 %) des offres déclarées conformes par l'AMF depuis le 1er janvier 2024 ont débouché sur une sortie de cote, note Herbert Smith Freehills Paris.
Pour la place parisienne, le mouvement d’attrition de la cote se poursuit donc. Le nombre d'introductions en Bourse depuis le début de l'année ne couvre toujours pas les retraits de cote. L'an passé, la Bourse de Paris avait enregistré 6 nouvelles introductions en Bourse (avec appel public à l'épargne et sans compter les SPAC), contre 31 sorties de cote dans le même temps, rappelait EY dans son observatoire des offres publiques, début 2024.
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