(BFM Bourse) - Le marché mondial des introductions en Bourse a connu un léger ralentissement cet été, remarque EY dans son dernier point trimestriel. La fin d'année promet d'être plus dynamique avec les baisses des taux d'intérêt et un apaisement des tensions inflationnistes, deux facteurs qui sont susceptibles d'encourager les nouvelles cotations.
L'été est une période traditionnellement calme sur le marché des introductions en Bourse. Et cette année n'a pas fait exception, puisqu'un "léger ralentissement" a été observé sur un an, en raison de la frilosité des acteurs du marché qui ont privilégié une approche prudente devant une montée des incertitudes, remarque EY dans son dernier rapport "EY Global Trends Q3 2024".
Au troisième trimestre, 310 entrées en Bourse dans le monde ont été recensées par le cabinet, pour un montant total levé de 24,9 milliards de dollars. Cette activité s'inscrit en baisse de 14% en volume et de 35% en valeur par rapport aux 38,3 milliards de dollars levés au troisième trimestre 2023.
"Une résilience dans un contexte d'incertitude"
Mais d'un trimestre sur l'autre, la tendance est bien meilleure, signale EY. Cet été, le nombre d'opérations est supérieur de 11% aux 279 introductions en Bourse réalisées au deuxième trimestre dans le monde.
"Cette résilience est apparue dans un contexte d'incertitude accrue, alimentée par des données économiques plus faibles, une volatilité accrue des marchés, l'imminence de l'élection présidentielle américaine et les tensions géopolitiques persistantes", poursuit George Chan, spécialiste du marché des introductions en Bourse chez EY.
Les Etats-Unis parviennent toujours à alimenter le flux d'arrivées de nouvelles entreprises. Quelque 130 transactions ont été réalisées sur les neuf premiers mois de 2024 dans le pays, pour 19,4 milliards de dollars, soit une hausse de 29% en volume et 40% en valeur sur un an.
"Les secteurs de la santé, des sciences de la vie et de la technologie continuent de dominer l'activité d'introduction en bourse en termes de nombre d'opérations et de montants levés", avance EY. Ce contingent aurait pu être plus important, mais EY rappelle à cet égard que de nombreuses grandes entreprises technologiques ont choisi de retarder leur introduction en bourse et de s'appuyer sur des financements privés en attendant que les conditions s'améliorent sur les marchés financiers.
Le dynamisme du marché indien
Quid de la zone élargie Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEIA) ? Depuis le début de l'année, EY dénombre 394 introductions en Bourse qui ont permis de lever 30,3 milliards d'euros, soit une hausse sur un an de 36% en nombre et une augmentation de 45% en valeur.
Le cabinet remarque que cette zone géographique a été le théâtre de cinq des dix plus grandes introductions en Bourse au niveau mondial. Le cabinet cite l'entrée en Bourse du spécialiste des soins dermatologique suisse Galderma, qui a lui a permis de lever 2,3 milliards de francs suisses.
EY mentionne aussi l'introduction en Bourse du fonds d'investissement CVC qui est parvenu à lever en avril, au moins 2 milliards d'euros, ce qui constituait à l'époque la plus grande introduction en Bourse sur le sol européen depuis le début de l'année.
L'Inde se démarque tout particulièrement, avec de nombreuses opérations facilitées par un climat boursier beaucoup plus favorable. Depuis le début de l'année, 260 introductions en Bourse ont été réalisées dans le pays, pour 9,4 milliards de dollars levés. C'est 73% de plus en volume et 134% de plus en valeur par rapport aux neuf premiers mois de l'année 2023.
En août, Ola, le premier fabricant indien de scooters électriques a levé 734 millions de dollars à la Bourse de Bombay, constituant la plus importante entrée en Bourse dans le pays depuis Life Insurance Corp of India en mai 2022.
Rien que sur le troisième trimestre, plus de 100 introductions en Bourse ont ainsi animé la place indienne, ce qui marque un plus haut sur un seul trimestre en vingt ans, relève EY.
Optimisme pour la fin d'année 2024
En ce qui concerne la France, le bilan est encore bien mitigé. Seules deux entreprises non issues d'une scission ont tenté leur chance sur Euronext Paris depuis le début de l'année. La première étant l'éditeur de logiciels pour la gestion de projets Planisware en avril, suivie de l'arrivée de la pépite de la défense Exosens en juin.
Les deux entreprises ont profité de l'assouplissement des règles en matière d'introductions en Bourse en début d'année. Les entreprises souhaitant rejoindre la place de Paris ne sont en effet plus obligées de réserver une partie de leurs actions aux investisseurs individuels. Auparavant, elles devaient proposer aux petits porteurs un minimum de 10% du montant global de l’opération.
En revanche du côté des petites et moyennes capitalisations, aucune entrée en Bourse n'a été comptabilisée sur Euronext Growth. Or, c'était ce même compartiment de la cote qui avait animé le marché des introductions en Bourse l'an dernier.
Pour le reste de l'année 2024, EY rappelle que les politiques des banques centrales, les développements géopolitiques et les résultats des principales élections, notamment aux Etats-Unis seront des sujets clés pour le marché des introductions en Bourse.
Le cabinet se veut optimiste pour la fin d'année, avec la baisse des taux d'intérêt et l'atténuation de l'inflation, qui sont susceptibles d'encourager les nouvelles cotations et une reprise des secteurs sensibles aux coûts d'emprunt.
"Les bonnes performances des marchés clés tels que les États-Unis, l'Europe et l'Inde devraient se poursuivre. Les cotations transfrontalières devraient continuer à être soutenues et l'on s'attend à d'importantes entrées en Bourse, en particulier celles qui sont soutenues par des sociétés de capital-investissement et celles qui sont issues de scissions, dans la mesure où elles cherchent des points d'entrée favorables", conclut George Chan.