(BFM Bourse) - La biotech française a connu une petite poussée de fièvre spéculative mercredi 10 décembre, portée par des spéculations autour d'une possible offre d'achat. La société a publié cet été des résultats cliniques de stade avancé très prometteurs dans une maladie inflammatoire chronique de la muqueuse intestinale, la plaçant comme une cible idéale pour une grande société pharmaceutique.
Abivax reprend quelques couleurs, gagnant 1,4% en fin de séance ce jeudi 11 décembre, après avoir reculé de 7,3% au plus bas de la séance. La veille, la société de biotechnologies avait pris jusqu'à 20% en cours de séance, et ce, dans des volumes particulièrement nourris.
Ce mouvement de l'action était alors à relier avec une rumeur concernant un possible intérêt d'Eli Lilly, le plus grand laboratoire pharmaceutique au monde en Bourse.
Contacté par BFM Bourse, Eli Lily n'a pas souhaité répondre à une demande de commentaire, quand Abivax n'était pas joignable pour apporter des précisions.
Un impressionnant parcours boursier
La société cotée à Paris et à New York et spécialisée dans les thérapies contre les maladies inflammatoires chroniques progresse de 1.500% depuis le début de l'année, et affiche une capitalisation boursière (soit la valeur totale des actions d'une entreprise cotée en Bourse) de 9 milliards d'euros qui se rapproche des prétendants au CAC 40 comme Alstom ou Eiffage.
Elle s'est notamment illustrée au mois de juillet, avec un bond de 510,1% sur la seule séance du 23 juillet dernier.
L'entreprise avait alors publié des résultats très positifs d'essais cliniques de phase III (la dernière étape avant la potentielle commercialisation d'un produit) évaluant sa molécule obefazimod, un potentiel traitement contre la rectocolite hémorragique, une maladie inflammatoire chronique de la muqueuse intestinale. Cette maladie touche un million de personnes aux États-Unis et autant en Europe.
Les données d'efficacité robustes communiquées par Abivax ont crédibilisé l'espoir d'une future mise sur le marché et les perspectives ultra-prometteuses de cette molécule. Ces avancées cliniques lui ont ouvert les portes du SBF 120, soit le deuxième plus grand indice de la Bourse de Paris, en septembre dernier.
Un profil attractif pour une grande société pharmaceutique
Les analystes d'AllInvest Securities sont revenus sur cette poussée de fièvre spéculative dans un commentaire de marché publié ce jeudi 11 décembre.
La molécule obefazimod coche de nombreuses cases pour un acheteur stratégique, estime le bureau d'études. AllInvest Securities cite tout d'abord son mode d'administration, qui est sous forme orale et non sous forme injectable et son efficacité démontrée chez des patients naïfs (c'est-à-dire un patient qui n'a reçu aucun traitement préalable, NDLR) comme lourdement pré-traités".
L'intermédiaire financier apprécie aussi le "profil de sécurité différenciant par rapport aux JAK inhibiteurs, (des inhibiteurs de Janus kinase (JAKi) prescrits en traitement des maladies inflammatoires chronique, NDLR)".
AllInvest Securities rappelle que plusieurs grandes société pharmaceutique sont régulièrement citées par les analystes et acteurs du marché comme ayant le profil d’acquéreurs crédibles dans les pathologies de la sphère des maladies inflammatoires gastro-intestinales (IBD).
Parmi ces potentiels prédateurs, le bureau d'études nomme le laboratoire pharmaceutique allemand Merck, qui multiplie les acquisitions en immunologie dans une stratégie de diversification hors oncologie. Ainsi que le groupe suisse Riche, qui selon lui, est historiquement très active dans les maladies auto-immunes et aujourd’hui en quête de nouvelles plateformes orales différenciantes.
Allinvest Securties cite également Pfizer comme potentielle entreprise qui pourrait regarder la molécule car très exposé à l’IBD.
Le groupe américain est sous pression pour sécuriser de nouveaux "drivers" (moteurs) de croissance après plusieurs revers cliniques. L'intermédiaire financier évoque aussi le laboratoire américain Eli Lilly, doté d’une puissance financière exceptionnelle et désireux d’étendre son empreinte au-delà des maladies métaboliques.
Ou encore Astrazeneca dont le repositionnement récent montre un intérêt croissant pour l’immunologie systémique, avec une stratégie active en fusions et acquisition et l’objectif clair de renforcer son portefeuille dans les maladies inflammatoires chroniques grâce à des mécanismes innovants et différenciés.
"La combinaison d’un actif considéré comme potentiellement 'best-in-class' dans la rectocolite hémorragique, d’un calendrier de catalyseurs cliniques et réglementaires denses (...) et de flux d’options atypiques crée un terrain idéal pour une lecture spéculative du dossier", estime le bureau d'études qui rappelle qu'à ce stade, rien ne confirme l’existence de discussions formelles.
Pour Allinvest Securities, le marché se positionne clairement sur un scénario où Abivax pourrait passer dans le radar d’un grand laboratoire cherchant un actif oral différenciant dans "l'IBD".
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