(BFM Bourse) - Ubisoft est encore vendu ce jeudi matin après les premiers retours mitigés sur son "blockbuster" Far Cry 6 sorti mercredi, et malgré le net relèvement d'objectif de la part de l'analyste de Midcap Partners, selon qui une OPA d'un géant technologique sur le groupe français n'est pas à exclure.
Analyste chez Midcap Partners, Charles-Louis Planade n'y va pas avec le dos de la cuillère ce jeudi matin dans sa note consacrée au quatrième éditeur mondial indépendant de jeux vidéo, et premier européen. Alors que le cours du titre Ubisoft végète entre 50 et 55 euros -grosso modo- depuis deux mois et demi, le spécialiste du secteur fixe un objectif de cours à 119 euros à horizon un an, contre 75 euros précédemment. Cette nouvelle cible suggère un potentiel de hausse mirobolant de 130% sur les 12 prochains mois.
Charles-Louis Planade se justifie en rappelant que le secteur est "toujours en forte croissance" après avoir marqué une pause en 2021 (-1,5%) sous l'effet de la réouverture des économies, l'année 2021 ayant été exceptionnelle (+15%) en raison de la pandémie et des confinements. "Il devrait reprendre son rythme de croissance historique proche des 10% dès 2022 et poursuivre le phénomène de démocratisation qui fait son succès depuis sa naissance dans les années 70" avance-t-il. "Mieux, la génération Z (moins de 25 ans) l’a placé comme divertissement n°1 et promet des jours heureux au secteur une fois qu’elle aura atteint un pouvoir d’achat significatif" anticipe-t-il encore .
L'expert constate également que la croissance continue du secteur "s’accompagne d’une transformation totale de son mode de consommation avec l’arrivée du streaming qui permet de se libérer de toutes contraintes physiques ou matérielles pour jouer aux jeux vidéo". Une révolution qui entraîne de nouveaux prétendants sur ce marché de plus de 100 milliards de dollars par an "et la liste des candidats déclarés au leadership sur le secteur n’ont qu’un point commun : ils sont tous des géants avec des noms comme Google, Amazon, Microsoft, Netflix ou Tencent" observe-t-il. "Comme sur le streaming de films et vidéo, l’unique clef du succès sera le contenu. Problème: il est difficile à produire sur le jeu vidéo donc la case fusions-acquisitions est désormais la seule privilégiée" développe Charles-Louis Planade.
"La cible parfaite"
Dans ce contexte, Ubisoft a selon lui tout de "la cible parfaite", alors que "nombre de ses confrères ont déjà rejoints les conglomérats précédemment cités" - Tencent a acheté le britannique Zumo, Microsoft -via sa filiale Xbox- a récemment déboursé 7,5 milliards de dollars pour s'offrir l'américain Zenimax (Bethesda, Fallout, etc.) et d'autres opérations seraient dans les tuyaux. Et si le champion européen du jeu vidéo peut aiguiser l'appétit des géants technologiques, c'est qu'il "possède aujourd’hui la principale force de développement du secteur, tout comme la quasi-totalité des propriétés intellectuelles qu’il commercialise".
Critère pas intégré dans le prix de l'action pour l'analyste, selon qui la valorisation actuelle élude une potentielle OPA ainsi que l'arrivée d'un succès commercial. Malgré la logique industrielle qu'il juge évidente entre Ubisoft et les plateformes mentionnées, "le marché ignore totalement l’aspect spéculatif du groupe et le valorise à l’aune de ses décalages passés, en grande partie liés au Covid. Ce phénomène a pris fin ce matin (mercredi, NDLR) avec la sortie de Far Cry 6, début selon nous d’une vague de sur-commercialisation qui verra plusieurs méga-titres et fera suite à la phase de sous-commercialisation dont nous sortons actuellement" prophétise-t-il.
Pour tous ces éléments, le risk-reward actuel sur le titre lui semble "à sens unique", raison pour laquelle il "réitère fortement sa recommandation à l'achat". "Sur les niveaux de valorisation actuels il n’y a qu’un véritable risque: se réveiller un matin avec une OPA de Google, Tencent ou Amazon et se dire: "Je le savais"".
Le titre chute à un plus bas depuis juin 2017
Mais tout comme le marché ignore selon Charles-Louis Planade tout un pan du potentiel d'Ubisoft, les investisseurs ne semblent pas tenir compte de ce violent rehaussement d'objectif, le titre du créateur d'Assassin's Creed affichant à ce stade la plus mauvaise performance du SRD (-5,2% à 48,9 euros, au plus bas depuis juin 2017) vers 11h50 ce jeudi. Il lâche ainsi de nouveau près de 35% depuis le 1er janvier, le titre ayant notamment souffert des multiples tours de vis de Pékin envers l'industrie.La lourde chute du jour est visiblement à mettre sur le compte des premiers retours mitigés sur Far Cry 6, le nouvel opus de la série à succès qui sort ce jeudi sur PC, Playstation 4 et 5, ainsi que sur les Xbox One, Series S & X. Les fans et experts reprochent visiblement au jeu d'utiliser une recette éculée et les notes attribuées par les médias spécialisés s'en ressentent (6/10 pour GameKult, 7/10 pour Gameblog et Jeuxvidéo.com).
"Ubi a besoin d'un hit", selon Doug Clinton, associé directeur chez Loup Ventures, interrogé par Bloomberg "Le titre a sous-performé les autres grands éditeurs [mais] un succès pourrait redonner à l'entreprise et à l'action l'élan dont elles ont tant besoin" poursuit le spécialiste, qui s'attend à ce que cet opus dépasse le précédent en termes de ventes. Far Cry 5 s'était vendu à 5 millions d'exemplaires au cours de sa première semaine, et "tout chiffre inférieur à 6 millions d'unités serait une grande déception et pourrait conduire l'action à souffrir encore dans l'attente du prochain grand titre" juge-t-il. Le marché aura donc un premier élément de réponse jeudi prochain, date qui correspond également au lancement du premier test fermé (accessible aux joueurs PC en Europe uniquement) pour Tom Clancy's Ghost Recon Frontline , autre blockbuster d'Ubisoft.
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