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Pékin qualifie les jeux vidéos d'opium mental, le secteur souffre en Bourse

mardi 3 août 2021 à 10h30
Honor of Kings, de Tencent

(BFM Bourse) - Les géants technologiques chinois, Tencent en tête, souffrent encore à la Bourse de Hong Kong ce mardi, après des critiques d'un média d'Etat contre "l'addiction" des jeunes aux jeux vidéo.

Il ne fait décidément pas bon être un groupe chinois technologique coté ces derniers mois, alors que Pékin multiplie les initiatives antitrust et s'emploie à renforcer sa surveillance. Après avoir publié un projet de loi visant à empêcher les comportements monopolistiques en novembre, puis infligé des amendes (records) à Alibaba et Tencent pour n'avoir pas déclaré correctement des acquisitions en vue de leur examen par l'autorité de la concurrence en décembre, le gouvernement chinois a poursuivi son tour de vis en ouvrant une enquête contre le géant local des VTC Didi, pour "prévenir de risques sur la sécurité de données nationales", puis sur deux autres sociétés (Full Truck Alliance et Kanzhun).

"Les régulateurs chinois semblent se concentrer sur les entreprises chinoises qui possèdent de grandes quantités de données, cotées aux États-Unis et détenues majoritairement par des étrangers" constate Juliana Hansveden, gestionnaire de portefeuille de la stratégie actions des pays émergents de Nordea Asset Management.

Ce tour de vis de grande ampleur a nettement freiné les géants technologiques chinois, principalement cotés à New York ou Hong Kong, depuis la fin d'année 2020 en Bourse. Et ce mardi, les spécialistes chinois des jeux vidéo plongent de nouveau, après que le très sérieux média d'Etat chinois Economic Information Daily, affilié au journal officiel Xinhua, a qualifié les jeux en ligne d'"opium mental", comparant ses effets à ceux d'une drogue.

L'article affirme notamment que la dépendance aux jeux en ligne est "généralisée" chez les enfants, et que celle-ci pourrait avoir un impact négatif sur leur croissance. Il indique par ailleurs que plus de la moitié des enfants chinois étaient myopes en 2020 et que les jeux vidéo affectent leur éducation - ce qui est pris très au sérieux par Pékin. "Le secteur de l'éducation fait l'objet d'une surveillance réglementaire depuis longtemps et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons choisi de ne pas investir dans ce secteur. La Chine interdit le soutien scolaire à but lucratif dans les matières principales afin d'alléger les pressions financières sur les familles qui ont contribué à la baisse du taux de natalité" souligne Juliana Hansveden. Une décision récente qui a fait dévisser le titre de nombreux spécialistes du soutien scolaire (New Oriental Education & Technology Group et Koolearn Technology notamment).

Mais pour revenir aux jeux vidéo, le média d'Etat appelle également à des restrictions supplémentaires sur cette industrie afin de prévenir la toxicomanie et d'autres impacts négatifs sur les enfants. En réaction à cet article, Tencent a lâché 6,6% (-42% depuis fin janvier) et son concurrent NetEase a perdu 7,6% à Hong Kong.

Le gouvernement chinois cible notamment le blockbuster Honor of Kings, qui a récemment passé le cap des 100 millions d’utilisateurs actifs quotidiennement, alors même qu’il n’est disponible que sur le territoire chinois. Ce n'est toutefois pas la première fois qu'il a mauvaise presse, puisque dès 2017, le Quotidien du peuple l'avait fustigé, évoquant un "poison" et une "drogue" pour les adolescents. Le succès du jeu ne plaît pas plus à l'armée chinoise. Le Quotidien de l'Armée Populaire de Libération avait ainsi également affirmé, dès 2017, que "l'addiction des soldats aux jeux pourrait saper leur combativité".

Si les changements dans l'environnement réglementaire "devraient aider le gouvernement à se frayer un chemin dans les entreprises/secteurs qu'il craint de voir devenir trop dominants ou qui ont un impact négatif sur la société et/ou, les conditions de vie", il convient toutefois de les analyser "au cas par cas" selon Juliana Hansveden. "Le secteur du soutien scolaire ne sera plus jamais le même" mais en ce qui concerne les autres sociétés technologiques telles qu'Alibaba, Tencent et d'autres qui se sont vendues, la gérante estime qu'il est "peu probable qu'elles soient affectées de manière significative à partir de maintenant". "Nous pensons que les risques réglementaires ont été plus qu’évalués par les récents mouvements boursiers" explique-t-elle, précisant rester surpondérée sur Alibaba, Tencent et Meituan (spécialiste de la livraison de repas).

À noter que l'article, largement repris mardi par les médias du pays, a par la suite été retiré par l'Economic Information Daily. Tencent a par ailleurs réagi dans un communiqué, assurant qu'il allait prendre des mesures supplémentaires pour limiter le temps de jeu de ses jeunes utilisateur, rappelant qu'il interdit déjà aux enfants de jouer la nuit et impose la reconnaissance faciale pour empêcher les mineurs de contourner l'interdiction.

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