PARIS (Reuters) - L'Elysée et le patronat tentent de dénouer la grève qui affecte le groupe Total depuis la semaine dernière et qui menace de s'étendre dans les douze raffineries de pétrole françaises.
Le syndicat CGT demande au groupe français de clarifier sa position sur la raffinerie des Flandres située à Dunkerque, qui pourrait être fermée par Total, et souhaite des discussions sur l'avenir du raffinage en France.
Nicolas Sarkozy a reçu mardi le directeur général de Total Christophe de Margerie, revenu le matin même d'un déplacement aux Etats-Unis, a-t-on appris auprès de l'Elysée.
Aucun détail n'a été donné sur le contenu de l'entretien. La veille, le président du conseil d'administration Thierry Desmarest avait été déjà reçu à la présidence.
Lundi, Total, qui avait repoussé début février au 29 mars - après les élections régionales - le comité d'entreprise qui doit traiter du sort de Dunkerque, l'a finalement avancé au 8 mars.
Il a aussi consenti à reprendre les discussions interrompues dimanche au siège du groupe à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Charles Foulard, délégué CGT, a dit aux journalistes à son arrivée à ces discussions qu'il demandait au gouvernement l'organisation d'une table ronde nationale sur le raffinage.
"Ce que nous attendons du groupe Total, c'est d'avoir une visibilité sur la stratégie de cette entreprise et des engagements sur la pérennité à travers un plan d'investissement sur l'ensemble de nos sites", a-t-il ajouté.
Les six raffineries Total sont à l'arrêt, sept des 31 dépôts étaient bloqués mardi et plusieurs des six autres raffineries du pays, notamment les deux contrôlées par Exxon Mobil, pourraient entrer dans le conflit ce mardi à l'appel des syndicats.
La décision devait être prise dans les sites Exxon en début d'après-midi, dit-on à la direction.
PAS DE RISQUE DE PÉNURIE, DISENT LES AUTORITÉS
Face à cette situation, les autorités entendent rassurer l'opinion publique sur la situation.
Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip, qui est adhérente du Medef) a assuré mardi que la France ne risquait pas de pénurie car elle disposait encore de sept à dix jours de réserves de carburants, sans compter les stocks "stratégiques" de l'Etat.
Ces derniers sont réservés aux cas de guerre ou de crise grave et représentent environ trois mois de consommation.
Selon la direction de Total, 167 stations-service du pays étaient touchées à divers titres par les pénuries mardi matin, sur plus de 2.000.
Jean-Louis Schilansky a prié les automobilistes de ne pas céder à la panique.
"C'est ça qui peut provoquer le problème. Il faut prendre du carburant quand on en a besoin. Si on accélère le mouvement, si les gens s'affolent, alors ça peut devenir vraiment désagréable", a-t-il dit sur BFM radio.
Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a aussi tenté de rassurer. "A cette heure-ci, il n'y a pas de risque de pénurie", a-t-il dit sur Europe 1.
Le ministre appelle au dialogue social et demande à Total de réfléchir à des investissements alternatifs au pétrole et dans les énergies renouvelables.
Les raffineries européennes connaissent actuellement des difficultés en raison de la chute des marges de raffinage et du manque de débouchés pour l'essence, dit la direction de Total.
Les syndicats remarquent que le groupe fait d'importants bénéfices, près de 14 milliards d'euros en 2008 et près de huit milliards d'euros l'année dernière, et pensent qu'il souhaite réorganiser son raffinage au niveau planétaire pour maintenir cette profitabilité.
Thierry Lévêque, Mathilde Cru, Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
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