(BFM Bourse) - Le leader de la tonnellerie a dévoilé des perspectives prudentes pour la suite de son exercice décalé 2024-2025 dans le sillage de résultats semestriels en baisse, pénalisés par un contexte de marché difficile.

Après un exercice 2023-2024 de qualité, celui en cours est plus compliqué à négocier pour TFF Group. Le leader de la tonnellerie fait face à une dégradation de la demande de ses clients finaux, avec la normalisation des habitudes de consommation de boissons alcoolisées. Il doit aussi composer avec les aléas climatiques, qui viennent perturber les récoltes de vins.

Ces multiples vents contraires avaient déjà pesé sur le début d'année de TFF Group. Au premier trimestre, période qui couvre les mois de mai à fin juillet, le chiffre d’affaires consolidé de la société s'était alors contracté de 3,3% à taux de change courants et de 5,5% à taux de change et périmètre constants, pour ressortir à 121,5 millions d'euros.

La situation ne s'est pas améliorée, avec une nette dégradation de l'activité au deuxième trimestre - soit la période entre août et fin octobre - puisque le chiffre d'affaires s'est replié de près de 15%, avance TP ICAP Midcap dans sa note.

Sur l'ensemble du premier semestre, l'activité s'est contractée de 9,1% (-10,8% à périmètre et taux de change constant), pour atteindre un chiffre d'affaires de 240,21 millions d'euros. Ce niveau de revenus s'avère en dessous des attentes de TP ICAP Midcap, qui étaient situées à 246 millions d'euros.

Peu connu du grand public, TFF Group fabrique depuis plus d'un siècle et sur quatre générations des tonneaux destinés à l'élevage du vin et des alcools. Installée à Saint Romain, l'entreprise familiale qui occupe le premier rang mondial compte à ce jour 27 sites dans le monde. Les sites d’exploitation sont principalement situés au sein des régions vinicoles les plus prestigieuses ou de distillation d’alcool.

Faibles niveaux de récolte et prudence

Au cours de ce semestre, TFF Group indique que son activité s’inscrit en recul sur l’ensemble de ses marchés, avec des volumes orientés en baisse. Le groupe cite un contexte économique incertain accompagné de conditions météorologiques défavorables pour expliquer cette contre-performance.

Les pôles d'activités de TFF Group "vins et alcools" affichent une performance en retrait. Sur l'ensemble du semestre, l'activité historique, c'est-à-dire le pôle "vin", de TFF s'est contractée de 7,2% en données publiées (-10,7% à données comparables) à 118,7 millions d'euros.

"Le bassin européen et les États-Unis concentrent l’essentiel de la baisse d’activité fûts en volume, fortement impactés par les faibles niveaux de récolte et la prudence affichée par les acteurs du vin. Tout en limitant leur retrait sur des marchés majoritairement en recul à deux chiffres, l’ensemble des métiers du groupe sont impactés par cet environnement", avance la société

"Si la décroissance touche les trois divisions du groupe, le pôle alcools affiche sans surprise une dégradation marquée de sa dynamique commerciale, en baisse de près de 20% sur le deuxième trimestre, concentrée notamment sur la division Bourbon", signale Corentin Marty, analyste chez TP ICAP Midcap.

À fin octobre, l'activité du pôle "alcools" plie de 10,9% à données publiées et de 10,8% à données comparables pour ressortir à 121,5 millions d'euros. TFF Group avance pour cette division, une baisse plus marquée sur les ventes externes de bois que sur les ventes de fûts neufs à près de 300.000 fûts, ce qui s'avère "globalement en ligne" avec les attentes annuelles de TP ICAP Midcap situées aux alentours des 600.000 fûts.

L’activité de la division whisky recule légèrement, avance le groupe, avec des conditions de marché moins favorables aux ventes de fûts neufs. "Les activités négoce, réparations de fûts usagés et pots de fleurs s’inscrivent en légère croissance", poursuit TFF Group.

Un peu plus bas dans les comptes, le groupe explique que sa performance financière sur le semestre a été affectée par le ralentissement conjoncturel de ses marchés, qui fait suite à un exercice 2023-2024 qu'il qualifie "d'exceptionnel". Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) chute de près de 19% sur un an, à 50,17 millions d'euros. La marge correspondante s'effrite de 2,5 points de pourcentage à 20,9%, à comparer avec une marge d'Ebitda à 23,4% l'année précédente.

"Dans un contexte d’activité dégradée, le groupe affiche une belle maîtrise de ses coûts avec une marge d’Ebitda de 20,9%, légèrement au-dessus de nos attentes (20,4%)", apprécie Corentin Marty.

De son côté, le résultat net chute de près de 42% à 23,8 millions d'euros, pénalisé entre autres par un résultat financier négatif sur la période qui intègre une perte de change nette de 4,3 millions d'euros, et une hausse du coût de l'endettement net à 6,2 millions d'euros.

À la Bourse de Paris, le titre TFF Group cède encore 2,9% à 26,90 euros, après avoir lâché 6,1% en début de séance.

Des perspectives prudentes

Le leader de la tonnellerie affiche logiquement sa prudence pour le second semestre, qui s’annonce selon lui encore contrarié par un environnement géopolitique et climatique adverse.

TFF Group évoque "un scénario qui semble se préciser" pour le semestre en cours, avec une baisse d'activité supérieure à 10% et une rentabilité opérationnelle inférieure à celle du semestre écoulé.

Le groupe n'est pas non plus très optimiste pour l'ensemble de son exercice 2024-2025 clos fin avril, qui sera selon lui caractérisé par une pause dans sa croissance.

TP ICAP Midcap ajuste par conséquence ses prévisions pour l'ensemble de l'année en cours, tablant désormais sur un chiffre d'affaires de 439,9 millions d'euros (contre 453,9 millions d'euros précédemment) mais laisse ses attentes en termes de marge d'Ebitda inchangées (18,6%). Le bureau d'études reste à la vente sur le dossier tout en ajustant sa cible à 25 euros contre 25,5 euros auparavant.

Ce qui reste très cohérent avec les précédentes annonces de TFF Group. En septembre, la société avait déjà préparé le terrain, et avait averti que l'exercice en cours sera difficile à négocier compte tenu d'un environnement de marché défavorable.

Le groupe avait alors abaissé son objectif annuel de chiffre d'affaires. La direction qui avait annoncé en juillet dernier viser un chiffre d'affaires de l'ordre de 500 millions d'euros, avait alors prévenu que ses ventes pourraient se situer en-deçà de ce seuil.

Elle n'était pas non plus très optimiste sur ses niveaux de rentabilité, qui pourraient, selon elle, s'inscrire en baisse, en raison d'"un environnement ponctuellement défavorable avec des marchés actuellement à la recherche d’un nouveau point d’équilibre".