(BFM Bourse) - Après plusieurs avertissements successifs de grands noms des semi-conducteurs, la reprise par l'américain Micron Technology de certaines livraisons de composants électroniques au groupe chinois Huawei offre un bol d'air au secteur.

Le producteur américain de composants électroniques Micron Technology a publié mardi un chiffre d'affaires et un bénéfice trimestriels supérieurs au consensus des analystes, et dit observer de premiers signes d'amélioration de la demande. Des annonces saluées à Wall Street où le titre prenait jusqu'à plus de 10% dans les échanges électroniques après Bourse. Au-delà des résultats trimestriels convaincants, le marché réagit principalement à l'annonce, par le PDG du groupe Sanjay Mehrotra, de la reprise des livraisons de certains composants électroniques au chinois Huawei. De fait, après examen minutieux des textes officiels du ministère américain du Commerce qui avait promulgué, mi-mai, l'interdiction de vendre des composants et technologies à Huawei, le groupe américain a estimé que certains d'entre eux n'entraient pas dans le champ de l'interdiction de Washington.

Sanjay Mehrotra a cependant souligné les "incertitudes considérables" autour de Huawei et prévenu qu'il veillerait à s'adapter à tout changement réglementaire. Selon des informations du New York Times, Intel poursuit également ses livraisons au numéro deux mondial des smartphones, accusé par Donald Trump d'être une "menace pour la sécurité nationale" du fait de sa proximité supposée avec le régime chinois. Les propos du dirigeant de Micron font écho à ceux de la Semiconductor Industry Association (SIA), qui représente les poids lourds du secteur, et qui a estimé vendredi dernier que certaines ventes étaient toujours légalement possibles.

"Comme nous en avons discuté avec le gouvernement américain, il est maintenant clair que certains produits peuvent être fournis à Huawei" tout en respectant les textes, a ainsi écrit, dans un communiqué, le dirigeant de la SIA, John Neuffer. Ce dernier avait toutefois renouvelé ses craintes à long terme pour le secteur américain des semi-conducteurs, amputé d'un marché colossal.

La décision de Washington de sanctionner Huawei, prise sur fond de guerre commerciale, a créé par ricochet de grosses incertitudes pour des entreprises américaines, nombreuses à avoir le géant chinois comme client, que ce soit pour des composants ou des technologies et services (Android-Google, Facebook...). En 2018, le groupe technologique chinois avait acheté pour quelque 11 milliards de dollars de composants fournis par les entreprises américaines. Cette interdiction apparaît d'autant plus comme un casse-tête qu'elle semble assez floue quant aux produits et technologies précisément interdits à l'exportation (notamment pour les produits fabriqués dans d'autres pays). Illustration du casse-tête posé aux entreprises américaines, le groupe de messagerie FedEx s'est fâché lundi et a déposé une plainte contre le ministère du Commerce américain, qu'il accuse de faire porter un "fardeau impossible" aux sociétés de livraison par ses sanctions commerciales.

L'annonce intervient après plusieurs avertissements de leaders du secteur

C'est donc l'ensemble du secteur des semi-conducteurs qui profite de la publication trimestrielle de Micron Technology ainsi que des propos tenus par son dirigeant. À Paris, le fabricant franco-italien de puces électroniques STMicroelectronics avance de 1% à 15,02 euros vers 10h15, tandis que le producteur de matériaux semi-conducteurs Soitec progresse de 1,1% à 94,85 euros, dans un marché parisien qui tourne toujours au ralenti (-0,15% pour le CAC). L'allemand Infineon s'adjuge également près de 1% à Francfort, et le titre de l'autrichien AMS grimpe de plus de 3% à la Bourse de Zurich.

(avec AFP)