(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques a livré ses perspectives de moyen terme avec des objectifs comprenant entre autres, une politique volontariste en matière de croissance externe. Mais ces cibles ont été perçues comme prudentes par le marché, ce qui explique la forte baisse du titre à la Bourse de Paris.
Décidément, livrer au marché des objectifs à horizon 2028 ne porte pas chance aux sociétés qui se prêtent à l'exercice. La semaine dernière, Safran avait été sanctionné en Bourse, perdant plus de 7% le jeudi 5 décembre. Les investisseurs avaient peu goûté aux perspectives de moyen terme du motoriste puisqu’ils comprenaient des objectifs très éloignés des attentes.
Une semaine plus tard, c'est au tour de Sopra Steria Group de se retrouver dans le viseur des marchés. L'entreprise de services numériques a aussi livré ses cibles pour 2028 en amont de sa journée dédiée aux investisseurs. Là aussi, l'accueil réservé à cette feuille de route est glacial. Sopra Steria accuse la plus forte baisse du SBF 120, lâchant 7,5% vers 11h30, alors que son indice de référence limite son repli à 0,10% au même moment.
Des ambitions fortes en croissance externe
Dans son communiqué, Sopra Steria explique "vouloir s'affirmer comme un leader européen des services du numérique et "se positionner comme une alternative crédible et de confiance en Europe face à des acteurs mondiaux". Dans cette optique, l'entreprise prévoit d'étendre et d'équilibrer sa présence européenne en s'appuyant sur cinq grandes zones géographiques générant un chiffre d'affaires proche ou supérieur au milliard d'euros (France, Royaume-Uni, Benelux, Scandinavie, Allemagne).
"Ce qui sous-entend une concentration des acquisitions dans les trois dernières zones géographiques où le groupe réalise entre 400 et 600 millions d'euros de chiffre d'affaires", explique Invest Securities dans un commentaire de marché.
Sopra Steria explique aussi vouloir développer l’activité de conseil pour atteindre une part d’au moins 12 % de son chiffre d’affaires et accélérer sur les technologies de nouvelles génération ,sans préciser lesquelles, afin qu'elles contribuent à 60% du chiffre d'affaires du groupe en 2028.
Sopra Steria, qui entend réaliser un chiffre d'affaires aux alentours des 5,80 milliards d'euros en 2024, compte faire grimper ses revenus au-dessus de 7 milliards d'euros en 2028. La progression de l'activité sera basée sur une croissance organique (hors effets de changes et de périmètre) comprise entre 2% et 5 % par an à compter de 2026 et à une politique de croissance externe générant environ 1 milliard d'euros de revenus acquis entre 2024 et 2028. Le groupe de conseil, de services et solutions numériques vise ainsi une croissance totale moyenne de l'ordre de 6% par an.
Toujours à l'horizon 2028, le taux de marge opérationnelle d'activité est attendu en amélioration entre 10 et 11%, contre 9,7% prévu pour cette année. Le flux net de trésorerie disponible devrait être compris entre 5 % et 7 % du chiffre d’affaires sur la période, quand le retour sur capitaux employés avant impôt devrait atteindre environ 20%.
Un mutisme sur 2025
De prime abord, la feuille de route présentée par Sopra Steria apparait comme "réaliste mais sans surprise majeure", souligne Invest Securities. Mais à y regarder de plus près, les objectifs présentés par le groupe de services numériques sont plutôt timides. C'est ce qui frappe les analystes ce jeudi matin. Invest Securities remarque que Sopra Steria "ne s'est pas risqué à donner des indications sur 2025, ce qui suppose une année 'soft' comme 2024".
"Bien que ces orientations ne soient pas, en elles-mêmes, inférieures aux attentes du marché et sachant qu'il est tout à fait sain que le groupe veuille prendre en compte d'éventuels cycles macroéconomique, l'effet d'annonce est assez mitigé si l'on tient compte du fait que le groupe visait précédemment une croissance organique de 4% à 6 % pour l'année en cours", estime pour sa part Oddo BHF dans une note publiée ce jeudi matin.
"Il est donc un peu surprenant/décevant que le groupe plafonne maintenant davantage la fourchette supérieure de ces prévisions", poursuit le bureau d'études.
En ce qui concerne la marge opérationnelle et le free cash flow, Oddo BHF remarque aussi que la borne inférieure des objectifs est vraiment prudente et pourrait décevoir, mais rappelle que cette prudence est délibérée dans la mesure où le "groupe vise généralement à dépasser ses ambitions".
Ce sont autant de paramètres qui font "relativiser les éléments décevants dans les objectifs financiers du groupe", note le bureau d'études. "Néanmoins, il semble maintenant clair que ce CMD (journée investisseurs) ne sera pas un catalyseur pour le re-rating (remontée) du cours de l'action. Seules les ambitions de M&A (fusions-acquisitions, NDLR) sont réellement enthousiasmantes à ce stade, mais le timing est évidemment incertain à ce sujet, comme toujours", conclut Oddo BHF qui maintient son avis à surperformance et son objectif de cours de 251 euros sur la valeur.
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