(BFM Bourse) - Le groupe de restauration collective a abaissé, ce jeudi 20 mars, ses objectifs pour l'exercice 2024-2025, en raison de difficultés importantes en Amérique du Nord, en particulier dans le segment "éducation".
Les vieux démons de Sodexo se rappellent à la mémoire du groupe de restauration collective. Ce jeudi 20 mars, l'entreprise contrôlée par la famille Bellon s'effondre à la Bourse de Paris, chutant de 20,4% vers 11h35, après avoir lancé un lourd avertissement sur résultats.
De mémoire, en excluant la période liée à la crise sanitaire, Sodexo n'avait pas passé de "profit warning" depuis le 29 mars 2018, il y a donc quasiment sept ans. L'action avait alors plongé de 15,7%. "Tout le monde a un peu l'impression d'être sept ans en arrière", juge d'ailleurs un analyste.
Les causes de l'avertissement sur résultats annoncé ce jeudi sont d'ailleurs sensiblement les mêmes que pour celui de 2018.
La PDG, Sophie Bellon, a indiqué aux analystes que l'activité du groupe avait évolué en ligne avec les attentes en Europe, en Asie et dans le reste du monde.
Mais l'Amérique du Nord, région qui représente environ 47% des revenus de l'entreprise, a déçu au deuxième trimestre, a-t-elle ajouté, "en particulier sur le dernier mois" c'est-à-dire en février. La croissance en données comparables dans cette région a atteint 3,5% au premier semestre 2024-2025 de l'entreprise, période close fin février, une progression "plus faible qu'attendue", a reconnu Sodexo.
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De faibles volumes dans les universités
Sodexo a souffert de décalages de nouveaux contrats dans le segment "santé" et surtout de la faiblesse des volumes dans le segment "éducation" et en particulier au niveau des universités. Le directeur financier, Sébastien de Tramasure, a expliqué que Sodexo avait pâti du "mix" de son portefeuille de clients, avec des universités situées au Nord et au Nord-Est du pays.
Dans ces universités "l'environnement a été défavorable" et les programmes de financement de la restauration au bénéfice des étudiants ont été moins nombreux.
Sophie Bellon a assuré que la société avait mis en place des initiatives pour redresser la barre. Un nouveau directeur du segment "université" a récemment été nommé, a-t-elle annoncé. La dirigeante a également indiqué que la société avait "développé une nouvelle offre" qui sera lancée sur un certain nombre de sites au printemps, ce qui devrait soutenir les volumes.
Mais en attendant la performance globale de la société s'avère, donc, décevante. Sur l'ensemble du premier semestre, Sodexo a dégagé des revenus de 12,475 milliards d'euros, avec une croissance en données comparables de 3,5%, avec un net ralentissement au deuxième trimestre (+2,3% selon Oddo BHF). Les revenus s'avèrent inférieurs de 1% aux attentes des analystes, logées à 12,58 milliards d'euros selon un consensus cité par Oddo BHF, tandis que la croissance organique était, elle, attendue à 4,5%.
Le résultat d'exploitation s'est inscrit à 651 millions d'euros, en hausse de 6,4% mais nettement inférieur au consensus (670 millions d'euros). La marge correspondante s'est établie à 5,2% contre 5,3% attendu par les analystes.
"Dead money"
À l'issue de ces annonces, Sodexo a donc abaissé ses perspectives pour l'exercice 2024-2025 clos fin août prochain, tablant désormais sur une progression de ses revenus comprise entre 3% et 4%, contre une fourchette de 5,5% à 6% auparavant, ainsi que sur une marge d'exploitation en hausse de 0,1 à 0,2 point de pourcentage, contre une progression de 0,3 point à 0,4 point auparavant visée.
Sophie Bellon a par ailleurs indiqué que sur les six gros contrats qui devaient être renouvelés ces derniers mois, Sodexo en a perdu un. La dirigeante a également précisé que, pour l'ensemble de l'exercice en cours, la société visait un taux de rétention de ses clients compris entre 94% et 94,5%, contre 94,2% sur le précédent exercice, et un précédent objectif de 95%.
À l'heure où l'administration Trump sabre dans les dépenses fédérales, Sébastien de Tramasure a assuré que Sodexo était peu exposé à des contrats avec les agences fédérales américaines. Ces contrats ne représentent que 4% des revenus de la société en Amérique du Nord, dont la moitié avec la marine américaine, moins susceptible d'être touchée par les coupes budgétaires.
"Cette réduction des prévisions pour l'exercice est une nouvelle déception après la publication du premier trimestre qui était déjà considéré comme faible. Nous craignions un abaissement des prévisions, mais principalement sur la croissance organique (et non sur les marges) et pas à ce point", écrit Oddo BHF.
Le bureau d'études estime que cette publication soulève des interrogations "sur l'amélioration de Sodexo dans les segments éducation et santé aux États-Unis, qui ont déjà souffert dans le passé".
"Le problème c'est que cet avertissement sur résultats est lié à des problèmes spécifiques à Sodexo, et à des choix stratégiques sur leur positionnement sur des universités de taille moyenne, situées dans le Nord-Est des États-Unis et donc davantage sujettes à des pressions sur le consommateur", juge un analyste. "La valeur est désormais 'dead money' (considérée sans potentiel, NDLR)", tranche-t-il.
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