(BFM Bourse) - Le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétique souffre ce lundi 24 février après qu'une note du TDCowen a rapporté que Microsoft a abandonné des contrats de location de capacités de data centers. Ce qui vient jeter un doute sur la croissance des data centers, segment clef pour Schneider Electric et Legrand.
Début de semaine mouvementé pour Schneider Electric. Le spécialiste des équipements électriques abandonne 4,4% en fin de matinée, ce lundi 24 février, avec un point bas à -5,5% en début de séance. Legrand, autre grand spécialiste des équipements électriques du CAC 40, perd de son côté 1,4% accusant la deuxième plus forte baisse de l'indice parisien (derrière donc Schneider).
Ce mouvement survient alors que Schneider Electric a déjà publié ses résultats annuels et qu'aucune actualité majeure n'est à noter du côté de la société française.
Plusieurs analystes ont expliqué à BFM Bourse que la baisse du titre était à lier à une note du courtier américain TD Cowen sur Microsoft.
Le "broker" a écrit que la société technologique américaine aurait annulé des contrats "importants" de locations de capacités de "data centers" (centre de données) aux États-Unis. D'après Bloomberg, la note de TDCowen a été écrite vendredi après la fermeture du marché français, et est notamment basée sur des retours de fournisseurs de Microsoft.
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Doute sur les ambitions de Microsoft dans les data centers
Selon, cette fois investing.com, TDCowen explique que ces contrats représentent plus d'1 gigawatt de capacités. Le courtier estime que ces annulations de contrats pourraient être liées à de potentielles surcapacités qui pointeraient "la perte d'un signal majeur sur la demande".
Microsoft a, ces derniers trimestres, dû composer avec des contraintes en termes de capacités de data centers. Ces restrictions avaient conduit le groupe américain à livrer une croissance inférieure aux attentes dans sa division d'informatique dématérialisée (cloud), Azure, fin janvier, lors de la publication de ses résultats trimestriels.
Amy Hood, la directrice financière de Microsoft, avait alors expliqué que l'entreprise ne disposait toujours pas d'une capacité de data centers suffisante pour répondre aux besoins de ses clients. La société comptait toutefois prendre des mesures pour y remédier.
Le fait que Microsoft puisse annuler des contrats visant à étendre ces capacités de data centers a de quoi faire douter le marché. De telles décisions laissent penser que la société a pu vouloir trop investir dans les centres de données, surévaluant la demande pour des technologies d'intelligence artificielle (IA). En janvier, le groupe de Redmond avait annoncé qu'il dépenserait sur son exercice 2024-2025 pas moins de 80 milliards de dollars dans des data centers pour entraîner des IA et les déployer.
Microsoft a-t-il surestimé ces besoins d'investissements? Les autres groupes de tech américains réduiront-ils la voilure dans l'IA et par ricochet dans les data centers? Il est évidemment trop tôt pour répondre à ces questions. Mais ce sont des interrogations qui peuvent flotter dans l'esprit des investisseurs.
Interrogé par Bloomberg, Microsoft a confirmé sa cible d'investissements de 80 milliards de dollars dans les data centers en 2024-2025 mais n'a pas souhaité s'exprimer sur la note de TDCowen.
Un segment clef pour Schneider Electric
Pour revenir à Schneider Electric, la note de TDCowen sur Microsoft plombe le groupe français en Bourse car elle jette un doute sur les perspectives de croissance des data centers.
Or, Schneider Electric et Legrand sont très exposés à ce segment. Les deux groupes conçoivent des logiciels, produits et services pour les data centers, notamment pour optimiser l'efficacité énergétique de ces structures très énergivores.
Le directeur général de Schneider Electric, Olivier Blum, avait indiqué la semaine dernière sur BFM Business que les data centers représentaient environ 25% des revenus de la société. Surtout les centres de données constituent le plus important axe de croissance de la société.
Schneider Electric n'a pas précisé leur contribution à la croissance la société, lors de la publication de son activité du quatrième trimestre, la semaine dernière. Toutefois, Schneider Electric évoquait le "dynamisme" des data centers pour expliquer sa croissance de plus de 25% dans son activité de "gestion d'énergie" en Amérique du Nord. Cette activité avait permis à Schneider d'atomiser les attentes, avec une croissance en données comparables de 12,5% au quatrième trimestre, quand les analystes ne tablaient que sur 7,9%.
Barclays estimait en janvier que Schneider Electric avait "le portefeuille le plus complet" dans les équipements électriques pour les data centers, aux cotés de l'américain Vertiv, les deux sociétés représentant environ 45% du marché.
En résumé, les data centers sont clef pour l'évolution de l'action Schneider Electric. À la fois parce qu'il s'agit du segment le plus important pour la croissance de la société. Mais aussi par ce que, via l'exposition de Schneider à ces data centers, les investisseurs ont investi dans l'action du groupe français pour s'exposer à la thématique de l'IA en Bourse, qui a été très porteuse ces dernières années.
"La réaction du marché, c'est-à-dire une baisse de 5% de l'action Schneider est discutable et peut-être exagérée. Mais il faut voir que la note de TDCowen malmène le sentiment de marché", considère un spécialiste de la valeur.
Un autre intermédiaire financier abonde. "La baisse du titre peut faire débat. Mais les investisseurs ont des attentes importantes sur une croissance importante et régulière des data centers. Sur des titres comme Schneider Electric, l'optimisme a été important et a probablement atteint un pic lors de l'annonce du projet américain Stargate (un projet d'investissement d'au moins 100 milliards de dollars dans les data centers, NDLR)", explique-t-il.
"Depuis, ces valeurs sont jugées chères et une rotation de marché a lieu, avec un marché se positionnant sur d'autres actions dans d'autres secteurs. Un groupe comme Schneider Electric est vulnérable à cette rotation", ajoute-t-il.
Cet intermédiaire financier remarque que le groupe français n'est pas le seul à souffrir,. Siemens Energy, groupe allemand d'énergie exposé aux data centers via son activité de réseaux électriques, abandonne 4% à la Bourse de Francfort. GE Vernova, rival américain de Siemens Energy, a de son côté chuté de près de 9%, vendredi soir à Wall Street.
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