(BFM Bourse) - Deutsche Bank a abaissé son conseil d'acheter à conserver sur la valeur ce mercredi, jugeant qu'une respiration doit s'observer sur le titre. HSBC avait effectué le même mouvement il y a deux semaines.
Indubitablement Schneider Electric a le vent poupe depuis plusieurs mois en Bourse. L'action s'adjuge 14% depuis le début de l'année, après avoir déjà signé un excellent millésime 2023 (+39%) avec la quatrième plus forte hausse du CAC 40.
Le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétiques a repassé la barre des 100 milliards d'euros de capitalisation boursière (119 milliards d'euros actuellement). Petite consécration: l'industriel a été inclus dans les "super seven" de Citi, un groupe de sept grandes valeurs européennes considérées par la banque américaine comme peut-être plus prometteuse que les "sept magnifiques" (Alphabet, Tesla, Microsoft, Apple, Nvidia, Amazon, Meta) de Wall Street. Outre Schneider Electric, Novo Nordisk, LVMH, Richemont, ASML, Ferrari et SAP font partie de ces "super seven".
Schneider Electric a notamment enchanté le marché lors d'une journée dédiée aux investisseurs, en novembre, lorsque le groupe a dévoilé des cibles prometteuses de croissance à l'horizon 2027, appuyées par son exposition aux data centers. Le groupe a aussi bien passé l'épreuve des résultats annuels, avec une action qui a progressé de 1,5% à la suite de la publication. L'an passé, Schneider a dégagé une croissance en données comparables de 12,7% tandis que sa génération de trésorerie a bondi de 38% à 4,6 milliards d'euros.
"Schneider Electric accompagne les entreprises dans la réduction de leurs émissions énergétiques notamment via le monitoring (surveiller que les appareils consomment le moins possible et ne dépensent pas de l'énergie pour rien, NDLR), c'est limite une valeur tech aujourd'hui", expliquait fin 2023 sur BFM Bourse, Frédéric Rozier, co-responsable de la gestion de portefeuille chez Mirabaud.
Un potentiel limité
Mais un adage en Bourse veut que les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. C'est en tout cas ce que semble penser Deutsche Bank qui a abaissé son opinion sur la valeur passant d'"acheter" à "conserver" sur l'action ce mercredi, avec un objectif de cours maintenu à 200 euros. Ce qui pèse un peu sur le titre, qui recule de 0,5% ce mercredi vers 12h15.
La banque remarque qu'à la clôture de mardi, l'action gagne 36% depuis le début de l'année et surtout 66% depuis septembre 2022, lorsque Deutsche Bank était passé à l'achat. Le titre s'échange 25 fois les bénéfices attendus sur douze mois, ce qui représente une prime de 45% par rapport à sa moyenne historique, et ne laisse "aucune marge de sécurité", fait-elle valoir.
Certes, les perspectives de croissance se sont améliorées pour la société qui compte dégager une croissance en données comparables de 7% à 10% par an en moyenne sur la période 2023-2027, de même qu'un accroissement de sa marge de résultat d'exploitation avant amortissements et certaines charges (Ebita) de 0,5% en moyenne par an sur la même période.
Mais, en se basant sur le "PEG" (price-earnings to growth), qui rapporte le cours d'une action à la croissance de son bénéfice, Deutsche Bank remarque que le marché valorise déjà le groupe en intégrant le haut de la fourchette de ses objectifs, souligne Deutsche Bank.
Une cyclicité sous-estimée ?
Ce alors que l'établissement considère que les objectifs de Schneider Electric sont ambitieux, c'est-à-dire non dénués de risques. Si le groupe a enregistré une croissance organique de 12% en moyenne lors des trois derniers exercices, cette moyenne tombe à 3% sur les 10 années précédant l'éclatement du Covid.
"Si nous ne remettons pas en cause le nouveau statut de Schneider en tant qu'entreprise régulière et bien gérée, exposée aux tendances à long terme de l'électrification et de la numérisation, nous craignons que les investisseurs ne négligent le degré de cyclicité qui subsiste dans le portefeuille", écrit la banque allemande.
Deutsche Bank estime que les revenus de Schneider Electric peuvent croître de 6-7% par an grâce notamment aux data centers et à l'intelligence artificielle qui contribuerait à hauteur de 1,5 point de pourcentage. Mais "tout ce qui dépasse la barre des 7% nous semble agressif", juge-t-elle.
L'établissement pointe par ailleurs le ralentissement du segment "produits", qui représente 53% des revenus de Schneider Electric (contre 28% pour les systèmes et 19% pour les logiciels et services). Au quatrième trimestre ce segment a enregistré une croissance en données comparables de 2%, contre 5% au troisième et 10% au deuxième. Deutsche Bank s'attend à un premier trimestre encore atone, alors que la baisse de l'activité des distributeurs clefs des produits de Schneider (Wesco, Rexel) confirme la mauvaise tendance de la demande.
La banque se demande également si la société n'est pas en train de perdre du terrain dans l'automatisation industrielle. Cette division a progressé de 18% en données comparables par rapport à son niveau d'activité pré-covid, soit quatre points de pourcentage de moins que le secteur, note-t-elle.
La patience est requise
Avant Deutsche Bank, HSBC avait également revu son opinion à "conserver" sur Schneider Electric contre "acheter" auparavant, le 22 février dernier.
La banque sino-britannique pointait également la valorisation du groupe "chargée à bloc" avec donc très peu de potentiel à court terme.
"'Si Schneider peut maintenir ses multiples de valorisation actuels dans les années à venir, cela pourrait potentiellement générer une hausse pour les investisseurs qui ont des périodes de détention supérieures à 12 mois, toutes choses égales par ailleurs", jugeait néanmoins HSBC.
"Nous continuons à penser que l'entreprise est bien positionnée pour une croissance future à partir de tendances à long terme, notamment l'électrification, la numérisation, l'automatisation, l'efficacité énergétique et la durabilité, ainsi que la croissance des logiciels", admettait également la banque.
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