par Matthias Blamont

BORDEAUX (Reuters) - Safran va réévaluer l'impact sur ses comptes de la grève de près de deux mois chez le constructeur aéronautique américain Boeing et estime que son effet sur le chiffre d'affaires 2008 devrait être légèrement supérieur à 100 millions de dollars, déclare Marc Ventre, directeur général adjoint du spécialiste de l'aéronautique, de défense et de sécurité.

"Nous communiquerons une estimation précise dès que nous aurons reçu des éléments de Boeing. La réévaluation en cours sera révisée légèrement à la hausse, la grève a duré plus longtemps que prévu", a-t-il dit au cours d'une interview accordée à Reuters en marge du sommet européen de l'aviation à Bordeaux.

En désaccord avec leur direction sur leur convention collective fixant leurs conditions de rémunération, 27.000 ouvriers des lignes d'assemblage de Boeing ont déclenché une grève le 6 septembre. Le conflit social a duré 57 jours.

Lors de la publication de son chiffre d'affaires du troisième trimestre le 17 octobre, Safran avait prévenu s'attendre à ce que l'arrêt de travail chez son client américain se traduise par une dépréciation du chiffre d'affaires annuel de 100 millions de dollars et par une influence "modérée" sur sa marge.

Cette année, Safran vise des ventes supérieures à 10 milliards d'euros et un résultat opérationnel d'environ 750 millions d'euros.

Partenaire de longue date de Boeing, Safran assure la fabrication de tous les réacteurs du monocouloir 737 de Boeing via CFM International, filiale contrôlée à 50-50 avec General Electric.

CROÎTRE SUR LE RÉGIONAL

Interrogé sur les perspectives de la branche propulsion de Safran, Marc Ventre a indiqué que les reports ou annulations de commandes enregistrées par les constructeurs représentaient toujours "4 à 5% du carnet de commandes moteurs".

Alors que certains analystes craignent un ralentissement de la croissance organique du groupe dans les prochains mois, le dirigeant a affirmé ne pas être en mesure de donner des indices de visibilité sur le quatrième trimestre et sur 2009 mais jugé que la part des services dans le chiffre d'affaires 2008 serait "sensiblement proche" de celle de 44% observée en 2007.

"A court et moyen termes, nous voulons poursuivre notre croissance sur le créneau de l'aviation régionale", a poursuivi Marc Ventre. Safran collabore notamment sur le futur Superjet 100 du constructeur russe Sukhoï, un avion de 75 à 95 sièges, et s'est positionné sur les projets similaires des constructeurs chinois.

Marc Ventre a également rappelé que Safran envisageait toujours de rapprocher sa filiale Snecma propulsion solide des activités de défense de SNPE dans le cadre de la privatisation attendue du groupe public.

"Nous défendons ce dossier depuis neuf ans et sommes prêts à bouger dès que ce sera officiel", a-t-il dit. En 2007, SNPE a dégagé un chiffre d'affaires de 692,9 millions d'euros et un résultat net de 106,9 millions.

Édité par Jacques Poznanski

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