par Tim Hepher et Alison Leung

PARIS/ZHUHAI, Chine (Reuters) - L'équipementier aéronautique Safran devra clarifier ses intentions sur son concurrent Zodiac d'ici vendredi avant l'ouverture de la Bourse, a annoncé mercredi l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Après avoir vainement tenté d'engager des discussions amicales avec Zodiac, Safran n'exclut désormais pas de lancer une offre hostile sur son concurrent.

"L'Autorité des marchés financiers (...) a demandé à la société Safran de publier, au plus tard vendredi 19 novembre 2010 avant Bourse, un communiqué afin d'informer le public de ses intentions (sur Zodiac - NDLR)", fait savoir l'AMF dans un communiqué.

Personne chez Safran n'était en mesure de commenter dans l'immédiat les déclarations de l'AMF.

La réaction du gendarme français des marchés financiers intervient alors que Jean-Paul Herteman, le président du directoire de Safran, a déclaré dans la journée qu'une offre hostile sur Zodiac était une "possibilité".

Le patron de l'équipementier spécialisé dans l'aéronautique, la défense et la sécurité, qui s'exprimait devant un petit groupe de journalistes au salon aérien de Zhuhai en Chine, a toutefois pris soin de préciser qu'il s'agissait d'une "possibilité" théorique nécessitant davantage de réflexion.

"Ce n'est pas notre style mais effectivement, théoriquement, cela fait partie des options possibles, mais il faut réfléchir", a souligné Jean-Paul Hertman en réponse à une question sur un tel scénario.

Il a réaffirmé que la question devrait être tranchée "dans peu de temps".

Zodiac s'est refusé à tout commentaire.

L'action Zodiac a clôturé en hausse de 2,21% à 52,78 euros, après un bond de plus de 3% en début de séance, le marché croyant en fait peu à l'hypothèse d'une offre hostile.

"Nous serions surpris par une offre hostile, car il faut se rappeler que 45% du capital de Zodiac est aux mains d'actionnaires familiaux et certains d'entre eux seront difficiles à convaincre à moins que Safran intègre une bonne partie en numéraire dans sa proposition", a déclaré un trader à Paris.

L'action Safran a terminé la séance en repli de 1,35% à 21,53 euros, après avoir chuté de plus de 4% en début de matinée à un plus bas de près d'un mois.

Chevreux souligne qu'en cas d'offre hostile, l'intervention d'un chevalier blanc, peut-être américain, n'est pas à exclure.

Safran, qui est convaincu de l'intérêt industriel et stratégique d'un rapprochement avec Zodiac, a proposé cet été de manière informelle d'engager des discussions. L'offre a été rejetée par le conseil de surveillance de Zodiac Aerospace.

Les relations entre les deux groupes sont restées tendues.

HAMILTON SUNDSTRAND PAS INTÉRESSÉ

Un autre prédateur potentiel de Zodiac récemment cité par La Lettre de l'Expansion, l'américain Hamilton Sundstrand, filiale du groupe United Technologies,, a dit ne pas être intéressé par le groupe français.

"Ce sont des spéculations. Nous ne regardons pas du tout ce dossier", a dit à Reuters lors du même salon aéronautique Alain Bellemare, président d'Hamilton Sundstrand.

Depuis qu'il a cédé sa branche de bateaux gonflables, Zodiac est principalement connu pour ses sièges de cabine et ses équipements intérieurs.

Les analystes s'interrogent par conséquent sur l'existence de véritables synergies entre Zodiac et Safran, dont l'activité aéronautique tourne essentiellement autour de la construction de moteurs d'avion.

Jean-Paul Herteman estime, lui, que les systèmes d'électronique élaborés par Zodiac deviendront de plus en plus importants dans la conception des avions et qu'un rapprochement améliorerait la position de Safran dans un marché, celui de la sous-traitance aéronautique, marqué par une fragmentation importante des fournisseurs.

Les offres hostiles sont rares en France, mais Jean-Paul Herteman, réputé pour sa ténacité, semble vouloir maintenir la pression sur la concurrent.

Selon les analystes du secteur, un ensemble Safran-Zodiac serait en concurrence frontale avec Hamilton Sundstrand et dans une moindre mesure avec un autre américain, Honeywell.

Safran a récemment annoncé l'acquisition de l'américain L-1 Identity Solutions afin de se renforcer dans la sécurité, ainsi que SNPE Matériaux Energétiques (SME) et ses filiales pour leurs activités de propulsion de fusées cruciales pour les missiles militaires et lanceurs spatiaux.

Avec la contribution du service français, édité par Jean-Michel Bélot et Danielle Rouquié

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