(BFM Bourse) - L'équipementier et motoriste aéronautique a livré des résultats solides, avec un résultat opérationnel courant nettement supérieur aux attentes. Le groupe rehausse l'ensemble de ses cibles pour 2025.

Depuis maintenant de longues années, Safran s'est taillé une solide réputation en matière d'exécution. À l'exception peut-être des retards sur le Silvercrest, qui avaient conduit son client Dassault Aviation à abandonner le développement du jet d'affaires Falcon 5X en 2017, l'équipementier et motoriste aéronautique n'a pas connu de sérieux revers opérationnels depuis bien longtemps.

La solidité du groupe et sa capacité à surfer sur des tendances porteuses, liées à l'essor du trafic aérien, lui permettent de signer des performances boursières enviables, sinon remarquables. L'action s'adjuge 37% en 2025, 172% sur trois ans et 225% sur cinq ans.

Les résultats semestriels livrés par la société ce jeudi 31 juillet attestent une nouvelle fois de la solidité de l'entreprise.

"Safran s'envole avec des résultats stellaires au premier semestre et des perspectives ambitieuses", résume le bureau d'études indépendant Alphavalue.

À la Bourse de Paris, l'action prend 2,7%, signant la troisième plus forte hausse du CAC 40. Sur l'ensemble du premier semestre, Safran a dégagé des revenus (*) de 14,77 milliards d'euros, en hausse de 13,2% sur un an et en ligne avec les attentes.

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Une marge supérieure aux attentes

Une nouvelle fois, le groupe a été porté, dans sa division "propulsion", par la vigueur de ses services d'après-vente (maintenance, réparation, ventes de pièces détachées), en croissance de 21,3% sur le semestre, avec notamment une progression de 21,6% des ventes de pièces détachées.

Ces services d'après-vente bénéficient de l'importante base installée de moteurs CFM56, le moteur le plus vendu au monde et commercialisé au sein de CFM International, coentreprise entre Safran et l'américain GE Aero. Environ 23.000 moteurs CFM56 étaient en services en 2024, dont près de 70% n'avaient effectué aucune ou une seule visite en atelier. Ce parc garantit un énorme réservoir de croissance pour les services d'après-vente de Safran, qui sont très rémunérateurs (même si le groupe ne précise pas leur rentabilité).

"Safran a continué d'afficher une forte croissance sur les services d'après-vente au deuxième trimestre dans le domaine de la propulsion (pièces de rechange en hausse de 18,6 %, services en hausse de 24,6 %), ce qui a permis d'améliorer la marge au premier semestre", observe Jefferies.

La division propulsion a ainsi généré une marge opérationnelle courante de 23,3%, en hausse de 3,4 points de pourcentage sur un an. Cette rentabilité tire l'ensemble de celle du groupe. Au premier semestre, le résultat opérationnel courant de Safran a bondi de 27,2% à 2,51 milliards d'euros, pour une marge correspondante de 17% contre 15,1% au premier semestre 2024.

Safran a nettement dépassé les attentes. Selon Oddo BHF, le consensus (la prévision moyenne des analystes) était calé à 2,39 milliards d'euros pour le résultat opérationnel courant.

Cibles relevées

Par ailleurs, le flux de trésorerie libre a atteint 1,834 milliard d'euros, contre 1,46 milliard d'euros un an plus tôt, dépassant légèrement les attentes (1,75 milliard d'euros). Oddo BHF note que le groupe a notamment bénéficié d'acomptes sur la commande d'avions Rafale par l'Inde. Safran fournit le moteur de l'avion de chasse de Dassault Aviation (le M-88), mais aussi divers équipements (sièges éjectables, systèmes de freinage…).

À l'issue de ce premier semestre, Safran a relevé l'ensemble de ses objectifs pour 2025, ce qui ne constitue pas forcément une énorme surprise. Les analystes, comme ceux de Royal Bank of Canada, avait pressenti cette annonce, au regard des résultats livrés la semaine dernière par son partenaire américain GE Aero.

Safran entend désormais dégager une croissance de son chiffre d'affaires de 10% à 12%, un résultat opérationnel courant compris entre 5 milliards et 5,1 milliards d'euros, et un flux de trésorerie libre situé entre 3,4 milliards et 3,6 milliards d'euros, intégrant un impact de 380 millions à 400 millions liés à la surtaxe d'impôt sur les sociétés en France.

Le groupe comptait auparavant générer une croissance de son chiffre d'affaires d'environ 10%, un résultat opérationnel courant situé entre 4,8 milliards et 4,9 milliards d'euros et un flux de trésorerie de 3 milliards à 3,2 milliards d'euros.

Ces objectifs excluent la contribution des activités d'actionnement et de commandes de vol de Collins Aerospace, dont Safran a annoncé la conclusion du rachat le 21 juillet dernier, deux années après avoir l'avoir lancé.

"Les résultats semestriels de Safran soulignent une activité qui tourne à plein régime. Le marché civil de la maintenance continue de bénéficier d'une conjoncture favorable, les marges dans le domaine de la propulsion progressent plus rapidement que prévu et la défense apparaît comme un moteur de croissance clé à long terme", apprécie Alphavalue.

(*) Sauf mention contraire, les indicateurs de cet article font référence aux résultats ajustés, privilégiés par Safran dans la présentation de ses comptes