(BFM Bourse) - Le groupe Renault a confirmé une remise à plat de la gouvernance de l'alliance avec Nissan, qui passe par un rééquilibrage des participations croisées entre les deux groupes. Le marché avait néanmoins largement anticipé ces annonces qui ne décèlent pas de réelle surprise.
Le serpent de mer va enfin sortir de l'eau. Prônée de longue date par les analystes, la refonte de l'alliance Renault-Nissan (à laquelle on ajoute Mitsubishi dont Nissan détient 34%) est dans les starting-blocks.
Le groupe au losange l'a confirmée ce lundi en livrant les grands axes de cette remise à plat. Selon les termes communiqués, Renault, qui détient 43,4% de Nissan, reviendra sur un pied d'égalité capitalistique avec Nissan, chaque groupe automobile détenant 15% de l'autre. Nissan pourra alors récupérer la jouissance des droits de vote attachés à sa participation, ce qui lui est pour l'heure impossible au titre du droit français sur "l'autocontrôle", ce aussi longtemps que Renault détient plus de 40% de son capital .
Les 28,4% restants de la participation de Nissan dans Renault seront logés dans une fiducie française, ce qui neutralisera les droits de vote attachés à cette participation tandis que les droits économiques (dividendes, produits de ventes d'actions) seront conservés. "Renault Group donnerait instruction au fiduciaire de vendre ces actions Nissan si les conditions économiques sont raisonnables pour Renault Group, dans le cadre d'un processus organisé et ordonné, mais il n'aurait aucune obligation de vendre ses actions dans un délai spécifique prédéterminé", a précisé la société dans un communiqué.
"Pas beaucoup de nouveautés"
Nissan de son côté prendra une participation dans Ampère, la future filiale électrique du groupe au losange qui pourrait être introduite en Bourse cette année. L'ampleur de cette participation n'a pas été communiquée. En outre, les alliés expliquent que ce plan – qui doit encore obtenir l'aval des deux conseils des sociétés – relancera le partenariat entre les deux entreprises. Le communiqué cite des "projets clefs" en Amérique latine, en Inde et en Europe dont les détails n'ont pas été précisés. Si ce n'est qu'ils s'articuleront selon trois "dimensions": "marchés, véhicules et technologies".
Pour l'heure le marché prend acte de l'information en effectuant des prises de bénéfices. Vers 14h20, l'action Renault abandonne 3%, accusant le plus fort repli du CAC 40. Depuis le début de l'année, le titre Renault avance de 18%, signant la cinquième plus forte hausse de l'indice phare de la Bourse de Paris.
Comme le souligne UBS, l'annonce de Renault ne prend guère de surprise les investisseurs, car elle n'apporte "pas beaucoup de nouveautés" par rapport aux fuites de presse des dernières semaines.
"Le titre recule, tout simplement parce qu'il n y a pas de mauvaise surprise dans la communication du groupe. Le marché vend ainsi la nouvelle après avoir acheté la rumeur", explique Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF.
"Il sera toutefois intéressant d'avoir le détail des nouveaux projets communs entre les deux groupes car c'est cela qui sera générateur de synergies", poursuit-il. En novembre dernier, Renault avait livré des objectifs financiers ambitieux lors d'une journée dédiée aux investisseurs. Mais ce plan n'incluait alors pas les nouveaux projets (et donc les potentiels synergies) qui pourraient ressortir de sa coopération avec Nissan et/ou Mitsubishi.
Des milliards d'euros à monétiser
Reste également à savoir combien rapportera in fine le désengagement capitalistique partiel de Renault dans Nissan. Dans une note publiée la semaine dernière, Bernstein soulignait qu'en appliquant une décote de 5% au cours de l'action Nissan, la vente d'environ 28% des titres Nissan rapporterait environ 3,4 milliards d'euros de cash au groupe au losange.
Il ne s'agit toutefois que d'une estimation théorique, la fiducie pouvant très bien céder au fil de l'eau sur plusieurs années cette participation, ce qui serait d'ailleurs plus facilement absorbable par le marché. Et permettrait à Renault d'attendre que le cours de Nissan retrouve de l'allant avant d'empocher ses gains.
En attendant les observateurs pourront à loisir commenter cette réorganisation de l'alliance, et se demander s'il s'agit d'un affaiblissement de l'oeuvre initiée par Louis Schweitzer et Carlos Ghosn en 1999. Ou, au contraire, si cela constitue un virage nécessaire pour assainir les relations et garantir la pérennité de l'union entre les deux groupes.
"Ce n'est pas un divorce. L'Alliance fonctionnera beaucoup mieux de façon plus pragmatique avec un rapport 15% -15% et reviendra à des projets très concrets", tranche pour sa part Michael Foundoukidis.
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