(BFM Bourse) - Le constructeur au losange a annoncé avoir changé la comptabilisation de ses actions Nissan dans son bilan, désormais basée sur la valeur de marché. Ce qui occasionnera une perte nette exceptionnelle de 9,5 milliards d'euros sur le résultat net de Renault au premier semestre, mais sans impact sur sa trésorerie. Cette décision permet surtout au groupe de "nettoyer" ses comptes.
Depuis la fin de 2023, Renault et Nissan ont remis à plat leur alliance, actant, d'une certaine façon, que chacun tracerait sa voie, tout en gardant des structures industrielles communes.
Le groupe au losange a ensuite cédé à plusieurs reprises des blocs d'actions de son allié japonais. Ces ventes d'actions Nissan ont, à chaque fois augmenté la trésorerie de Renault.Mais elles ont aussi grevé son bénéfice net.
Ce en raison de la différence entre le prix de marché des actions Nissan et leur valorisation comptable dans le bilan du constructeur français. En 2024, ces moins-values de cessions sur les titres Nissan ont ainsi retranché 1,5 milliard d'euros de bénéfice net chez Renault.
À fin 2024, le solde de la participation du capital de Nissan détenue par Renault, à savoir environ 35,7%, était valorisé à environ 12,6 milliards d'euros dans les comptes du constructeur. Au cours actuel de Nissan (342 yens l'action), le chiffre est beaucoup plus proche de 2,6 milliards d'euros.
Renault a décidé de passer ses comptes à la paille de fer et d'en finir avec les moins-values latentes sur ses actions Nissan.
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Une sorte de solde de tout compte
Le constructeur a annoncé que ses titres Nissan seraient, à compter du 30 juin (c'est-à-dire depuis lundi), valorisés sur la base du cours de Bourse.
Ce qui amène la société à déprécier sévèrement la valeur de ses actions Nissan. L'entreprise accusera en conséquence une perte nette de 9,5 milliards d'euros liées à cette dépréciation sur ses comptes du premier semestre 2025.
Cette charge correspond tout simplement à la "différence entre la valeur comptable actuelle de la participation et sa juste valeur estimée sur la base du cours de Bourse de Nissan au 30 juin" à laquelle s'ajoutent quelques éléments techniques, a expliqué Renault.
Cette perte nette de 9,5 milliards d'euros constitue en quelque sorte un solde de tout compte pour Renault sur ses actions Nissan. "Par la suite, toute variation de la juste valeur de la participation dans Nissan (estimée sur la base du cours de Bourse de Nissan) sera directement comptabilisée en capitaux propres, sans impact sur le résultat net de Renault Group", précise le constructeur au losange.
Aucun impact sur le cash ou le dividende
Le groupe rappelle que cette décision n'a aucun impact sur sa trésorerie ni sur son dividende.
Pour donner une image, la décision de Renault revient, pour un ménage propriétaire d'un bien immobilier, à acter que le bien en question a perdu de sa valeur sur le marché. Si le patrimoine du ménage a baissé, son compte en banque ("le cash" chez Renault), lui, ne bouge pas.
Ce qui explique que le marché ne réagisse guère. Le titre Renault progresse de 0,5% en fin de matinée à la Bourse de Paris, après avoir reculé de 1,7% au cours de la séance.
"Dans les faits, l'annonce de Renault concernant la comptabilisation de sa participation dans Nissan ne change rien. Ce type de décision n’a aucun impact sur le cash, le résultat opérationnel ou le dividende, et n’entraîne pas de révision des prévisions de la part des analystes", explique Adrien Brasey, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue.
"Dans l’absolu, c’est même plutôt une bonne nouvelle, car cette décision apportera davantage de la lisibilité aux futurs comptes de Renault. Le résultat net ne sera ainsi plus affecté par les moins-values liées aux futures cessions d’actions Nissan ni par les potentielles contributions négatives de Nissan", ajoute-t-il
Une clarification bienvenue des comptes
"Renault doit présenter d’ici la fin de l’année son plan stratégique 'Futurama', qui mettra l’accent sur la croissance du bénéfice net par action. La récente décision concernant la comptabilisation des actions Nissan permettra d’avoir un bénéfice net par action 'clean', reflétant mieux la performance réelle du groupe", poursuit l'analyste.
Les analystes de Bernstein, eux aussi, apprécient plutôt cette annonce. "L'entreprise a déclaré qu'elle souhaitait 'réduire les risques liés au bénéfice par action et être plus prévisible à l'avenir'", écrit le bureau d'études.
"Cette décision sera bien accueillie par le marché, car le bénéfice par action de Renault a été affecté par les effets négatifs liés à Nissan, qui ne reflètent pas l'amélioration sous-jacente de l'activité de Renault, conclut Bernstein.
Ce même mardi, Renault a tenu sa conférence téléphonique "pré-close". Ces "calls" sont organisés par la société avant la "quiet period" (en général de quelques semaines) qui précède la publication de résultats et durant laquelle la société s'abstient de communiquer au marché des informations. La société en question fait alors un point et s'assure que tous les analystes disposent de la même information.
"La direction a globalement envoyé un message positif et a confirmé ses objectifs 2025", rapporte Adrien Brasey.
Renault publiera ses résultats semestriels 2025 le 31 juillet prochain.
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