(BFM Bourse) - La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une proposition d'assouplissement sur les cibles d'émissions de CO2, cette année. L'objectif demeure mais serait évalué sur trois ans et non pas un an. Les actions des constructeurs européens ont décollé à la suite de cette annonce.

C'était clairement l'éléphant dans la pièce en Bourse pour les constructeurs européens cette année: la régulation européenne en matière de CO2 dite "CAFE".

En 2025, un tour de vis réglementaire s'est opéré sur cette régulation, avec des seuils d'émissions de CO2 drastiquement abaissés pour les constructeurs automobiles. Selon Bank of America, la cible de référence s'établit à 94 grammes de CO2 par kilomètre, contre 110 grammes en 2021. Cette nouvelle cible a été qualifiée de "douloureuse et peut-être inatteignable" par la banque américaine.

Redoutant de ne pas vendre suffisamment de véhicules électriques pour éviter des amendes dues au non-respect de ces seuils, certains constructeurs ont passé des accords de "pooling" (en gros des achats de crédit de CO2) avec Tesla.

Luca de Meo, le directeur général de Renault et par ailleurs président de l'association européenne des constructeurs européens (ACEA), avait appelé la Commission européenne à faire preuve de davantage de flexibilité.

"J'espère que les autorités écouteront notre alerte", a-t-il déclaré aux analystes. Or la Commission européenne présentera, le 5 mars, un plan d'action industriel pour l'automobile.

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Donner de la flexibilité

Sa présidente, Ursula von der Leyen a dès ce lundi mis fin au suspense en annonçant que la Commission européenne proposerait un assouplissement de ce cadre européen .

Concrètement, les cibles d'émissions de CO2 par véhicule et par constructeurs demeurent inchangées mais seront appréciées sur trois ans plutôt que sur la seule année 2025.

La dirigeante a défendu une mesure "équilibrée", octroyant plus de marge de manœuvre sans pour autant changer la cible. Et ainsi entendre "les voix" qui ont appelé "à plus de pragmatisme en ces temps difficiles", a déclaré Ursual von der Leyen.

Cet "amendement ciblé" devra encore être approuvé par le Parlement européen et le Conseil européen. Mais l'annonce a eu son effet en Bourse.

Renault et Volkswagen ont pris plus de 5% dans la foulée de la déclaration d'Ursula von der Leyen. Les deux groupes gagnaient encore 1,4% et 2,3%, respectivement, vers 16h30. BMW s'adjugeait 0,9%, Mercedes-Benz 1,6% et Stellantis 0,3%.

"Bien que cette annonce ne constitue pas un assouplissement des objectifs, la proposition permettrait aux entreprises de mettre en réserve ou d'emprunter les émissions de leur flotte par rapport à l'objectif sur une période de trois ans (2025-27)", souligne Bernstein, dans une note publiée ce lundi.

"Cette mesure est particulièrement utile car la plupart des équipementiers ont fait valoir que la cadence de lancement de leurs nouveaux véhicules électriques aura son impact le plus fort à partir de 2026", ajoute l'intermédiaire financier.

Important pour Volkswagen

"L'annonce sera la plus utile pour les équipementiers les plus en retard", poursuit Bernstein, qui cite Volkswagen. Ce dernier "est en proie à des retards au niveau des logiciels et des plates-formes, ce qui l'oblige à encourager fortement les ventes de son ID.3 (via par exemple des rabais, NDLR) jusqu'à ce qu'il puisse lancer l'ID.2 à 25 000 euros en 2026", souligne Bernstein.

Dans un rapport publié fin janvier, Bank of America estimait que pour respecter la régulation CAFE, Renault et Volkswagen, les deux constructeurs les plus exposés à ce risque réglementaire, devraient prendre des mesures qui représenteraient 1,3 point de marge opérationnelle pour le groupe français et 0,7 point pour le constructeur allemand.

Renault lui-même avait indiqué intégrer un impact négatif de 1 point de pourcentage lié à la régulation CAFE dans sa prévision de marge opérationnelle pour 2025.

"Alors que l'incertitude demeure en ce qui concerne les exigences CAFÉ 2025 (…), une approche plus souple (moyenne pluriannuelle, introduction progressive, etc.) associée à des mesures supplémentaires pour soutenir la demande de véhicules électriques serait nettement positive pour Renault, qui est l'équipementier le plus exposé à cette question", soulignait il y a deux semaines Oddo BHF.