(BFM Bourse) - Pire chute journalière depuis six mois pour les références mondiales de brut jeudi, dans un marché peu rassuré par l'évolution de la sanitaire sanitaire et ses conséquences sur la reprise de la demande.
Trop haut, trop vite ? Revenus début février à leur niveau "pré-Covid" sur fond d'optimisme (a priori) inaltérable des investisseurs vis-à-vis de la reprise économique, les cours pétroliers de référence ont violemment rechuté jeudi, cédant plus de 10% en séance avant de "limiter" leur repli à environ -7% en clôture. En cause, la vigueur de la "troisième vague" pandémique en Europe qui contraint plusieurs pays à réimposer d'importantes restrictions sanitaires et alimente les doutes sur la vigueur de le la reprise de la demande énergétique.
Mais pas seulement, comme l'explique Benjamin Louvet, gérant matières premières chez Ofi Asset Management qui évoque également "un rapport de l'AIE (Agence internationale de l'énergie, NDLR) pas très positif, un marché qui a surpayé la dernière réunion de l'Opep (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, NDLR), des indicateurs économiques moyens en Asie, des taux qui montent, une campagne de vaccination qui tarde ou encore les reconfinements en Italie, en France et en Allemagne". "Bref, la route est encore longue avant une vraie reprise des cours du pétrole" prédit l'expert.
Plus lourde chute depuis septembre
Mis bout à bout, ces éléments ont nettement affecté l'enthousiasme des opérateurs et provoqué la plus lourde chute journalière des cours du brut depuis le mois de septembre. Le baril américain de WTI pour livraison en avril est ainsi tombé de 7,12% (soit -4,60 dollars), à 60,00 dollars, quand celui de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a pour sa part lâché 6,94% (ou 4,72 dollars), à 63,28 dollars, après avoir flirté avec le seuil des 70 dollars en début de semaine.
Avec le plongeon de jeudi, les deux contrats à terme de référence ont enchaîné une cinquième séance consécutive de baisse, "ce qui n'est pas sans précédent, mais constitue un phénomène inhabituel", souligne Tamas Varga, analyste de PVM. Il faut de fait remonter à la première semaine de septembre pour trouver trace d'une telle séquence baissière, déjà sur fond d'inquiétudes sur la demande d'or noir.
"Le sentiment négatif a été déclenché par les doutes en Europe concernant le vaccin AstraZeneca et s'est cristallisé après la hausse des stocks américains", estime Louise Dickson, analyste chez Rystad. Suspendu par plusieurs pays européen après le signalement d'effets secondaires possibles, ce vaccin a toutefois été réhabilité jeudi, l'agence européenne des médicaments (EMA) l'ayant jugé "sûr et efficace".
Des stocks qui s'envolent aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'Energie publié mercredi a fait état d'un nouveau gonflement des stocks de brut de 2,4 millions de barils sur la semaine achevée le 12 mars. Cette hausse est plus modeste que celle des deux semaines précédentes, qui avaient vu les réserves de brut du pays s'envoler après le passage d'une vague de froid hivernale au Texas, poumon énergétique des Etats-Unis, et le net ralentissement des raffineries. Mais à plus de 500 millions de barils, les stocks américains de brut se retrouvent au plus haut depuis début décembre, proche de leurs niveaux d'avril 2020 quand les capacités de stockage étaient complètement saturées, ce qui avait participé au plongeon inédit des cours de l'or noir.
"Un autre coup dur a été porté par la publication du rapport mensuel de l'AIE", ajoute Louise Dickson, l'Agence internationale de l'énergie ayant estimé mercredi que la demande mondiale de pétrole devrait mettre deux ans à renouer avec ses niveaux d'avant-crise.
La mauvaise séance de Wall Street jeudi, avec une notamment une lourde rechute du Nasdaq (-3%) en réaction à la nouvelle poussée de fièvre sur les rendements souverains, et le spectre du retour de l'inflation dans les prochains mois, ont achevé de corriger les deux cours de référence mondiales du brut jeudi. Ces dernières affichent néanmoins toujours plus de 20% de hausse depuis le 1er janvier (+22,8% pour le Brent, +23,4% pour le WTI). Et ce vendredi, le Brent reprend 2,26% à 64,29 dollars et le WTI 2,23% à 60,85 dollars.