(BFM Bourse) - Microsoft a livré d'excellents résultats trimestriels avec une croissance d'Azure gonflée par l'intelligence artificielle. Mais certains investisseurs espéraient encore mieux. De son côté Alphabet chute en pré-ouverture, plombé par des revenus publicitaires moins bons qu'attendu.

A l'exception d'Apple, les Gafam (Google donc Alphabet, Amazon, Facebook donc Meta, Apple et Microsoft) connaissent un bon début d'année 2024, avec des hausses de leur cours comprises entre 5% et 13%. Dans la mesure où ces mastodontes de la tech et de la Bourse américaine avaient déjà vu leurs cours bondir l'an passé, les valorisations actuelles ne pardonnent pas les copies mitigées ou tout juste satisfaisantes.

A des degrés divers, Microsoft et Alphabet, qui ont tous les deux publiés leurs résultats trimestriels mardi soir, en font l'amère expérience ce mercredi.

Première capitalisation mondiale devant Apple, Microsoft a publié des résultats cochant toutes les bonnes cases.

Au deuxième trimestre de son exercice 2023-2024, soit d'octobre à fin décembre, le groupe a enregistré des revenus de 62 milliards de dollars, traduisant une croissance de 18% en données publiées et de 16% à taux de changes constants. Il s'agit de la plus forte croissance affichée par Microsoft depuis 2022, remarque Bloomberg. Les analystes tablaient sur des revenus de 61,12 milliards de dollars, selon un consensus LSEG cité par CNBC.

Le résultat par action s'est établi à 2,93 dollars, en hausse de 33% sur un an, dépassant là encore le consensus (2,78 dollars).

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Azure avec une croissance bleu ciel

Le grand sujet d'attention du marché reste la performance et la croissance d'Azure, marque de Microsoft spécialisée dans les services informatiques dématérialisés ("cloud"). Ses revenus ont augmenté de 30% sur un an et de 28% à taux de changes constants. Microsoft conforte également son statut de grand bénéficiaire de l'intelligence artificielle, puisque cette croissance embarque six points de pourcentage tirés des services d'IA, a indiqué la directrice financière, Amy Hood.

Dan Ives, analyste chez Wedbush, remarque que la croissance d'Azure a dépassé les attentes de Wall Street, qui se situaient à 27%.

L'ensemble de la division cloud a vu ses revenus progresser de 20% en données publiées et de 19% hors effets de changes sur le trimestre.

Concernant ses perspectives, Microsoft a indiqué tabler sur des revenus dans le cloud pour le prochain trimestre entre 26 milliards et 26,3 milliards de dollars, traduisant croissance sur un an comprise entre 18% et 19%. Pour Azure, le groupe s'attend à une croissance stable par rapport à celle du deuxième trimestre.

Des résultats à "accrocher au Louvre"

Dan Ives qualifie la publication de Microsoft de "chef d'œuvre" avec des résultats et des perspectives qui devraient "être accrochés au Louvre", s'emballe-t-il.

"La transformation de l'IA accélère le flux de "deals" dans l'ensemble du portefeuille (de Microsoft, NDLR) tout en augmentant sa part de marché. L'entreprise continue d'infuser l'IA dans toutes les couches de la pile technologique afin de générer une forte croissance rentable à court terme, Copilot (un assistant de bureautique fonctionnant à l'IA, NDLR) étant un moteur de croissance supplémentaire à haute teneur en octane dans l'histoire de Microsoft", développe l'analyste.

Pourtant l'ensemble des annonces de Microsoft ne transcendent guère Wall Street, au contraire: l'action recule de 2,3% vers 10h40 dans les échanges de préouverture à Wall Street.

Le maché semblait attendre encore davantage de la part de la société de Redmond. "Microsoft avait beaucoup d'attentes à satisfaire", a écrit Sophie Lund-Yates, analyste chez Hargreaves Lansdown, dans une note citée par Bloomberg. La société "a fourni un ensemble de résultats sains", a-t-elle ajouté, "mais pas dans une dose suffisamment forte pour apaiser le marché".

Mark Moedler, analyste chez Bernstein également cité par Bloomberg, estime lui que si la croissance d'Azure a été dopée de six points par l'IA, cela signifie que le reste de la division "continue de ralentir".

La pub déçoit chez Alphabet

Si Microsoft ne ravit pas le marché, Alphabet, de son côté le grippe carrément. Le titre chute de 5,8% vers 10h40 dans les échanges de pré-ouverture.

Le groupe de Mountain View a certes publié des résultats en ligne avec les attentes pour le quatrième trimestre de son exercice 2023.

Les revenus se sont établis à 86,31 milliards de dollars, en hausse de 13% sur un an, contre 85,53 milliards attendus par le consensus LSEG, tandis que le bénéfice par action s'est inscrit à 1,64 dollar contre 1,59 dollar.

La croissance Google Cloud sur le trimestre a continué de porter l'ensemble de la dynamique du groupe, avec une progression sur un an de 25,6% en données publiées.

Le couac provient des revenus publicitaires tirés du moteur de recherche Google qui se sont établis à 48 milliards d'euros alors que les analystes tablaient sur 48,15 milliards de dollars, selon Bloomberg.

Une suprématie contestée

Pas forcément rassurant à l'heure où la suprématie de Google dans la recherche en ligne est contestée par la montée en puissance de l'IA, qui redonne une seconde jeunesse à Bing, le moteur de recherche de Microsoft, qui intègre les fonctionnalités d'IA développées par OpenAI, maison-mère de ChatGPT.

"La publicité de Google représente la majeure partie de ses revenus et, alors qu'il se prépare à mettre en œuvre tous ses plans soigneusement élaborés en matière d'IA, la volatilité de cette vache à lait n'est pas de bon augure", a déclaré à Bloomberg Evelyn Mitchell-Wolf, analyste chez Insider Intelligence.

"Google a en quelque sorte atteint une nouvelle phase de sa maturité où une croissance explosive très forte chaque trimestre n'est tout simplement plus possible", a-t-elle ajouté. "Le marché boursier n'a pas encore pris conscience de cette réalité", conclut l'analyste.

Alors que Microsoft a clairement pris une longueur d'avance dans l'intelligence artificielle, Alphabet a dévoilé en décembre Geminin. Ce modèle d'IA est censé incarner la réponse du groupe de Mountain View au succès d'OpenAI. Bien que positivement accueillie par le marché, cette annonce n'a pas permis d'effacer l'impression persistante qu'Alphabet fait encore la course derrière Microsoft.