(BFM Bourse) - Les analystes apprécient les objectifs 2026 annoncés mardi par le géant du pneumatique à l'occasion de sa journée investisseurs. Michelin a aussi rassuré le marché sur sa politique en matière d'acquisitions pour diversifier ses activités hors du pneu.
Le secteur automobile occupe ce mercredi les premières places du palmarès d'un CAC 40 en berne. Renault s'offre la tête de l'indice parisien, soutenu par une note de Goldman Sachs qui est passé acheteur du titre de la marque au losange.
Et en seconde position de ce podium, on retrouve Michelin qui progresse de 1,50% avec en ligne de mire ses plus hauts historiques à 38,93 euros atteints en janvier 2022. L'équipementier automobile profite aussi de notes d'analystes favorables, convaincus par les objectifs annoncés la veille par le groupe à l'occasion d'une journée investisseurs.
Une poursuite de la montée en gamme
Mardi après-midi, Michelin a donné sa feuille de route à l'horizon 2026 et elle comprend une meilleure rentabilité du groupe à cette échéance. Le groupe de pneumatiques table sur un résultat opérationnel des secteurs - une mesure alternative de la rentabilité mise en avant par Michelin - de 4,2 milliards d'euros en 2026, contre environ 3,6 milliards d'euros en 2023. Ainsi, sa marge opérationnelle d'activité sera portée à 14% dans deux ans, contre 12,6% en 2023.
"Les nouveaux objectifs 2026 sont ressortis supérieurs aux attentes (+5% sur l’EBIT par exemple) et reflètent la marge de progression encore présente sur le plan financier", apprécie Oddo BHF dans sa note consacrée à Michelin publiée ce mercredi.
Pour atteindre ces objectifs, Michelin devra accélérer dans sa montée en gamme, alors que les volumes de ventes vont encore patiner. C'est ce que pointent aussi les analystes d'Oddo BHF: cet objectif de marge opérationnelle "sous-entend donc un chiffre d'affaires de 30 milliard d'euros à cet horizon, nous confortant dans nos hypothèses prudentes sur le plan des volumes".
A l'occasion de la publication de ses comptes annuels 2023, le groupe avait prévenu qu'il ne voyait pas ses volumes de ventes de pneus se reprendre, tablant au mieux sur une stabilité et au pire sur une baisse de 2%. Ce qui constituerait une troisième année de baisse d'affilée.
Pour préserver ses marges, la société devra donc compenser cet élément défavorable par un effet "prix/mix" positif, c'est-à-dire à la fois sa capacité à tirer les prix vers le haut et à orienter ses ventes vers des produits et des régions avec des tarifs plus élevés.
Le groupe mise par exemple sur la vente de pneus de grande taille (de 18 pouces et plus) qui sont davantage rémunérateurs.
Une politique d'acquisitions "plus pragmatique"
Michelin a aussi profité de cette journée investisseurs pour rappeler sa stratégie dans les trois domaines présentés lors de la précédente édition 2021 (pneus, autour du pneu et hors du pneu), ce qui a "permis de réaffirmer le positionnement du groupe", notent aussi les analystes d'Oddo BHF.
"Michelin est bien plus qu'un fabricant de pneus, c'est une véritable entreprise de haute technologie", a rappelé le directeur général Florent Ménégaux. "Michelin mettra à profit sa maîtrise des associations de matériaux et de leurs applications pour les marchés les plus technologiques et les plus porteurs, bien au-delà de la mobilité : la santé, l'aéronautique, la marine, l'industrie ou la construction...", a-t-il poursuivi.
Michelin était aussi attendu au tournant sur sa politique en matière d’acquisitions pour diversifier ses activités au-delà de son activité historique du pneu. Et le groupe ne s'est pas dégonflé, répondant avec justesse aux inquiétudes du marché sur ce point-là.
En 2021, Michelin ambitionnait à ce que ses activités de diversification, représentent 20% à 30% de ses ventes nettes totales à l'horizon 2030, avec l'appui d'opérations de croissance externe.
Ce mardi, le groupe a réduit cet objectif et a indiqué vouloir réaliser "plus de 20%" de son chiffre d'affaires dans les activités hors pneus toujours à horizon 2030. Surtout, cette cible intègre désormais la distribution de pneus, en plus des activités de solutions connectées et des polymères. Le groupe est proche de cet objectif puisqu'en 2023, ces activités hors pneus pesaient pour 16% du chiffre d'affaires global de Michelin.
"L'ambition est toujours d'avoir une portion significative de notre activité dans ces autres types de composites, mais nous ne ferons pas des choses stupides pour atteindre ce niveau", a aussi expliqué le directeur général Florent Ménégaux, cité par Reuters. Autrement dit, la société qui a plus de "60 cibles à l'étude", selon la présidente de sa division "polymères", Maude Portigliatti, citée par l'agence Agefi-Dow Jones, ne s’aventurera pas à casser sa tirelire à n'importe quel prix pour se renforcer dans le hors pneu.
Oddo BHF apprécie le discours de la direction qui "s’est montrée astucieusement plus pragmatique sur la forme concernant la politique de croissance externe".
"Nous pensons que la direction a répondu aux principales inquiétudes du marché concernant l'ampleur des fusions-acquisitions potentielles dans le secteur hors pneus", salue pour sa part Deutsche Bank.
"Le point important n'est pas tant la présentation des objectifs 2026 (...) mais le fait que le groupe a atténué ses ses ambitions en matière de fusions et acquisitions", relève de son côté Stifel.
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