(BFM Bourse) - LVMH est repassé devant le sellier-maroquinier, avec 232 milliards d'euros de capitalisation boursière contre 219,6 milliards d'euros pour Hermès, ce lundi 4 août. Une passation de pouvoir qui s'explique par des dynamiques opposées sur la saison des résultats.
Délogé de son trône en avril dernier par Hermès, LVMH prend sa revanche. Le propriétaire des marques Louis Vuitton, Celine, Dior ou Loro Piana est redevenu la première capitalisation de la Bourse de Paris.
Ce lundi, la capitalisation boursière de LVMH atteignait en fin de matinée 232,3 milliards d'euros contre 219 milliards d'euros pour Hermès, selon les données d'Euronext.
La bascule s'est opérée la semaine dernière, provoquée par une saison des résultats qui s'est avérée très difficile pour Hermès alors que, a contrario, LVMH a bien résisté, en termes de réactions boursière.
Le groupe présidé et dirigé par Bernard Arnault a, certes, livré des comptes semestriels dégradés, dans l'absolu. Le résultat opérationnel courant a baissé de 15%, le bénéfice net de 22%. Surtout, sa division phare la mode et maroquinerie a accusé une chute de ses revenus de 9% en données comparables au deuxième trimestre, après 5% au premier.
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Des lueurs d'espoir pour LVMH
Mais le marché et les analystes ont perçu plusieurs éléments de nature à relativiser cette publication, voire se rassurer.
Tout d'abord le "gros" de la détérioration de l'activité de la mode et maroquinerie s'explique par le fait que les touristes asiatiques (chinois notamment) ont beaucoup moins dépensé au Japon, où les revenus du groupe ont plongé de 28% au deuxième trimestre.
Sur la première partie de 2024, la faiblesse du yen avait incité les voyageurs asiatiques à se déplacer dans l'archipel nippon pour acheter des biens de luxe, notamment dans la maroquinerie. Avec la remontée du yen "nous observons un renversement de ce qui s'était produit l'an dernier (au Japon, NDLR), ce qui est particulièrement vrai pour la clientèle chinoise", a expliqué la directrice financière, Cécile Cabanis.
Cet impact est censé être temporaire et non pas structurel. D'autant que la demande domestique chinoise s'est, elle, améliorée au deuxième trimestre.
Ensuite, en dehors de la mode et maroquinerie, toutes les autres divisions de la société ont dépassé les attentes. LVMH, a par ailleurs, préservé sa rentabilité, avec un résultat opérationnel courant au premier semestre de 9 milliards d'euros, au-dessus du consensus (8,87 milliards d'euros).
"À l'exception du chiffre d'affaires de la mode et maroquinerie, presque tout le reste semble meilleur que prévu, ces résultats ne sont certes pas excellents, mais ils ne sont pas non plus catastrophiques", résumait Luca Solca, de Bernstein.
In fine, Deutsche Bank voyait "des lueurs d'espoir", anticipant une amélioration des ventes à partir du troisième trimestre.
"Les investisseurs attendaient une occasion de revenir sur ce titre et la conférence téléphonique a mis en évidence un certain nombre de facteurs susceptibles de les y encourager, notamment une reprise 'tangible' en Chine, des gains de parts de marché pour les marques clés et un potentiel d'efficacité structurelle, ainsi qu'une gestion rigoureuse des coûts", faisait valoir la banque allemande.
Le titre LVMH a pris près de 4% dans la foulée de ses résultats du premier semestre.
Hermès a, lui, affiché une dynamique opposée. Certes, le sellier-maroquinier a dégagé une croissance de 9% au deuxième trimestre en données comparables, chiffre en ligne avec les attentes des analystes.
Une histoire boursière menacée chez Hermès ?
Mais, selon UBS, les investisseurs souhaitaient davantage. Selon la banque, les opérateurs espéraient un taux de croissance qui se rapprocherait davantage de 10% en données comparables.
"Il n'est pas vraiment surprenant que les résultats impressionnants d'Hermès au premier semestre soient en partie éclipsés par une reprise des ventes trimestrielles moins marquée que ce qu'espéraient les investisseurs", écrivait Jefferies la semaine dernière.
L'action Hermès a chuté de 4,5% après la publication de ses résultats et le même jour LVMH a gagné 1,3%. "Sur les méga-capitalisations européennes comme Novo Nordisk, LVMH ou Hermès, il peut y avoir des effets de réallocation de portefeuille importants. Les déception sur Novo Nordisk (qui a chuté de 23% sur une séance après un avertissement sur résultats) et Hermès ont ainsi pu créer des flux acheteurs sur LVMH", expliquait la semaine dernière un analyste à BFM Bourse.
Le lendemain, Hermès a encore perdu plus de 5%, lesté par une dégradation d'UBS qui a abandonné son conseil à l'achat pour passer à "neutre".
"Dans un contexte incertain pour les produits de luxe, Hermès a toujours été un bon refuge, compte tenu de son profil de croissance résilient (avec une demande dans la maroquinerie qui excède de l'offre)", écrit la banque suisse.
"Cependant, compte tenu de sa taille désormais beaucoup plus importante (environ 16 milliards d'euros selon nos estimations, multiplié par plus de deux par rapport à 2019) et des premiers signes d'affaiblissement de la perception de la marque parmi les clients à revenus élevés (…), que nous avions signalés comme un risque au début de l'année, nous craignons que la nature de son histoire boursière ne soit en train de changer", poursuit la banque.
"Ceci, combiné au risque pesant sur les bénéfices de 2026 (ralentissement de la croissance en données comparables, effets de change et baisse des prix), limite selon nous tout potentiel de hausse", concluait-elle.
À noter que, ce lundi, Bernstein a au contraire confirmé son conseil à "surperformance" sur le titre, dans une analyse post-résultats du premier semestre.
"Nous ne pensons pas que la publication du premier semestre 2025 marque un changement dans les fondamentaux d'Hermès", écrivent ses analystes. "Les investisseurs citent souvent la valorisation élevée d'Hermès comme le principal risque lié à l'investissement dans cette action. Avec une baisse de plus de 10% des valorisations au cours de la semaine dernière, ce risque semble désormais de plus en plus derrière nous plutôt que devant nous", notent-ils.
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