(BFM Bourse) - Les actions du secteur du luxe évoluent en baisse, alors que les dernières mesures de relance annoncées par Pékin samedi ont laissé le marché sur sa faim, en l'absence de chiffrage précis. Les dernières statistiques publiées ce week-end ravivent aussi les craintes sur l'économie chinoise.

La Chine a dévoilé ce week-end un nouveau train de mesures destinées à stimuler l'économie du pays, quelques jours après avoir déçu les marchés, en l'absence d'annonces majeures.

Samedi, le ministre chinois des Finances, Lan Fo'an, a indiqué que le gouvernement était en mesure d'accroître la dette et le déficit en vue de redynamiser l'économie. Pour autant il n'a pas fait d'annonces sur le chiffrage de ces mesures. Les analystes cités par CNBC, évaluent entre 2.000 milliards de yuans (206 milliards de dollars) à plus de 10 000 milliards de yuans (1.300 milliards d'euros), l'ampleur de ces mesures de relance budgétaire.

Le ministère des Finances a aussi expliqué que les collectivités locales pourront par exemple avoir recours à des obligations spéciales pour l'achat de terrains. Pékin a aussi présenté samedi des mesures visant à résoudre les problèmes d'endettement des collectivités locales, à stabiliser l'immobilier et à soutenir l'emploi.

Absence "flagrante de détails"

Or, l'absence de détails sur l'ampleur de ces mesures laisse les investisseurs sur leur faim. "Le manque de détails chiffrés laisse des doutes quant à la volonté de Pékin de lancer la 'grosse Bertha' ou l'artillerie lourde pour relancer son économie, après des annonces au compte-gouttes ces derniers mois et sans effet apparent", explique John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.

"Le diable, comme on dit, est toujours dans les détails - ou, dans ce cas, dans l'absence flagrante de détails" sur ces annonces, déplore Stephen Innes, analyste chez SPI AM.

Ces nouvelles mesures interviennent après l'annonce fin septembre, d'une série d'actions visant à dynamiser l'économie chinoise. Des réductions de taux de la part de la Banque populaire de Chine ainsi que des dispositifs pour soutenir un marché immobilier en dépression depuis maintenant trois années ont notamment été actés. Rappelons que la Chine vise une croissance d'au moins 5% cette année.

Or, les marchés doutent de plus en plus de l'atteinte d'un tel objectif. "J'ai l'impression que les mesures de politique budgétaire prendront un peu trop de temps à se mettre en place pour que nous puissions atteindre 5% cette année, à moins que l'ampleur finale des mesures de relance budgétaire ne soit beaucoup plus importante que prévu", a déclaré Lynn Song, économiste en chef pour la Grande Chine chez ING Bank N.V, cité par Fortune.

Le luxe à la peine

Et en Bourse, ce sont les valeurs du luxe - très exposées à la demande chinoise - qui pâtissent de ce flou autour des dernières annonces chinoises. Kering perd 4%, accusant la plus forte baisse du CAC 40, LVMH redonne 3% quand Hermès limite son repli à 1,1% vers 10h40.

Le CAC 40 souffre aussi du repli du luxe, l'indice parisien perd 0,3% à 7.555,69 points, quand le Dax à Francfort progresse de 0,3% ou le FTSE 100 à Londres grappille 0,1%.

Il faut dire que la Chine constitue une région clef pour les groupes de luxe, et les dépenses des ménages chinois restent très importantes pour leurs croissances. Bank of America estime que ces dépenses, dans leur globalité, représentent environ 30% des revenus des groupes de luxe. De plus, sur les 20 dernières années, le luxe a affiché une croissance mondiale annuelle de 9% par an et la banque américaine estiment que les consommateurs chinois ont contribué à hauteur de 40% à cette croissance.

Les valeurs du luxe sont aussi plombées par les dernières statistiques publiées ce week-end en Chine, et qui alimentent encore plus les inquiétudes sur la santé de l'économie chinoise. En septembre, les prix à la consommation ont stagné en rythme mensuel, et n'ont progressé que de 0,4% en septembre sur un an. Ce qui représente un ralentissement par rapport à la hausse de 0,6% enregistrée en août, toujours en rythme annuel.

Aussi, les prix à la production ont chuté plus que prévu, de 2,8% en septembre, contre 2,5% attendu par le consensus et après un repli de 1,8% en août et Les prix à la production en Chine sont en baisse depuis près de deux ans, ce qui reflète la faiblesse de la demande.

Les investisseurs auront encore une fois l'occasion de jauger la situation de la demande dans le pays, avec une nouvelle batterie d'indicateurs économiques à l'agenda de cette fin de semaine. Vendredi, la Chine va publier les ventes au détail pour le mois de septembre, mais aussi son PIB pour le troisième trimestre.