(BFM Bourse) - Comme LVMH, l’activité du groupe de luxe a surclassé les attentes en 2022. Le chiffre d'affaires d'Hermès a dépassé pour la première fois les 10 milliards d'euros, grâce au dynamisme de ses ventes en Chine. Pour répondre à la forte demande, la société inaugurera deux nouvelles maroquineries en 2023.

Quelques semaines plus tôt, LVMH avait annoncé des résultats records avec 14 milliards d'euros de bénéfices au titre de l'année 2022.

Hermès, autre champion français du luxe, n'a pas à rougir de la prestation livrée par le numéro un mondial du secteur. Le fabricant du sac Birkin a, lui aussi, annoncé des résultats de qualité et supérieurs aux attentes.

En 2022, les ventes de la société ont légèrement dépassé les attentes à 11,6 milliards d'euros, en hausse de 29,2% en données publiées et de 23,4% à taux de changes constants. Le consensus compilé par Factset attendait, en effet, un chiffre d'affaires de 11,45 milliards d'euros.

À fin décembre 2022, les ventes ont enregistré d'importantes progressions dans l’ensemble des zones géographiques où le groupe est présent. Cité par l'AFP, le gérant Axel Dumas a avoué qu'il a "un peu de mal à trouver une zone qui ne va pas", lors d'une conférence téléphonique aux journalistes.

Un bond des ventes en Chine malgré la pandémie

Les ventes en zone Amériques ont en effet bondi de 32% à taux de change constants, pour dépasser les 2 milliards d'euros à 2,14 milliards d'euros. En France, l'activité progresse de 27% sur ces mêmes bases marquée par une accélération en fin d’année, à la faveur d'une forte demande tant locale qu’internationale.

En zone Europe (hors France) les ventes progressent de 18% à 2,6 milliards d'euros, portées par une " fidélité de la clientèle locale" et à la reprise des flux touristiques. En Asie-Pacifique (hors Japon), le chiffre d'affaires progresse de 22% à taux de change constants à 5,23 milliards d'euros.

Dans cette région, Hermès est parvenu à tirer son épingle du jeu en fin d'année contrairement à ses concurrents LVMH ou Kering. Pour ce dernier, les ventes de sa marque phare Gucci ont été fortement pénalisées en fin d'année par la pandémie en Chine.

Le sellier n'a pas éprouvé de telles difficultés et a vu ses ventes bondir de près de 25% à taux de change constants dans la région sur les trois derniers mois de 2022. "Le principal fait marquant pour nous a été la capacité d'Hermès à se découpler des tendances sectorielles du quatrième trimestre en Asie Pacifique et en Amérique", relève Stifel.

Selon le bureau d'études, les analystes attendaient en moyenne une progression de seulement 15% en données comparables. "On a continué à avoir une forte désirabilité de la maison en Chine au quatrième trimestre", a déclaré Axel Dumas, toujours cité par l'AFP.

Par division, la "maroquinerie-sellerie" et les "vêtements et accessoires", les deux plus importantes du groupe de luxe, ont connu des croissances respectives de 15,6% et 35,8% à taux de change constants, en 2022. Pour répondre à la forte demande en maroquinerie, Hermès inaugurera deux nouvelles maroquineries en 2023, l’une à Louviers dans l’Eure, et l’autre à la Sormonne dans les Ardennes.

Du côté des autres indicateurs, le fabricant du sac Birkin a dépassé les attentes. Le résultat opérationnel courant progresse de 33 % et s’élève à 4,7 milliards d'euros contre 3,53 milliards d'euros en 2021. "Grâce à l’effet de levier généré par la forte croissance des ventes et la performance exceptionnelle des collections", la rentabilité opérationnelle courante annuelle atteint son plus haut niveau historique à 40,5 % contre 39,3 % en 2021.

Le bénéfice d'exploitation est supérieur de 3% au consensus tandis que la marge opérationnelle courante est "confortablement supérieure" aux attentes, précise Stifel dans sa note consacrée à Hermès.

Le résultat net consolidé part du groupe a atteint le niveau record de 3,37 milliards d'euros contre 2,44 milliards d'euros en 2021, soit une hausse de 38 %.

Les actionnaires profiteront de ces résultats de qualité. Un dividende de 13 euros par action sera proposé lors de la prochaine assemblée générale. Le consensus anticipait le versement d'un dividende de 12,2 euros par action. Mais pour des analystes de Citi, Hermès aurait dû être plus généreux compte tenu de sa situation de trésorerie record, rapporte l'agence Bloomberg cité par l'AFP.

"Les meilleurs fondamentaux de sa catégorie" pour Stifel

Comme à son accoutumée, le groupe n'a donné aucune perspective chiffrée. Hermès s'est contenté de confirmer sa perspective de moyen terme d’un "objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", dans un contexte d'incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires.

"Le groupe aborde l’année 2023 avec confiance, fort de son modèle artisanal fortement intégré, de son réseau de distribution équilibré, de la créativité de ses collections et de la fidélité de sa clientèle" ajoute Hermès en guise de perspectives.

"Le multiple de valorisation élevé d'Hermès est soutenu par les meilleurs fondamentaux de sa catégorie et le potentiel à la hausse du titre, basé sur des hausses de prix à un chiffre supérieures à la tendance, la réouverture de l'économie chinoise, la désirabilité élevée et durable de la marque sur les marchés traditionnels et émergents, et sur une résilience prouvée en période de récession et une plus grande flexibilité du compte de résultat que ses pairs", conclut Stifel.

A la Bourse de Paris, Hermès est en baisse (-1%) dans un marché parisien qui prend sa respiration après ses records de la veille . Le titre gagne toutefois près de 20% depuis le début de l'année avec un plus haut historique à 1.778 euros inscrit le 3 février dernier.