(BFM Bourse) - Le groupe de luxe a annoncé avoir dégagé une croissance de 17,6% en données comparables, explosant la prévision des analystes au quatrième trimestre. Hermès réalise encore une performance hors norme.

Le meilleur pour la fin. Dernière société du luxe à livrer ses résultats 2024 de la cote parisienne, Hermès a une nouvelle fois réussi à combler les investisseurs, survolant les attentes.

Le groupe de luxe a fini l'année 2024 sur les chapeaux de roue, réalisant une performance stratosphérique. Entre octobre et fin décembre, Hermès a dégagé des revenus de 4 milliards d'euros, en hausse de 17,7% en données publiées sur un an et de 17,6% hors effets de devises.

"Toutes les régions confirment de solides progressions, avec notamment une belle performance de l’Amérique", a déclaré Axel Dumas, le gérant d'Hermès, dans un communiqué.

Selon un consensus cité par Stifel, les analystes ne tablaient en moyenne que sur une progression de 11% au quatrième trimestre. La croissance de l'activité d'Hermès marque par ailleurs une accélération par rapport au troisième trimestre, période où le groupe avait réalisé une croissance de 13% hors changes .

Surtout, Hermès surclasse ses rivaux. Au quatrième trimestre, LVMH n'avait dégagé qu'une maigre progression de 1% de ses ventes en données comparables, quand les revenus de Kering ont chuté de 12% en données comparables sur la même période.

Sans surprise, le marché ne boude pas son plaisir à apprécier cette publication hors norme. L'action Hermès progresse encore de 0,7% vers 11h25, non sans avoir atteint un plus haut historique à 2.957 euros à l'ouverture. Le groupe pointe à la deuxième place des plus fortes capitalisations de la Bourse de Paris (300 milliards d'euros), désormais à une cinquantaine de milliards d'euros de son rival LVMH (357 milliards d'euros).

Des ventes qui explosent en Amérique

Dans le détail, Hermès a réalisé des performances supérieures aux attentes dans toutes les régions. En "Asie-Pacifique hors Japon", les ventes ont progressé de 9% à taux constants, contre une hausse de de 2% attendue par le consensus cité par Stifel. La zone "Amérique" garde sa dynamique avec une progression de 22% des ventes en données comparables, explosant le consensus qui attendait une progression de 13% trimestre précédent.

La croissance de l'Europe (hors France) est aussi solide, avec une progression des ventes de 21% au quatrième trimestre, quand le consensus était logé à +16%.

Par catégories de produits, toutes les divisions "ont particulièrement brillé" remarque Stifel ,avec des progressions à deux chiffres. Les deux principales divisions de la société, à savoir la "maroquinerie-sellerie" , et les "vêtements et accessoires" ont fortement accéléré par rapport au troisième trimestre avec une croissance passant de respectivement 14% à 21,5% et de 13,5% à 17% en données comparables. Seule l'horlogerie est à la traîne (+3%) au quatrième trimestre.

"Hermès a terminé l'année en beauté, confirmant son modèle d'entreprise unique", apprécie UBS qui note une "accélération séquentielle dans presque toutes les catégories et régions, et en particulier dans les régions importantes que sont l'Amérique et l'APAC (Asie Pacifique hors Japon)".

Des résultats solides

Sur l'ensemble de 2024, Hermès a ainsi enregistré une progression de ses ventes de 15% à taux de changes constants et de 13% à taux de changes courants pour des revenus de 15,3 milliards d'euros. Ce qui illustre la force du modèle d'Hermès et la fidélité de ses clients. Notamment au Japon où les ventes ont progressé de 23% sur l'ensemble de l'année, portées par la fidélité de sa clientèle locale.

Un peu plus bas dans les comptes, le résultat opérationnel s'apprécie de 9% pour s’établir à 6,2 millions d'euros en 2024, et ressort 2% au-dessus du consensus cité par Stifel. La marge opérationnelle ressort ainsi à 40,5% Bien qu'en baisse par rapport au niveau exceptionnel de 2023, (42,1%) en raison des effets de change négatifs, elle ressort légèrement au-dessus des attentes logées à 40,2%, rappelle Stifel. Le bénéfice net progresse de 7% pour atteindre 4,6 milliards d'euros.

Hermès a annoncé qu'il comptait verser un dividende de 16 euros par action avec, en plus, un dividende exceptionnel de 10 euros par titre. Ce bonus "confirme le retour régulier des liquidités aux actionnaires, comme par le passé", abonde UBS.

L'épineux sujet des droits de douane

Au sujet de ses perspectives, la société a, fidèle à sa tradition, évité de donner des indications chiffrées. "À moyen terme, en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", a réitéré une nouvelle fois Hermès.

"Dans un contexte économique et géopolitique plus incertain, le groupe aborde l’année 2025 avec confiance, fort de son modèle artisanal fortement intégré, de son réseau de distribution équilibré, de la créativité de ses collections et de la fidélité de sa clientèle", a par ailleurs déclaré le groupe.

"Les seuls points négatifs que nous voyons pour 2025 sont la base de comparaison élevée (Hermes enregistre une croissance de +15% pour l'exercice 2024), un nouvel impact négatif des couvertures de change au premier semestre 2025 et 350 millions d'euros d'impôts supplémentaires en France - que l'on espère temporaires", signale Stifel.

Lors d'une conférence avec des analystes, Axel Dumas a confirmé que les prix globaux d'Hermès augmenteraient de 6% à 7% en 2025, comme anticipé par le bureau d'études.

Le gérant est aussi revenu sur le risque de droits de douane souhaités par les États-Unis sur l'importation de produits européens. "On n'ajuste pas notre politique industrielle avec les droits de douane", a-t-il déclaré, rappelant que son groupe reste "très attaché" à maintenir "sa production où elle est", c'est dire en France pour la maroquinerie et en Suisse pour les montres et l'Italie pour les chaussures.

"Quand les droits de douane augmenteront, on augmentera nos prix en conséquence", a-t-il ajouté.

Dans une note publiée en début d'année, Stifel estimait qu'Hermès afficherait encore un écart de croissance significatif avec les autres groupes de luxe, en 2025. Le bureau d'études anticipe une progression des revenus de 4% pour l'ensemble du secteur en 2025, contre 11,5% pour ceux d'Hermès.

Ce fossé sera alimenté par un "pricing power" encore intact, "une grande visibilité pour les produits de maroquinerie et une clientèle fidèle et fortunée", avait alors écrit l'intermédiaire financier.