(BFM Bourse) - L'équipementier automobile a livré une activité relativement en ligne avec les attentes au troisième trimestre, surperformant toutefois nettement l'évolution de la production automobile. Ce qui suffit à contenter un marché en désamour total avec le secteur.
S'il y a bien un secteur pour lequel le marché s'est pris de désamour au cours des dernières années, ce sont les équipementiers automobiles. Entre les tensions géopolitiques, la crise sanitaire, les "stop and go" de production des constructeurs, l'envolée des coûts de main d'œuvre et de matières premières, et, plus récemment les craintes d'un ralentissement de l'électrification et l'intensification de la concurrence des groupes chinois, les grands acteurs du secteur ont été mis à rude épreuve.
Forvia n'a pas échappé à la vague. Le cours de l'équipementier automobile né du rachat de Hella par Faurecia en 2022 s'est effondré de 57% cette année et de 80% sur trois ans. Mais "avec une telle haine du secteur, il suffit parfois de livrer des éléments un peu rassurants pour que l'action parte en trombe", explique un analyste parisien.
Fin septembre, le groupe a passé un avertissement sur résultats, abaissant ainsi ses perspectives pour 2024. Et pourtant le titre a repris 11% sur une séance, car le marché redoutait bien pire.
Ce lundi, l'action Forvia grimpe à nouveau, prenant 9% vers 10h50, après avoir dévoilé son activité au premier trimestre. L'équipementier entraîne d'ailleurs dans son sillage les autres titres du compartiment, OPMobility prenant 4,5% et Valeo 3,6%.
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Vigueur en Europe
La performance du groupe n'est pas renversante à proprement parler. "Mais vu le désamour pour les équipementiers automobiles une publication en ligne suffit à porter l'action", souligne l'analyste parisien.
Sur la période allant de juillet à fin septembre, Forvia a dégagé des revenus de 6,53 milliards d'euros en baisse de 2,6% en données publiées, à cause notamment d'un impact des changes assez important (1,6 point de pourcentage).
Bernstein remarque que le montant des revenus est inférieur aux attentes de 0,6%. En revanche, hors effets de changes et de périmètre, le repli du chiffre d'affaires de Forvia est limité à 0,4% quand les analystes tablaient sur une baisse de 2%, remarque également Bernstein.
Avec ce repli de ses ventes de 0,4%, le groupe français a très nettement surperformé l'évolution de la production automobile mondiale qui a reculé de 4,6% sur la période. La surperformance, un indicateur très suivi dans le secteur des équipementiers, s'est établie à 4,2 points de pourcentage.
Forvia a surtout déjoué la conjoncture en Europe, région sur laquelle la société a mis en place un plan de restructuration en début d'année, avec 10.000 suppressions des postes prévues. En Europe, les ventes de Forvia ont progressé de 4,5% en données comparables quand la production automobile a baissé de 6,9% ce qui aboutit à une surperformance de 11,4 points de pourcentage.
Le groupe explique cette surperformance par la bonne dynamique de ses activités de sièges, d'équipements d'intérieurs et d'éclairage.
Dans la région Amériques, les ventes du groupe ont progressé de 2,4% sur la période, surperformant la production automobile de 4,8 points de pourcentage. En revanche, en Asie, le chiffre d'affaires a chuté de 9,9% en données comparables quand la production a baissé de 3,8% sur la période.
"Cette sous-performance reflète une base de comparaison toujours élevée au troisième trimestre 2023 (croissance organique de 11,8%) et un report de démarrages de production. Les ventes réalisées avec les constructeurs chinois et internationaux enregistrent des baisses organiques à deux chiffres (plus élevées pour les constructeurs internationaux)", explique la société.
La visibilité en question
A l'issue de ce trimestre, la société a confirmé viser pour 2024 des revenus compris entre 26,8 milliards et 27,2 milliards d'euros, une marge opérationnelle de 5% à 5,3%, un flux de trésorerie net d'au moins 550 millions d'euros et un ratio de dette nette rapportée au résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté inférieur ou égal à deux à fin 2024 et inférieur à 1,5 à fin 2025. "Dans un trimestre où la production automobile a baissé de 4,6 %, nous pensons qu'il s'agit d'une publication encourageante", juge Bernstein.
"Le message est intact, il n'y a aucune mauvaise nouvelle supplémentaire, les réductions de coût s'accélèrent, la surperformance est meilleure qu'attendue, ils comptent revenir à une surperformance en Asie l'année prochaine et ils confirment la trajectoire de désendettement", apprécie l'analyste parisien précédemment cité.
"Si cette publication et le récent avertissement sur l’année ont permis d’améliorer la visibilité sur la fin d’année, l’incertitude reste forte sur l’exercice 2025 que le management anticipe à nouveau difficile et sur lequel il ne souhaite d’ailleurs pas (plus) s’engager avant février prochain après les déconvenues récentes. Ceci nous incite à maintenir notre prudence sur le titre, et plus généralement sur le segment des équipementiers, dans l’attente d’une meilleure visibilité", tranche de son côté Oddo BHF.
"Le calendrier de cessions, un élément clé face à la priorité du désendettement (d’autant plus après le récent avertissement), reste incertain face à la dégradation de l’environnement malgré la confiance affichée par le management", poursuit le bureau d'études.
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