(BFM Bourse) - Le spécialiste de la distribution de biens électroménagers et culturels a annoncé vouloir porter sa marge opérationnelle à plus de 3% en 2030 contre 1,7% en 2024. La société entend également dégager 1,2 milliards de cash en cinq ans et elle s'engage sur un dividende plancher.

Lorsque Fnac Darty lance son dernier plan stratégique "Everyday", en février 2021, peu d'observateurs pouvait prédire ce que le groupe s'apprêtait à traverser.

"On sortait du Covid, on disait que l'e-commerce allait tout écraser, que personne n'allait voyager. Personne n'imaginait une guerre à la porte de l'Europe, personne n'imaginait la crise de l'inflation", a rappelé ce mercredi 11 juin, le directeur général de la société, Enrique Martinez. Cet environnement a pesé sur la consommation des ménages et, par ricochet, sur les ventes de biens discrétionnaires, comme l'électroménager, les produits culturels et la tech, soit le cœur de l'activité de Fnac Darty.

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Ses ventes ont souffert, avec des revenus qui sont passés sous les 8 milliards d'euros en 2022. Cette barre n'a plus été franchie depuis. L'an passé le chiffre d'affaires s'est élevé à 7,9 milliards d'euros, en excluant l'acquisition transformante de l'italien Unieuro qui valorisait les fonds propres de la société transalpine à 249 millions d'euros.

Cette opération à permis à Fnac Darty de faire passer la proportion de ses ventes hors France de 20% à 40%, apportant environ 2,6 milliards d'euros de revenus. La rentabilité s'est également retrouvée sous pression, avec une marge opérationnelle courante tombée à 2,3% en 2024, contre 3,4% en 2021 et 4% en 2019.

L'action a chuté de plus de 30% depuis février 2021, même s'il convient de nuancer . Fnac Darty a relativement bien limité la casse par rapport aux autres groupes de biens discrétionnaires, comme Maisons du Monde (-83%) ou l'allemand Ceconomy (-40%), qui possède d'ailleurs 22% du capital de Fnac Darty.

L'environnement n'est pas beaucoup plus porteur, cette année. "Pour 2025, la visibilité reste limitée, en particulier en France, en raison de l'incertitude persistante sur les tendances des dépenses de consommation", regrettait Oddo BHF dans une récente note.

"Beyond everyday"

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Fnac Darty a dévoilé ce mercredi 11 juin son nouveau plan stratégique appelé "Beyond everyday" ainsi que ses nouvelles cibles financières de moyen terme, à l'occasion d'une journée dédiée aux investisseurs.

Pour l'heure ce grand oral est un succès. L'action Fnac Darty prend 8,8% à l'heure du déjeuner ce mercredi 11 juin.

Fnac Darty a indiqué viser à l'horizon 2030 une marge opérationnelle de plus de 3%. Ce qui représente une amélioration importante par rapport à 2024. L'an passé la marge opérationnelle courante s'est établie à 2,3% hors Unieuro et à 2% en intégrant les comptes d'Unieuro sur douze mois. La marge opérationnelle à proprement parler s'est inscrite à 1,9% hors Unieuro et à 1,7% en intégrant Unieuro.

La société compte aussi dégager un flux de trésorerie opérationnel cumulé de plus de 1,2 milliard d'euros sur la période 2025-2030. "Le groupe pourra également réaliser des opérations de M&A (des rachats d'entreprises, NDLR) ou verser un dividende spécial si ses résultats le permettent", indiqué également l'entreprise.

"Nous ne nous interdisons rien et nous voyons un potentiel de consolidation de certains marchés", a assuré Enrique Martinez.

Concernant sa politique d'allocation du capital, Fnac Darty a décidé de définir un dividende plancher de 1 euro par action et un taux de distribution minimum de 40% du résultat net. Au titre de 2024, la société avait justement versé un coupon de 1 euro, représentant un taux de distribution de 40%.

Les cibles communiquées par le groupe "nous semblent cohérents même si légèrement au-dessus de nos attentes", a commenté TP ICAP Midcap dans une note.

Quatre millions d'abonnements visés

Pour atteindre ses objectifs, Fnac Darty va notamment opérer un ravalement de surface en rénovant plus de 200 magasins tandis que 150 seront ouverts d'ici à 2030. La société entend aussi optimiser son offre pour gagner des parts de marché et améliorer sa rentabilité, en développant les produits et services des segments jugés porteurs comme la "beauty tech", le divertissement et les exclusivités culturelles.

Le "BtoB", c'est-à-dire son activité au sein des entreprises est appelée à progresser, le groupe visant une multiplication par 1,4 de ses revenus dans ces activités à 400 millions d'euros en 2030.

Enrique Martinez a aussi expliqué que la société allait "transformer l'offre" de Nature et Découvertes "une marque patrimoniale importante" mais "dont le "modèle s'est fait fortement disrupter". Cette enseigne doit notamment faire face à la concurrence des acteurs chinois en ligne comme Temu.

Surtout, Fnac Darty va accélérer la réorientation de son modèle vers l'abonnement. Les offres "Darty Max", qui propose l'entretien et la réparation illimitées d'appareils pour 11,99 euros par mois, et "Fnac vie digitale", qui propose des services comme de l'expertise tech ou de la protection internet pour 9,99 euros par mois, recensaient 1,9 million d'abonnés en février 2025, contre 500.000 en 2021.

Le groupe vise 4 millions d'abonnés tous services confondus à l'horizon 2030. La société compte notamment élargir ses marchés en allant, par exemple, vers l'énergie.

Fidéliser la clientèle

"Les services sont au cœur de notre modèle économique", a fait valoir Enrique Martinez. Ces services par abonnement "créent de la récurrence, de la fidélité, de la satisfaction" et font "une énorme différence" pour des clients certes attachés à la marque "par le cœur mais aussi par les proches, le wallet (le portefeuille, NDLR)", a poursuivi le dirigeant.

À l'intérieur de ces services, Fnac Darty s'attend à ce que le chiffre du nombre de produits réparés passe de 2,6 millions à 3,5 millions d'ici à 2030.

Pour TP ICAP Midcap, la montée en puissance de ces services devrait être à l'origine du gros de l'amélioration de la rentabilité attendue par l'entreprise.

Les services compteront pour 30% de la marge brute de Fnac Darty en 2030 contre 25% actuellement. Une optimisation des coûts, chiffrées à 300 millions d'euros sur 2025-2030, doit également aider à hausser la rentabilité. De même que des synergies de 20 millions d'euros attendues en année pleine sur le rachat d'Unieuro, notamment sur les achats communs.

"Nous attendons également plus de détails sur les efforts du groupe concernant l’expérience client, enjeu qui nous semble essentiel pour assurer la réussite du groupe dans les années à venir", a aussi écrit TP ICAP Midcap dans une note publiée mercredi en début de matinée.