(BFM Bourse) - Le spécialiste des principes actifs recule lourdement à la Bourse de Paris, après avoir annoncé lundi soir après la clôture un changement dans sa gouvernance à la suite des démissions de la présidente de son conseil et de son directeur général.

Depuis son introduction en Bourse en mai 2022 à la suite de la scission de la société par Sanofi, Euroapi souffre. Le spécialiste des principes actifs pharmaceutiques connaît un parcours boursier particulièrement cauchemardesque, avec un cours de l'action qui perd plus de 35% sur l'ensemble de 2024 . Et le bilan est encore moins flatteur depuis ses premiers pas boursiers avec un titre qui cote trois fois moins que son prix technique d'introduction en Bourse, fixé à 12 euros.

C'est qu'Euroapi traverse une période particulièrement délicate, affaibli par une baisse des commandes de son ancienne maison-mère Sanofi, qui représentait toujours plus de 48% de ses revenus en 2022.

Le groupe a abaissé en juin ses objectifs 2024, et ce pour la deuxième fois. Euroapi a été aussi plombé par l'arrêt d'un site de production à Brindisi, dans le Sud de l'Italie après la découverte de défaillances sur le contrôle qualité.

"Un nouveau chapitre"

À tel point que cette série noire a fait exploser la gouvernance d'Euroapi. Lundi soir après la clôture du marché parisien, le groupe a indiqué avoir remodelé son état-major après les démissions de Viviane Monges de ses fonctions d’administratrice et de présidente du Conseil, ainsi que de Ludwig de Mot qui a rendu son tablier de directeur général.

Ludwig de Mot n'aura même pas tenu un an chez Euroapi. Il avait rejoint la société en janvier en tant que directeur général adjoint, avant d'en prendre la direction générale en mars.

Euroapi a donc annoncé les nominations, "avec effet immédiat" de David Seignolle au poste de directeur général et d'Emmanuel Blin au poste de président du conseil. La société dit entamer "un nouveau chapitre" avec cette nouvelle gouvernance et cette direction remaniée.

Ce jeu de chaises musicales avait précédemment concerné la direction financière. En octobre, Euroapi a nommé Olivier Falut, pour remplacer Evelyne Nguyen. Elle n'a tenu que quelques mois à ce poste, puisqu'elle avait succédé en mai dernier à Antoine Delcour qui occupait ce poste depuis 2020.

Cités par Reuters, les analystes de JP Morgan ont jugé mardi dans une note que ces changements "ont de fortes chances d'être jugés comme décevants" dans la mesure où Viviane Monges était appréciée et que le départ de Ludwig de Mot était plutôt attendu d'ici à la fin du plan courant jusqu'en 2027".

Ces départs anticipés pèsent effectivement sur le cours d'Euroapi. L'action plonge de 17,9% vers 12h ce mardi, accusant de loin la plus forte baisse du SBF120, qui recule de 0,64% au même moment.

Rappelons qu'Euroapi avait dévoilé en début d'année son plan de transformation baptisé "Focus-27". Cette feuille de route doit permettre au groupe français d'améliorer sa croissance en se recentrant sur des segments de marché "à forte valeur ajoutée". Ce qui passera par une rationalisation de son portefeuille de produits et de son empreinte industrielle.

Euroapi a profité de ces annonces pour confirmer ses objectifs 2024, tels qu'abaissés en juin. Le fabricant français de principes actifs anticipe toujours une baisse de 8% à 11% de son chiffre d'affaires en 2024 et une marge "core Ebitda" (le résultat brut d'exploitation retraité de certains éléments) située entre 4% et 7%. En début d'année, Euroapi tablait sur un repli de ses ventes compris entre 4% et 7% et une marge "core" Ebitda comprise entre 6% et 9%, après 9,2% en 2023.