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Engie : La Belgique demande à Engie d'augmenter ses provisions sur le nucléaire, le titre dévisse

mardi 20 décembre 2022 à 15h41
Engie accuse la plus forte baisse du CAC 40

(BFM Bourse) - Les autorités belges demandent au groupe d’augmenter ces provisions de 3,3 milliards d’euros , montant jugé excessif par Engie. La société a également évalué l’impact sur ses comptes du plafonnement européen des prix de l’électricité produite à partir de certaines technologies à moindre coût.

Engie lance deux avertissements en un. Le groupe énergétique a tout d’abord livré une annonce sur les provisions qu’il doit passer au titre de la sortie du nucléaire en Belgique où la société exploite sept réacteurs via sa filiale Electrabel.

La Commission des provisions nucléaires (CPN) belge a réévalué le montant des provisions pour le démantèlement des centrales et la gestion de l’aval du cycle combustible usé. Il en ressort que la CPN demande à Engie d’augmenter ses provisions d’un montant total de 3,3 milliards d’euros, dont 400 millions pour Electrabel et 2,9 milliards d’euros pour Synatom (une filiale d’Electrabel). Sur ces près de 2,9 milliards, environ 2,3 milliards sont liés au démantèlement et près de 700 millions à la gestion de l’aval du cycle combustible.

Selon Engie, l’augmentation proposée par la CPN est due à plusieurs facteurs, notamment la baisse "du taux d’actualisation des provisions pour l’aval du cycle du combustible usé de 3,25% à 3%". "Ce taux inclut un taux d’inflation inchangé à 2,0%", pointe l’entreprise française, alors que le taux d’inflation dépasse actuellement 10% en Belgique.

L’entreprise énergétique explique également que la CPN a revu les "scénarii industriels pour le démantèlement des centrales et l’augmentation des coûts d’exploitation et des travaux durant la période de mise à l’arrêt définitif". Elle a également pris en compte certaines hypothèses de coûts, notamment sur le conditionnement des déchets.

Une augmentation "excessive"

Au final, Engie juge "injustifiée" la hausse des provisions proposée par l’autorité belge, soulignant avoir, elle, proposé une augmentation plus de trois fois moindre, de 900 millions d’euros.

Engie estime que la plupart des risques considérés par la CPN ont déjà été pris en compte par ses filiales. La société conteste aussi la baisse du taux d’actualisation pour les provisions liées au combustible, qui dans un contexte d’augmentation des taux sur le marché est "injustifiée".

Jugeant donc "excessives" les propositions de la CPN, le groupe énergétique soumettra "une proposition adaptée afin d'ouvrir des discussions qui devraient aboutir au plus tard fin mars 2023". "Engie et ses filiales évalueront ensuite l’opportunité de soumettre un recours auprès de la Cour des marchés, dans les 30 jours", poursuit la société.

Le dossier du nucléaire belge constitue depuis longtemps une épine dans le pied d’Engie, et a amené le groupe à provisionner déjà 15,36 milliards d’euros, à fin juin 2022.

La loi de janvier 2003 en Belgique prévoit la sortie du nucléaire avec une fin d’exploitation des sept réacteurs d’Engie d’ici à 2025. Mais, au début de l’année, la guerre en Ukraine et ses conséquences ont poussé Bruxelles à revoir sa copie et à entamer des discussions avec Engie dans l’optique de prolonger de dix ans deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3.

Plafond de recettes

Outre le dossier du nucléaire belge, Engie a également annoncé avoir évalué l’impact sur ses comptes d’un accord européen visant à limiter les bénéfices de producteurs d’électricité utilisant certaines énergies.

En clair, les Européens avaient décidé début octobre de plafonner les recettes issues de l’électricité produite par des opérateurs utilisant des technologies dites "inframarginales", telles que les énergies nucléaires, les énergies renouvelables ou la lignite. "Ces opérateurs ont réalisé des gains financiers d'une ampleur inattendue au cours des derniers mois, sans que leurs coûts d'exploitation n'augmentent", expliquait alors le Conseil de l’Union européenne.

Le règlement européen adopté début octobre doit être transcrit dans des lois nationales, Engie étant principalement concernée en France, en Belgique et en Italie. Ce qui peut prendre la forme d’une taxation, par exemple à 90%, des recettes tirées au-delà d’un plafond de prix défini.

La société estime que l’ensemble des mesures adoptées ou prévues par ces pays devraient avoir un impact sur son résultat opérationnel compris entre 700 et 900 millions d’euros pour 2022 puis entre 1,2 milliard et 1,5 milliard d’euros pour 2023. La majeure partie de cet impact est liée aux activités nucléaires du groupe en France et en Belgique, précise-t-elle.

"Ils ne leur font pas de cadeau"

"Engie se réserve la possibilité de contester les taxes qui, selon son avis, ne respecteraient pas le cadre légal existant et introduiraient une discrimination injustifiée entre opérateurs ou technologies, notamment en Belgique et en Italie", a prévenu la société.

A la Bourse de Paris, Engie cède 4,4% à 13,33 euros, en réaction à l’ensemble de ces annonces.

"Les augmentations de provisions pour le démantèlement du nucléaire explique probablement davantage la chute du titre, car cela n’était pas attendu", considère Tancrède Fulop, analyste chez Morningstar. De leur côté "les impacts sur la rente inframarginale, bien qu’importants sont issus de lois déjà passées et ne constituent pas une très grande surprise", ajoute-t-il.

"Ces nouvelles provisions [sur le nucléaire belge, NDLR] sont surtout dues à une baisse du taux d’actualisation, ce qui est surprenant dans un contexte où les taux remontent", constate par ailleurs l’analyste. "Ce que le marché prend également mal, c’est que cette annonce montre que le dialogue entre Engie et le régulateur belge est compliqué. Ils ne leur font pas de cadeau", complète-t-il.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
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