(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite a livré ses résultats du premier semestre et a surtout dévoilé des objectifs de moyen terme, considérés comme "ambitieux" mais qui ont le mérite d'apporter de la visibilité au marché.

Petit à petit, l'ex-Orpea Emeis tente de faire oublier des années sulfureuses et de clore définitivement le chapitre des Fossoyeurs. Ce livre-enquête paru début 2022 dénonçant des maltraitances et des malversations avait plongé l'exploitant de maisons de retraite dans une crise réputationnelle, plombant ses taux d'occupation en France.

L'envolée de l'inflation a ensuite provoqué une crise financière chez la société, minée par son endettement et par un modèle trop tourné vers la détention en propre de son parc immobilier.

Ce qui a abouti à une lourde restructuration financière avec la prise de contrôle d'un consortium mené par la Caisse des dépôts. Cette remise à plat du bilan de la société via plusieurs augmentations de capital a induit une énorme dilution des actionnaires et donc un plongeon du cours de Bourse. L'action a ainsi chuté de 99,8% en trois ans.

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Des résultats en progression

Emeis tente désormais de relever la tête, comme l'illustrent ses résultats du premier semestre publiés ce mardi 30 septembre.

Les revenus de la sociétés ont progressé de 4,9% sur les six premiers mois de 2025 en données publiées, et de 6,2% en données comparables.

Cette progression s'explique à la fois par les hausses de prix (de 3,4 points de pourcentage) la contribution des nouveaux établissements ouverts au cours des 18 derniers mois, et la remontée des taux d'occupations des établissements.

En excluant les nouvelles ouvertures, ce taux est remonté à 88,2% au premier semestre 2025 contre 85,3% un an plus tôt. La France reste toutefois en deçà, avec un taux de 87,5% en hausse de 1,7 point de pourcentage sur un an.

Le résultat opérationnel avant amortissement dépréciations et charges locatives (Ebitdar), indicateur de rentabilité le plus suivi de la société, a progressé de 18,5%. Le groupe reste en perte nette au premier semestre, mais a divisé cette perte par près de deux à 137 millions d'euros.

La société a par ailleurs dégagé un flux de trésorerie libre positif, de 26 millions d'euros, alors qu'Emeis avait brûlé pour 178 millions d'euros de cash un an plus tôt.

Des objectifs de moyen terme ambitieux

"Le redressement de notre performance opérationnelle entamé depuis plus d’un an se poursuit, ce qui témoigne de la bonne marche de notre plan de refondation entrepris depuis mi-2022 et de la mobilisation de toutes les équipes d’Emeis", a déclaré le directeur général, Laurent Guillot, cité dans un communiqué.

La grande annonce du groupe est toutefois ailleurs. Emeis a livré des objectifs de moyen terme, à savoir à l'horizon 2028.

Le groupe vise une progression moyenne de son chiffre d'affaires à périmètre constant entre 4% et 5% par an entre 2024 et 2028 ainsi qu'une hausse moyenne annuelle de son Ebitdar de 12% à 16% entre 2024 et 2028, sur ces mêmes bases. La société a, au passage, réitéré vouloir améliorer son Ebitdar de 15% à 18% cette année.

"Après son 'turnaround' (son redressement, NDLR), Emeis veut redevenir une valeur de croissance", juge Oddo BHF, dans une note.

Le courtier souligne que ce plan 2028 s'avère "ambitieux" car il implique un Ebitdar en 2028 de 1,17 milliard d'euros contre un consensus logé à 1,12 milliard d'euros. Pour autant, cette feuille de route apporte "une visibilité accrue", apprécie le bureau d'études.

Plus largement, Oddo BHF, explique que la "lente remontée" des taux d'occupation et le "redressement des marges" crédibilisent la direction actuelle.

Le courtier a relevé son objectif de cours à 15,5 euros sur le titre, contre 12,5 euros précédemment, et conclut que le risque est "abaissé" sur la valeur. "Il reste un certain nombre de challenges, mais la direction nous apparaît favorable".

À la Bourse de Paris, l'action Emeis peine à savoir sur quel pied danser. Le titre progresse de 4% vers 13h, après avoir évolué dans le rouge en début de matinée.