(BFM Bourse) - Le titre de l'électricien public flambe après que des sources syndicales ont indiqué que l'Etat chiffrait à 10 milliards d'euros le rachat des parts des minoritaires dans le cadre du projet Hercule, ce qui correspond à une prime de près de 80% par rapport au cours de la veille en clôture.
Plus forte hausse du SBF 120 mercredi à la mi-journée, le titre EDF s'envole de 10,2% à 12,37 euros vers 13h, alors que l'Etat français, qui détient plus de 80% des parts, envisagerait de débourser 10 milliards d'euros pour racheter les parts des actionnaires minoritaires dans le cadre du projet de réorganisation, selon des sources syndicales.
Les syndicats ont été reçus mardi par le gouvernement pour faire le point sur Hercule, vaste projet visant notamment à séparer le parc nucléaire des autres actifs du groupe, et qui doit notamment obtenir le feu vert de la Commission européenne -engagée dans une réforme du cadre réglementaire sur la vente d'électricité d'origine nucléaire- pour aboutir. "L'Etat devrait racheter les parts des minoritaires chez EDF, soit 17% [précisément 16,3%, NDLR], et ça coûterait 10 milliards d'euros", a ainsi rapporté Sébastien Menesplier de la CGT, interrogé par l'AFP. Au 31 décembre 2020, EDF était détenu à 83,7% par l'Etat, le solde étant réparti entre les investisseurs institutionnels (12,97%), particuliers (1,97%) et les salariés (1,37%).
Le capital de l'électricien français est en outre composé de 3.099.923.579 actions, dont un peu plus de 505 millions non détenues par l'Etat pour lesquelles il proposerait donc 10 milliards d'euros, soit un prix de rachat qu'on peut estimer à environ 19,8 euros par titre - très nettement supérieur au cours actuel de l'action EDF.
Enlisé depuis de longs mois, ce projet Hercule entend réorganiser le groupe en trois entités pour lui permettre de se développer dans les renouvelables, tout en assurant de lourds investissements dans le nucléaire. Dans ce schéma, les activités nucléaires et le réseau de transport serait regroupées au sein d'un groupe nationalisé (EDF bleu). Il contrôlerait une filiale, dont le capital serait partiellement ouvert: EDF Vert avec les activités commerciales, de distribution et les renouvelables. Les concessions hydrauliques seraient pour leur part regroupées dans une entité distincte (EDF Azur).
L'analyste de Morgan Stanley, qui reste à surpondérer et maintient sa cible à 16 euros sur le titre, confirme pour sa part qu'une telle valorisation implique un prix de 19,8 euros par titre, en tenant en compte le nombre d'actions en circulation à la fin de 2020. Le bureau d'études estime que le marché devrait réagir positivement à cette information, même si elle n'est pas encore officiellement confirmée, jugeant que cela devrait notamment apaiser les craintes de voir l'Etat reprendre à vil prix les parts des minoritaires "sans prendre en considération la création de valeur potentielle du projet Hercule".
C'est aussi une façon pour l'Etat "d'envoyer un signal", à savoir qu'EDF vaut beaucoup plus que sa valorisation actuelle et que l'entité qui sera remise en Bourse ensuite pourrait valoir autant que l'ensemble du groupe actuellement, ajoute l'analyste. Le temps presse pour boucler ce projet, qui rencontre l'opposition des syndicats et de nombreux partis politiques. Il reste en effet peu de temps pour le faire passer par la loi avant le début de la campagne présidentielle de 2022 qui devrait, sans nul doute, voir les candidats s'emparer du sujet si la question n'est pas réglée promptement.
En ce sens, des sources proches du dossier ont confiées à Reuters que l'Etat français envisageait toujours de conclure les discussions avec la Commission européenne "dans les prochaines semaines", ce à quoi l'expert de Morgan Stanley accorde une probabilité de 60%.
(avec AFP)
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