(BFM Bourse) - Le groupe de recyclage et de services aux collectivités plonge à la Bourse de Paris après avoir révisé à la baisse son objectif annuel de rentabilité. Derichebourg cite la politique douanière de l'administration Trump qui a eu des conséquences sur les cours des matières premières.
La dernière communication de Derichebourg offre une mauvaise surprise à ses actionnaires. Le groupe spécialisé dans le recyclage et les services aux collectivités a indiqué mardi 2 septembre après la clôture des marchés avoir abaissé son objectif de rentabilité pour l'ensemble de son exercice décalé 2024-2025.
Derichebourg s'attend désormais à boucler son exercice clos fin septembre 2025 sur un Ebitda (résultat brut d’exploitation) courant compris entre 300 et 310 millions d'euros, contre une précédente prévision de 350 millions d'euros.
À la Bourse de Paris, le marché n’apprécie pas du tout cet avertissement sur résultats et lui fait bien savoir. Le titre Derichebourg chute encore de 10% vers 11h après s'être effondré de plus de 18% à l'ouverture.
Derichebourg justifie cet ajustement par un contexte économique défavorable, qui puise ses racines dans la politique commerciale de l’administration Trump. Le groupe explique qu'elle a été moins favorable qu'anticipé par la direction lors de la publication des résultats semestriels, fin mai.
La société avait fixé son objectif initial en tenant compte de "l’hypothèse d’un retour rapide des prix et des volumes des matières commercialisées par le groupe au niveau du premier semestre notamment grâce à un accord commercial imminent avec les Etats-Unis".
"Un regain d'activité économique qui n'a pas eu lieu"
Derichebourg s'attendait alors à ce qu'une conclusion rapide d'un accord commercial déclenche "un rattrapage économique". Las, cet accord commercial n’est intervenu que fin juillet, soit trop tard dans le second semestre de la société. Aussi, la société déplore des droits de douane "élevés" (15% minimum), voire "très élevés pour l’acier, l’aluminium et le cuivre (50%)".
Derichebourg cite aussi un affaiblissement du dollar par rapport à l’euro, qui a entrainé une baisse des cours des matières premières dont les ferrailles et métaux non-ferreux, exprimées en euros. Le groupe explique que cet effet défavorable sur la paire euro/dollar vient affecter ses marges.
La société dit aussi être pénalisée par l’importation de semi-produits sidérurgiques chinois et une faible consommation de ferrailles en Europe.
"Derichebourg est une société spécialisée dans les services aux collectivités, mais une partie historique et importante de son activité est liée au commerce de ferraille. Or ce secteur subit des prix qui varient assez fréquemment. Et en l’occurrence, ils ont alerté sur leurs résultats à cause des droits de douane très élevés sur les métaux aux États-Unis. Ce qui a pesé assez fortement sur les prix de la ferraille puisqu'il y a un excédent d'offre hors des États-Unis", signale Alain du Brusle, Directeur Général délégué de Claresco Finance, à l'antenne de BFM Business mercredi 3 septembre.
"Les objectifs précédents supposaient le retour des volumes et des prix au niveau du premier semestre, ce qui n’a pas été le cas", remarque pour sa part Oddo BHF.
Des "solides fondamentaux"
Dans ce contexte, le nouvel objectif d'Ebitda courant fixé par Derichebourg, soit entre 300 et 310 millions d'euros, induit une contraction de cet indicateur de 21 à 26% au deuxième semestre, signale Oddo BHF.
Ce qui marque une franche dégradation par rapport au semestre précédent. L'Ebitda courant de Derichebourg avait alors progressé de 14% sur les six premiers mois de l'exercice 2024-2025 , à la faveur d'une progression de l’activité Recyclage et d'une contribution significative d’Elior Group.
La société dit aussi viser un chiffre d'affaires compris entre 3,25 et 3,4 milliards d'euros, qui est donc attendu en baisse par rapport aux 3,6 milliards d'euros de revenus réalisés en 2023-2024.
La direction dit malgré tout maintenir sa politique d’investissements mais compte l'adapter au contexte dans lequel la société évolue. Derichebourg va notamment étaler certains investissements de maintenance.
Au total, l’enveloppe d’investissements prévue par la société devrait avoisiner les 50% de l’Ebitda courant, en vue de limiter les effets de l'abaissement de l'objectif de rentabilité sur les flux de trésorerie. Oddo BHF estime cette enveloppe à 150 millions d'euros.
La société a aussi tenu à rassurer sur la solidité de ses fondamentaux et sur ses perspectives à moyen-terme. Derichebourg cite comme relais de croissance le développement de la filière électrique, mise en avant par l’annonce d’Arcelormittal concernant un investissement dans une nouvelle aciérie électrique à Dunkerque.
"Par ailleurs, la structure financière du groupe reste saine permettant la réalisation d’éventuelles acquisitions", note le bureau d'études.
Pour l'exercice en cours, Oddo BHF abaisse de 11,5% ses estimations topline (de chiffre d'affaires) et de 17% ses prévisions d’Ebitda à 300 millions d'euros, ce qui implique une marge de 9%.
"La visibilité reste à ce stade limitée pour l’exercice 2026 qui débutera le 1er octobre", prévient aussi le bureau d'études qui maintient son opinion à neutre, tout en abaissant son objectif de cours à 5 euros.
Les résultats de l’exercice clos le 30 septembre 2025 de Derichebourg seront publiés le 4 décembre 2025 après-Bourse.
Recevez toutes les infos sur DERICHEBOURG en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email