(BFM Bourse) - Les deux banques françaises ont publié leurs résultats du quatrième trimestre. La banque mutualiste pâtit de revenus moins forts qu'attendus couplés à des coûts plus élevés alors que Société Générale rassure sur ses bénéfices.
Une certaine appréhension attendait les résultats de Crédit Agricole SA et Société Générale, car BNP Paribas avait été durement sanctionnée par le marché la semaine dernière, plombée par un quatrième trimestre sous les attentes.
Pour l'heure, les comptes des deux banques françaises n'enchantent pas le marché. La copie de Crédit Agricole SA (CASA), structure cotée du groupe Crédit Agricole, glace même les investisseurs, malgré un bénéfice record de 6,35 milliards d'euros sur l'ensemble de 2023, en hausse de près de 20%.
L'action chute ainsi de 6% vers 12h, accusant la plus forte baisse du CAC 40, ce qui rappelle donc le traitement qu'avait réservé le marché aux résultats de BNP Paribas.
Au quatrième trimestre, le bénéfice net de CASA s'est établi à 1,334 milliard d'euros, chiffre supérieur au consensus, qui s'établissait à 1,284 milliard d'euros.
Les motifs de mécontentement des investisseurs sont logés dans d'autres lignes de compte. "Les revenus sont un peu inférieurs aux attentes alors que les coûts sont plus élevés qu'attendus ce qui donne un résultat opérationnel moins bon que prévu", résume un intermédiaire financier.
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L'assurance plombée par la sinistralité climatique
Le produit net bancaire sous-jacent, équivalent du chiffre d'affaires, s'est établi à 6,03 milliards d'euros, ce qui s'avère inférieur de 2% au consensus, note Morgan Stanley. En parallèle, les charges d'exploitation sous-jacentes sont 4% supérieures aux attentes, poursuit la banque américaine, avec un montant de 3,71 milliards d'euros contre un consensus à 3,56 milliards d'euros. Ces charges ont notamment inclus des effets non récurrents d'environ 187 millions d'euros.
Ce qui aboutit à un résultat brut d'exploitation sous-jacent de 2,307 milliards d'euros, inférieur de 12% au consensus de 2,61 milliards d'euros.
Dans le détail, UBS remarque qu'à l'exception de la banque de financement et d'investissement, toutes les divisions de CASA ont déçu sur leurs résultats bruts d'exploitation. La banque de proximité et l'assurance en Italie ont été "particulièrement faibles", ajoute l'établissement suisse.
Royal Bank of Canada souligne de son côté le raté assez net de Crédit Agricole Assurances, dont le résultat brut d'exploitation sous-jacent est inférieur de 21,5% aux attentes. Cette division a été pénalisée par deux éléments exceptionnels, à savoir "une forte sinistralité climatique", qui a plombé ses revenus à hauteur de 262 millions d'euros, et un impact négatif de 205 millions d'euros lié à la norme comptable IFRS 17.
La banque de proximité en France, avec la marque LCL, a dégagé un résultat brut d'exploitation sous-jacent inférieur de 11,6% au consensus, qui s'établissait à 338 millions d'euros, note également Royal Bank of Canada.
Sur le plan de la solvabilité le ratio CET 1 non phasé (c'est-à-dire les fonds propres rapportés à l'encours pondéré des risques) s'est établi à 11,7% en ligne avec les attentes.
Point positif: Crédit Agricole SA a annoncé qu'il proposerait un dividende de 1,05 euro par action, en hausse de 24% sur un an et surtout supérieur à la prévision des analystes, qui se situait à 87 centimes, selon Morgan Stanley.
Un bénéfice meilleur qu'attendu chez Société Générale
Société Générale s'en tire mieux. La banque de La Défense prend 0,1% vers 12h après avoir même évolué nettement dans le vert en début de matinée.
Le groupe dirigé par Slawomir Krupa souffre d'une importante décote en Bourse par rapport à ses concurrentes européennes et même ses consœurs françaises. En amont de la publication de ses résultats, "il y avait des inquiétudes sur son bénéfice, après la publication de BNP, mais il est finalement meilleur qu'espéré", explique l'intermédiaire financier précédemment cité.
Le produit brut d'exploitation de Société Générale s'est établi à 1,29 milliard d'euros au quatrième trimestre et son bénéfice d'exploitation a atteint 930 millions d'euros, deux chiffres qui s'avèrent respectivement supérieurs de 4% et 13% aux attentes du consensus, selon Morgan Stanley.
Le produit net bancaire, de près de 6 milliards d'euros a dépassé les attentes de près de 2% tandis que les coûts – c'est-à-dire les frais de gestion – ont été légèrement supérieurs, de 1%, au consensus.
Quant au bénéfice net de 430 millions d'euros, il dépasse assez nettement le consensus de 357 millions d'euros.
Au niveau des divisions, UBS souligne que le pôle "banque de détail, en France, banque privée et assurances", a particulièrement surpris, avec un résultat brut d'exploitation, certes en baisse de 40,6% sur un an à 281 millions d'euros, mais très largement au-dessus des attentes (181 millions d'euros).
"C'est important car cela est dû à des revenus net d'intérêt plus forts, alors que cette division doit être le moteur de la croissance du bénéfice du groupe jusqu'en 2026", note la banque suisse.
Le ratio CET 1 s'est établi à 13,1% meilleur que les 12,9% du consensus, remarque Morgan Stanley.
Des rachats d'actions supérieurs aux attentes pour SocGen
La distribution aux actionnaires est également supérieure aux attentes avec un dividende, de 90 centimes et un programme de rachats d'actions de 280 millions d'euros, quand le consensus tablait sur un dividende de 87 centimes et des rachats d'actions de 184 millions d'euros, toujours selon Morgan Stanley.
Point négatif toutefois, l'objectif de croissance s'avère prudent: pour 2024, Société Générale anticipe une progression de ses revenus supérieure ou égale à 5% quand les analystes tablaient en moyenne sur une hausse de 7%, d'après Bank of America, tandis que le coefficient d'exploitation, c'est-à-dire les charges rapportées au produit net bancaire, est attendu à moins de 71%, contre un consensus à 67% d'après Morgan Stanley.
"Les résultats du quatrième trimestre sont globalement désordonnés, en raison de multiples éléments exceptionnels. Cependant, nous pensons que ce trimestre devrait marquer un creux dans la rentabilité de la banque", estime Bank of America.
L'établissement explique notamment que l'impact négatif des couvertures que Société Générale avaient prises pour se prémunir contre de potentielles baisses des taux sur sa marge nette d'intérêt dans la banque de détail (alors que les taux ont au contraire grimper) devrait s'estomper à l'avenir.
"Les objectifs pour 2024 confirment le redressement de la rentabilité, même s'ils sont un peu en dessous du consensus", ajoute Bank of America.
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