(BFM Bourse) - Le groupe de distribution, qui a subi une perte de nette de plus de 1,4 milliard d'euros en 2019, suspend ses objectifs financiers pour l'exercice 2020 et au-delà en raison de la pandémie. Le titre Casino limite néanmoins la casse, alors que le secteur a été quelque peu épargné par le krach.
"Dans un environnement macro-économique aussi incertain qu'aujourd'hui, on ne formule plus de perspectives financières", a affirmé le directeur financier du groupe David Lubek, lors d'une conférence financière en marge de la publication des comptes annuels de Casino. Après avoir dégagé une perte nette de 1,43 milliard d'euros en 2019 (contre -117 millions d'euros en 2018), le groupe a annoncé jeudi avant Bourse qu'il suspendait ses objectifs financiers pour 2020 en raison de la pandémie de coronavirus. Le directeur financier du groupe a toutefois ajouté que Casino "reste mobilisé sur les mêmes objectifs”, faisant allusion à ses engagements en matière de coûts et de dépenses d'investissement.
Vers 10h40, le titre cède 4,39% à 32,92 euros mais il convient d'observer que sur un mois Casino ne perd que 6,3%, surperformant considérablement la moyenne du marché, le secteur de la grande distribution étant celui qui a le mieux résisté au krach observé depuis fin février.
Le groupe français dirigé par Jean-Charles Naouri a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 34,6 milliards d’euros (+4,2% à taux de change constants par rapport à l'exercice précédent, en raison de l'hyperinflation au Brésil notamment, +0,3% en France) et un résultat opérationnel courant de près d'1,3 milliard d'euros (-3,1% à changes constants). Le "résultat net normalisé part du groupe" chute de 35,4% à 212 millions d'euros, en raison d'une "baisse du résultat opérationnel courant au Brésil en lien avec l’absence de crédits fiscaux" indique le communiqué.
La perte nette de 1,43 milliard d'euros correspond à la somme de la perte nette des activités abandonnées (-1,04 milliard contre -57 millions en 2018, "en raison principalement de dépréciations d’écarts d’acquisitions") et de la perte nette des activités poursuivies (-384 millions d'euros contre -60 millions en 2018, "notamment en raison d'une hausse des charges exceptionnelles liées au plan de cession").
Sur ce plan là, Casino a annoncé vendredi dernier la vente de 567 magasins Leader Price en France, ainsi que trois entrepôts à son concurrent allemand Aldi pour un montant de 735 million euros, "ce qui porte le montant des cessions signées dans le cadre du plan de cession à 2,8 milliards d'euros" d'actifs non-stratégiques depuis juin 2018, dont 1,8 milliard d'euros déjà encaissés précise le groupe.
"La cession de Leader Price complète le plan Rocade (qui visait notamment à vendre 20 hypermarchés structurellement déficitaires, NDLR) initié fin 2018. Le groupe a cédé 17 hypermarchés et 14 supermarchés intégrés, et a fermé 4 supermarchés intégrés déficitaires. Hors Leader Price, l’impact sur le chiffre d’affaires est de -500 millions d'euros en année pleine compensé en partie par le ralliement de franchisés avec un volume d’affaires de près de 300 millions d'euros" indique Casino.
Sous l'effet du plan de cession, le distributeur est parvenu à réduire sa dette financière à 2,3 milliards d'euros en France (contre 2,7 milliards d'euros à fin 2018), même si celle-ci augmente par ailleurs (-4,1 milliards contre -3,4 milliards au 31 décembre 2018). Cette augmentation est liée "à l’effet net de la réorganisation des activités en Amérique latine (rachat de la part d’Éxito dans GPA (Grupo Pão de Açúcar, NDLR) par Casino puis OPA de GPA sur Éxito)".
Pour Clément Genelot, analyste en charge du dossier chez Bryan Garnier, ce qui ressort de cette publication n'est pas tant la finalisation du plan de cession, "pas une surprise depuis l'officialisation de l'accord pour Leader Price avec Aldi" que "l'absence de réitération des objectifs en France". C'est-à-dire, "sur le rythme de croissance de l'Ebit en France et sur la génération de flux de trésorerie". Pour le spécialiste, la question est maintenant "de savoir s’il s’agit d’un excès de prudence de la part du management étant donné le manque de visibilité sur la durée de la crise, ou si les habitudes des consommateurs pendant le confinement ne créent finalement pas des pressions sur la marge de Casino (c’est-à-dire le recours accru aux canaux de distribution e-commerce qui sont dilutifs sur la marge, la chute des ventes non-alimentaires en hypermarchés ou encore une moindre contribution du textile chez Monoprix)".
Recevez toutes les infos sur CASINO GUICHARD en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email