(BFM Bourse) - L'inventeur du premier cœur artificiel annonce un accord de principe avec la Banque européenne d'investissement sur les modalités de remboursement d'un prêt contracté en 2018. Mais la situation de trésorerie de Carmat reste préoccupante..
Le temps presse toujours pour Carmat qui fait face à d'importants besoins en trésorerie. Mi-octobre, le groupe avait bouclé une augmentation de capital de 7 millions d'euros auprès de plusieurs actionnaires historiques. Mais cet appel au marché n'assurait son horizon financier que jusqu'au début de l'année 2024.
L'inventeur du premier cœur artificiel tente donc de trouver des solutions pour ne pas se retouver asphyxié. Ce vendredi, Carmat a annoncé un accord de principe avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur les modalités de remboursement d'un prêt de 30 millions d'euros contracté en décembre 2018.
L’accord de principe porte sur l’ensemble des trois tranches du prêt d'un montant unitaire 10 millions d'euros et permettrait à Carmat, s’il est mis en œuvre, de reporter l'échéance de la première tranche à fin juillet 2026, alors qu'elle était initialement prévue au 31 janvier 2024. Dans ce cadre toujours, le remboursement de la deuxième tranche serait décalée du 4 mai 2025 au 4 août 2027 et l'échéance de la troisième du 29 octobre 2026 au 29 octobre 2028.
La signature d’un accord définitif pourrait intervenir d’ici fin du premier trimestre 2024. "Cet accord va nous permettre d’éviter tout remboursement au titre de cet emprunt, au moins jusqu’au 31 juillet 2026, et ainsi de mettre nos ressources financières prioritairement au service de notre croissance", explique Stéphane Piat, le directeur général de Carmat.
Des dillutions à venir pour les actionnaires
Pour l'instant, il ne s'agit que d'un accord de principe non engageant. Il reste en effet conditionné à l’approbation définitive de la Banque européenne d'investissement ainsi qu’à la conclusion d’un accord de rééchelonnement des prêts garantis par l’Etat (PGE) contractés par Carmat envers BNP Paribas et Bpifrance, d’un montant total en principal de 10 millions d’euros.
Pour réduire la dette, Carmat envisage d'avoir recours à une opération "d’equitization". Ce mécanisme consiste à transformer au moins la première tranche de l'emprunt en actions Carmat et donc d'éviter un remboursement en numéraire. La société détaille la mécanique de cette opération. La dette sera transférée dans une fiducie-gestion, constituée spécialement pour les besoin de l'opération. Cette structure recevra des bons de souscription d’actions (soit des BSA) gratuits. Ces BSA seront ensuite exercés par compensation de créances sur le marché par la fiducie.
Le produit net de leur cession serait reversé ensuite par la fiducie à la BEI jusqu’au complet remboursement des sommes qui lui sont dues au titre de la première tranche de l’emprunt. Cette opération pourrait également concerner les deux autres tranches de l'emprunt sauf si la BEI décide d'y renoncer.
Mais pour l'actionnaire, cette opération ne sera pas sans conséquences. Carmat tient à avertir les actionnaires existants de la potentielle dilution induite par cette opération. "Les actionnaires pourraient ainsi subir une perte de leur capital investi en raison d’une diminution significative de la valeur des actions de la société, ainsi qu’une forte dilution en raison du grand nombre d’actions émises au profit de la fiducie", précise la société.
La dilution engendrée par l’equitization est ainsi évaluée par Carmat - à titre illustratif et fonction de différentes hypothèses - à -11% pour la première tranche et jusqu’à -29% si les trois tranches sont concernées par ce mécanisme.
"En dépit de la dilution potentielle, l’opération est positive pour le groupe, car elle lui permettrait de repousser une échéance et de se focaliser sur le financement de sa croissance", estime Invest Securities dans sa note, ce vendredi matin.
"Cela ne résout pas non plus la question de la trésorerie qui reste une préoccupation à très court terme puisque la société dispose de liquidités pour financer ses opérations que jusqu'à fin janvier 2024", avertit toutefois Degroof Petercam.
En effet: si cette opération donnera un peu d'oxygène à court terme à Carmat, il n'en demeure pas moins que la situation financière de la société reste précaire. Carmat rappelle estimer ses besoins de financement à environ 50 millions d’euros jusqu’à fin 2024. Elle dit "donc à travailler très activement sur d’autres initiatives pour, à très court-terme, renforcer ses fonds propres et alléger ses contraintes de trésorerie, et ainsi être en mesure de poursuivre ses activités au-delà de fin janvier 2024".
A la Bourse de Paris, la perspective d'une dillution plombe le titre Carmat qui perd près de 11% vers 13h00.
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