(BFM Bourse) - L’entreprise française, qui n'avait qu'un mois de trésorerie dans les caisses à fin septembre, a annoncé ce lundi avoir réalisé une levée de fonds d'un montant de 7 millions d'euros pour financer le développement de son cœur artificiel. Avec une visibilité financière prolongée jusqu'au début de l'année 2024, Carmat peut souffler un peu...
Carmat, qui devait se retrouver à court de liquidités en novembre, bénéficie d'un petit sursis. L'inventeur du premier cœur artificiel annonce ce lundi matin avoir réalisé une augmentation de capital d'un montant de 7 millions d'euros avec l'appui de plusieurs actionnaires financiers historiques.
L'opération annoncée ce lundi 16 octobre offre ainsi une nouvelle visibilité financière à Carmat, jusqu'au "début de l'année 2024". A la Bourse de Paris, cette opération qui permet à Carmat de terminer l'année 2023 est saluée, avec un titre qui bondit de 14,7% à 4,13 euros vers 10h30.
Dans le détail, cette levée de fonds prend la forme d'une augmentation de capital de 7 millions d'euros par une émission de 1,94 million d'actions nouvelles à un prix de 3,60 euros, soit sans décote par rapport au cours de clôture du vendredi 13 octobre.
Une implantation par semaine
Trois des actionnaires historiques (à savoir Lohas, Santé Holdings et Therabel Invest) ont participé à l’augmentation de capital pour un montant de 3,75 millions d'euros, 2,5 millions d'euros, et 500 000 euros, respectivement. A noter qu'Airbus, actionnaire historique et emblématique de Carmat, n'a pas participé à cette levée de fonds.
La medtech prévoit d’utiliser le produit de la levée de fonds "pour soutenir ses activités dans les mois qui viennent, et plus particulièrement le développement de ses ventes et la poursuite de ses essais cliniques". La société indique que la dynamique commerciale annoncée lors de la publication des résultats du premier semestre s'est confirmée avec un rythme d'une implantation par semaine au cours des trois dernières semaines.
La société confirme également viser des revenus compris entre 4 millions d'euros et 6 millions d'euros au second semestre 2023, avant une nette progression des ventes en 2024. Carmat compte toujours atteindre en fin d'année une capacité nominale de production de 500 cœurs par an, notamment avec l'extension de son site de production de Bois-d'Arcy, situé en région parisienne.
Passe d'armes entre BPI et Carmat
En parallèle, Carmat entend "appliquer une rigoureuse discipline financière, et travaille très activement sur d’autres solutions de financement et mesures, pour améliorer sa structure financière et alléger ses contraintes de trésorerie". La société prévient toutefois qu'il lui "faudra sécuriser environ 50 millions d'euros de financements supplémentaires pour assurer son exploitation et ses investissements jusqu'à fin octobre 2024".
Cet apport d'argent frais annoncé ce lundi était plus que crucial pour la survie de Carmat. La société avait prévenu en septembre dernier qu'elle ne disposait que d'un mois de trésorerie pour poursuivre ses activités. Autrement dit, plus rien compte tenu du rythme auquel la société brûlait son cash malgré les quelque 72 millions d'euros levés en deux temps en 2022...
"Il est bon d'avoir des nouvelles du côté du financement puisque la société disposait d'une marge de manœuvre en matière de trésorerie jusqu'à la fin de ce mois", explique Degroof Petercam dans sa note consacrée à la medtech française. Pour autant, cette opération fait office de pansement sur une jambe de bois pour le bureau d'études: "Cependant, la visibilité financière n'est prolongée que de deux mois puisque Carmat brûle environ 5 millions d'euros par mois. Par conséquent, nous estimons que le financement reste une préoccupation à court terme".
La start-up française avait tiré à cette occasion la sonnette d'alarme sur BFM Business, pointant notamment la responsabilité des investisseurs qui ne les soutiendraient pas assez dans leur développement.
"La santé, c'est la chronique d'une mort annoncée", avait alors déploré Stéphane Piat, le directeur général de Carmat à l'antenne de BFM Business. "La santé c'est pas assez rapide, les retours ne sont pas garantis, c'est clair que les investisseurs boudent la santé. Si c'est stratégique pour une nation, il faut aider", avait-il poursuivi.
Ce cri du cœur avait donné lieu à une passe d'armes entre le patron de Carmat et le directeur général de BPIfrance, la banque publique d'investissement. Nicolas Dufourcq avait tenu à répondre à Carmat qui déplorait le manque de soutien des pouvoirs publics, dans le cadre du BIG (BPI France Inno Generation).
"Carmat a bénéficié de beaucoup de financement public, ensuite BPI a investi dans Carmat il y a 7 ou 8 ans et nous avons vendu, rappelle Nicolas Dufourcq. On n'a jamais été complètement d'accord avec le management de Carmat et sur les perspectives", avait rétrorqué Nicolas Dufourcq de BPIfrance au micro de BFM Business.
"On est un investisseur professionnel, on a le droit de ne pas investir dans Carmat, estime Nicolas Dufourcq. On ne peut pas investir dans tout, on ne va pas nationaliser l'économie française", avait-il poursuivi.
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