(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques a vu ses revenus reculer de 2,1% en données comparables au troisième trimestre, plus qu'attendu pour les analystes. La société a révisé à la fois ses perspectives de croissance et de marge opérationnelle pour l'année en cours.
Alors que la conjoncture s'est globalement dégradée au troisième trimestre, le marché s'attendait à ce que Capgemini souffre. Mais peut-être pas autant.
L'entreprise de services numériques, dont l'activité reste dépendante de la macroéconomie, a dégagé des revenus de 5,377 milliards d'euros sur la période allant de juillet à fin septembre, extériorisant un repli de 1,6% hors effets de changes et de 2,1% sur une base organique (hors impact des devises et des effets de périmètre). Or, selon un consensus cité par Stifel, les analystes attendaient des revenus de 5,4 milliards d'euros et une baisse organique du chiffre d'affaires limitée à 1,5%.
"Notre croissance s’est légèrement améliorée au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre en dépit d’un contexte plus défavorable qu’anticipé dans certains secteurs, principalement celui de l’Industrie. Cependant, la reprise se confirme dans les services financiers et la tendance se redresse progressivement dans les secteurs télécommunications et technologie", a déclaré le directeur général, Aiman Ezzat, cité dans un communiqué.
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"Lourde" détérioration du secteur manufacturier
Dans le détail, le secteur manufacturier, le plus important pour Capgemini, a effectivement souffert, avec un repli des revenus de 3,4% à changes constants au troisième trimestre, en dégradation par rapport au deuxième trimestre (-1,1%).
Par région, l'Amérique du Nord a vu ses revenus baisser de 3,9% hors changes, contre 3,7% au deuxième trimestre, et ce malgré une base de comparaison plus favorable, note Stifel. "Pour l’essentiel, la baisse de l’activité provient des secteurs des biens de consommation et commerce, de l’énergie et des 'utilities' (services aux collectivité, NDLR) et du secteur public", a expliqué la société.
En France, la dynamique ne s'est pas vraiment améliorée (-2,5% après -2,7% au deuxième trimestre). Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, Aiman Ezzat a invoqué "l'environnement politique'" actuel qui a pesé sur l'activité.
Le dirigeant a également indiqué qu'en raison de la "lourde" détérioration du secteur manufacturier, Capgemini s'attendait désormais à ce que le quatrième trimestre se situe dans la même veine que le troisième en termes de variation du chiffre d'affaires, hors changes.
Objectifs 2024 abaissés
En conséquence, la société a encore abaissé sa prévision d'évolution du chiffre d'affaires pour 2024, après l'avoir déjà réduite en juillet dernier. Capgemini anticipe un recul de ses revenus de 2% à 2,4% hors effets de changes, contre une baisse de 0,5% à 1,5% précédemment.
En données organiques, cela correspond à une baisse située entre 2,8% et 2,4%. Capgemini a aussi abaissé sa prévision de marge opérationnelle pour 2024, passant à une fourchette de 13,3% à 13,4% contre 13,3% à 13,6% précédemment. Le groupe a en revanche maintenu sa cible de flux de trésorerie d'environ 1,9 milliard d'euros.
Aiman Ezzat a confirmé que la société comptait renouer avec la croissance en 2025, notamment parce que, selon lui, "les mauvaises nouvelles se sont stabilisées". Le dirigeant a expliqué que certains clients du secteur manufacturier avaient pris des actions "de court terme" pour préserver la fin d'année. Mais ces mêmes clients "devront ensuite revenir à l'investissement", a-t-il ajouté.
Toutefois, le dirigeant a reconnu que Capgemini ne parviendrait probablement pas à tenir l'an prochain l'objectif de marge opérationnelle annoncé lors d'une journée investisseurs de 2021, à savoir 14%, "Nous comptons toutefois améliorer la marge l'année prochaine par rapport à 2024", a-t-il ajouté.
À la Bourse de Paris, l'ensemble des annonces de Capgemini sont sanctionnées. L'action plonge de 8% vers 11h20, accusant la plus forte baisse du CAC 40.
"C'est une publication décevante de la part de Capgemini. Certes, c'était dans l'air, compte tenu du newsflow (les annonces, NDLR ) négatif dans les secteurs automobile et aéronautique et après les publications décevantes de plusieurs pairs (IBM, Alten, TietoEVRY), mais l'ampleur est plus importante que ce que nous craignions, avec une performance étonnamment faible aux Etats-Unis", écrit Oddo BHF dans une note publiée avant l'ouverture du marché.
"De plus, l'absence d'amélioration de la croissance attendue au quatrième trimestre signifie que le groupe abordera 2025 avec une croissance intégrée négative, ce qui poussera le consensus à s'ajuster à la baisse pour l'année prochaine (au mieux à 0%/1% de croissance à taux de changes constant contre environ 3% actuellement)", ajoute le courtier.
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