(BFM Bourse) - Cet article, en accès libre, est produit par l'équipe de recherche en analyse et stratégie boursière de BFM Bourse. Pour ne manquer aucune opportunité, consultez l'intégralité des analyses et découvrez nos portefeuilles en accédant à notre espace Privilèges.
L'indice CAC 40 a, dans des volumes relativement timides, accroché les 8 000 points en séance mercredi (+0,87%), à la veille d'une réunion historique du Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne. Historique car la BCE pourrait devancer la Fed dans son amorce de baisse des taux.
Mais "les marchés restent préoccupés par le fait que la dernière étape de la lutte contre l'inflation oblige les banques centrales à n'assouplir leurs taux qu'à contrecœur", pour Martin WOLBURG, chef économiste de GENERALI ASSET MANAGEMENT.
"L'inflation (flash) de mai a rebondi à 2,6 % en glissement annuel, contre 2,4 % en glissement annuel. Ceci est lié à des facteurs spéciaux tels que les effets de base des prix de l'énergie, mais aussi, et surtout, au rebond de l'inflation des services. Les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE, tels que Schnabel et de Guindos, ont mis en garde contre l'évolution de la croissance des salaires, qui représente un risque pour l'inflation."
Si une baisse des taux directeurs de 25 points de base est quasiment acquise, les investisseurs prendront connaissance avec la plus grande attention des nouvelles projections économiques de l'Institution monétaire basée à Francfort.
Pour les stratégistes de Pictet WM, "les marchés se concentreront sur les projections économiques. Les changements dans les hypothèses techniques depuis mars plaident en faveur de changements marginaux, mais ils devraient être plutôt bellicistes (hawkish). Les projections de croissance du PIB et d'inflation pour 2024 devraient être révisées légèrement à la hausse, reflétant les évolutions récentes. Ces changements marginaux, ajoutés à la forte croissance des salaires au premier trimestre publiée la semaine dernière et à la forte inflation des services en mai, viendront étayer la thèse belliciste (hawkish) selon laquelle une réduction des taux en juillet n'est pas justifiée. Cela serait conforme à notre scénario d'une pause en juillet après la baisse initiale de juin."
Même si le marché reste dans l'expectative avant la BCE, le vert a été la couleur dominante, dans le sillage de chiffres plutôt rassurants sur l'emploi américain, ou tout du moins sur l'état de ses tensions.
L'enquête du cabinet privé ADP (Automatic Data Processing) a mis hier en évidence des créations de postes dans le secteur privé (152 000) nettement inférieures aux attentes, et en baisse sensible d'avril sur mai. De quoi apporter un peu de soulagement avant la publication ce jeudi des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage et vendredi du rapport fédéral NFP (Non Farm Payrolls). Car cette semaine est définitivement placée sous le signe de l'emploi, énorme enjeu statistique. Tout signe d'apaisement des tensions sur le front de l'emploi milite pour moins de pression sur les salaires, et donc les prix... Déjà mardi, les nouvelles offres d'emploi (JOLTS) ressortaient sous les attentes, permettant à Wall Street de clôturer, certes de peu, dans le vert.
"Les données américaines JOLT [de mardi], inférieures aux attentes, ont mis en évidence un rétrécissement du marché du travail dans la plus grande économie mondiale, ce qui a suscité l'espoir d'une approche plus accommodante de la part de la Fed (Réserve fédérale américaine, NDLR) et a apporté un soutien aux marchés boursiers", relèvait Pierre Veyret, analyste technique chez Activtrades.
Dans la foulée de ces chiffres, les Treasuries 10 ans, rendement des obligations souveraines américaines à 10 ans, se détendait très nettement vers les 4,33%, contre un sursaut à 4,638 le 29/05.
Selon l'outil Fed Watch, les opérateurs évaluent désormais à 67,3% une première baisse des taux de la Réserve fédérale américaine en septembre, contre moins de 50% la semaine passée. L'outil permet d'analyser les probabilités d’évolution des taux fédéraux et de la politique monétaire américaine en fonction du prix des contrats à terme sur fonds fédéraux à 30 jours.
Côté valeurs, OVHcloud a repris 7,05%, bénéficiant probablement de rachats à bon compte alors que le titre affiche encore un plongeon de 25% sur un mois. Atos (-6,7%), de son côté, est resté mal orienté, une méga-dilution attendant ses actionnaires, et ce peu importe les futurs repreneurs de l'entreprise de services numériques en grande difficulté financière. Le rayon technologique de la cote reprenait quelques couleurs, à l'image d'emblématiques représentants: Cap Gemini (+1,59%), Alten (+2,15%), Wordline (+2,43%), et Soitec (+3,30%).
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé dans le vert, dans ce contexte de détente obligataire. Si le Dow Jones, riche en bancaires, a limité sa hausse à 0,25%, le Nasdaq Composite a flambé de près de 2%, inscrivant un nouveau record historique à 17 187 points. Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 1,18% à 5 354 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0880$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 74,30$.
A l'agenda ce jeudi, à suivre en priorité les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage aux Etats-Unis à 14h30, et la décision de la BCE, un quart d'heure plus tôt. La conférence de presse est attendue pour 14h45.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Fait technique majeur mercredi 29 mai: la rupture de la borne basse d'un canal haussier, dans des conditions de volatilité et de volumes significatives. Le mouvement de reflux prend du sens, et la prochain étape baissière est matérialisée par le gap du 22 février, amené à être comblé, et dont la borne basse vaut 7 821 points. A noter que la bougie, en marubozu mercredi 29/05, a illustré la mobilisation continue du camp vendeur tout au long de la séance. La clôture sur les points bas de cette séance invite à la plus grande prudence à court terme. Cette bougie a succédé à une combinaison en englobante baissière.
Une figure en épaule, tête, et épaule, commence à apparaitre. Sa ligne d'encolure peut s'assimiler au gap précité.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 8220.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 7820.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
Graphique en données horaires

Graphique en données quotidiennes
