(BFM Bourse) - Entre deux réunions de Banques Centrales (jeudi dernier pour la BCE et demain pour la Fed), et après la publication vendredi de signaux très encourageants sur le front de l'emploi américain, le marché parisien est parvenu à résister à des tentations de prises de bénéfices, en ne consolidant que de 0,43% pour son indice phare, le CAC 40, à 5 175 points. Le plan d'aide au secteur aéronautique a offert un bol d'air aux équipementiers hexagonaux.
Jeudi, à l'issue de son Conseil des Gouverneurs, la Banque Centrale Européenne (BCE) n'a - comme c'était ultra majoritairement anticipé - pas touché aux taux directeurs proprement dits, mais a réussi à surprendre les opérateurs, en annonçant qu'elle allait porter l'enveloppe consacrée au programme d'achats d'urgence face à la pandémie (pandemic emergency purchase programme, PEPP) à 1.350 milliards d'euros.
Désormais, les opérateurs, privés de repères statistiques majeurs en ce début de semaine, se tournent déjà vers l'issue mercredi d'une nouvelle réunion de politique monétaire de la Fed. L'occasion de voir confirmé le soutien sans faille de la puissante institution monétaire dirigée par J. Powell.
Franck Dixmier, Global CIO Fixed Income d'AllianzGI, s'avance: "Nous n'attendons pas d'annonces de mesures additionnelles de la part de la Fed au cours d'une réunion qui devrait être essentiellement un exercice de communication. Il sera particulièrement intéressant d'écouter les prévisions économiques des membres du Comité monétaire, ainsi que ses anticipations d'inflation et des taux d'intérêt Fed Funds (dots) jusqu'en 2022. Jerome Powell devrait également se livrer à un exercice d'équilibriste, soulignant l'ampleur de l'action de la Fed, tout en réitérant qu'elle conserve des marges de manœuvre dans un environnement encore incertain, notamment au niveau sanitaire. La confirmation par la Fed de sa volonté d'accompagner à tout prix la reprise de l'économie va conforter les investisseurs dans leur appétit pour le risque, notamment sur le crédit High Yield".
Au chapitre statistique hier, peu de repères tranchants à signaler. La production industrielle allemande pour le mois d'avril (-17,9% en rythme mensuel) est ressortie sous les attentes. Pour rappel, en fin de semaine dernière En point d'orgue statistique de la semaine, le rapport NFP (Non Farm Payroll) sur l'emploi américain a été publié. Et force est de constater que les données fédérales mensuelles (mai) sont moins catastrophiques qu'anticipé. Alors certes, la période de confinement, qui a provoqué une mise sous cloche de l'économie, s'est traduite par un bond historique du taux de chômage, à 13.7%, mais c'est à comparer avec un consensus médian bien plus pessimiste, à 19.4%. La dynamique des salaires moyens horaires, peu affectée en début de confinement, adopte une pente négative marquée, à -1.0% en rythme mensuel. Enfin, comble de la surprise, l'économie américaine aurait arrêté son processus de destruction de postes dans le secteur privé (hors agriculture) et aurait créé 2 509 000 postes ! C'est cette inversion de vapeur bien plus rapide qu'anticipé qui a nourri l'appétit pour le risque en fin de semaine dernière.
Côté valeurs, on retrouvait naturellement aux avants postes les acteurs de la filière aéronautique: Airbus (+1,15% à 81,91 euros), Dassault Aviation (+3,61% à 975 euros), Safran (+0,05% à 102 euros), Figeac Aero (+27,52% à 5,70 euros), Latecoere (+13,41% à 2,79 euros) ou Lisi (+11,22% à 22,80 euros). Rendez-vous ici pour tout savoir sur les détails du plan de soutien au secteur aéronautique.
Appétit pour le risque marqué outre Atlantique, avec une poursuite du rally, pour le Dow Jones (+1,70% à 27 572 points) ou le Nasdaq Composite (+1,13% à 9 924 points, nouveaux records absolus). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 1,20% à 3 232 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.1370$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 37,50$.
À l'agenda statistique ce mardi, à suivre en priorité les chiffres de la balance commerciale en France à 08h45, les données révisées du PIB en Zone Euro à 11h00, et pour les Etats-Unis: l'indice NFIB des petites entreprises à 12h00, les données finales des stocks des grossistes ainsi que les nouvelles offres d'emploi (JOLTS) à 16h00.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La sortie de range au-dessus des 4 700 points est pleinement validée, par:
- les volumes croissants;
- la formation de deux bougies remarquables en "long blanc", ou marubozu* selon la terminologie japonaise consacrée, en l'espace de trois séances;
- un gap haussier commun dès le 3 juin;
- l'absence d'essoufflement du mouvement après le pullback du 29 mai;
- le dépassement franc et sans hésitation de la barre symbolique des 5 000 points;
- la reconquête du gap très ample du 09 mars, date du début de la formation d'un combinaison de chancelier en trois corbeaux.; reconquête immédiatement suivi d'une offensive acheteuse, et donc d'une volonté de conquête du gap suivant (06 mars).
* revenons un instant sur la structure de cette bougie remarquable. Celle tracée vendredi en est un cas d'école. Cette bougie, au corps très allongé, sans aucune mèche (ombre) ni haute, ni basse, est l'expression graphique d'une mobilisation continue et fédérée du camp acheteur sur l'unité de temps (la séance en l'occurence). Conjuguée au volumes de transactions et à une analyse de la participation sectorielle, cette bougie révèle une psychologie de marché très offensive.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 5284.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 5081.00 points relancerait la pression vendeuse.

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